jeudi 27 février 2020

ISÈRE | Ce mardi devant le site de l’entreprise Soitec à Bernin


« Si on ne maîtrise pas les composants, on fragilise la sécurité des données »
L’action initiée mardi par le Parti communiste de l’Isère devant le site de Soitec à Bernin avait pour but de défendre la maîtrise publique d’un secteur stratégique.


Des membres de la CGT (ici au centre Fabrice Lallement) et du PCF (Jérémie Giono et Alain Pianetta, secrétaires départemental et local) ont manifesté devant le site de Soitec à Bernin.  Photo Le DL /C.F.
Une action a été initiée mardi par le Parti communiste de l’Isère devant le site de l’entreprise Soitec à Bernin. Elle avait pour objectif d’interpeller l’opinion publique sur l’urgence « d’une maîtrise publique et stratégique du secteur de la microélectronique ». En guise d’opinion publique, il y eut quelques automobilistes, personnels de Soitec mais aussi de STMicroelectronics juste à côté, informés par tract des enjeux d’une filière dans laquelle le gouvernement « injecte des millions d’euros sans aucun contrôle stratégique ». Bon. Le sujet dépasse, de loin, le cadre des collectivités locales. Il ne figure pas davantage en tête de gondole des municipales. Et la réforme des retraites monopolise les débats dans l’hexagone. Alors ? « La Métropole, la communauté de communes du Grésivaudan, attribuent beaucoup d’aides dans la filière en recherche et développement, et il y a des élus qui siègent et se battent là-dessus, explique Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF Isère. Pour nous, c’est un levier. »
Le message, lui, était relayé par Fabrice Lallement, délégué syndical CGT et secrétaire du CSE à Soitec : « On ne se contente pas de défendre les intérêts des salariés mais de poser la question de la filière, des moyens alloués et des applications. L’économie doit être au service des populations et non pas générer des produits à tout va. Nous, nous nous situons au niveau de la fabrication des composants (à Soitec, les plaquettes, à ST les puces). Entre ce que l’entreprise touche (via le crédit impôt recherche et les subventions) et le poids de l’État dans le conseil d’administration, il faut que l’État puisse intervenir pour créer les coopérations entre les acteurs du numérique en France et même en Europe. »
Que craint-il à moyen et long termes ? La délocalisation, mais pas seulement. « Au niveau mondial, la recherche européenne pèse 20 % ; au niveau de la production, c’est moins de 5 %. Il y a donc un déséquilibre entre la R & D et la production. À terme, nous allons moins produire, et certainement pas les dernières générations de composants. S’il n’y a pas un lien direct entre les chercheurs et la production, symbolisé par un centre de recherche, celle-ci se fera ailleurs. »
Et le syndicaliste met en garde : « On aura beau avoir les meilleurs logiciels du monde, si on ne maîtrise pas le composant, si demain on le fait en Asie ou aux États-Unis, on fragilise la sécurité des données, celles de l’armée, de la défense, mais aussi de tous les citoyens car nous sommes tous connectés. Il y a donc un vrai enjeu. »

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