« Si on ne maîtrise pas les composants, on
fragilise la sécurité des données »
L’action initiée mardi par le Parti
communiste de l’Isère devant le site de Soitec à Bernin avait pour but de
défendre la maîtrise publique d’un secteur stratégique.
Des membres de la CGT (ici au centre Fabrice Lallement) et du PCF (Jérémie
Giono et Alain Pianetta, secrétaires départemental et local) ont manifesté
devant le site de Soitec à Bernin. Photo Le DL /C.F.
Une action a été initiée mardi par le
Parti communiste de l’Isère devant le site de l’entreprise Soitec à Bernin.
Elle avait pour objectif d’interpeller l’opinion publique sur l’urgence
« d’une maîtrise publique et stratégique du secteur de la
microélectronique ». En guise d’opinion publique, il y eut quelques
automobilistes, personnels de Soitec mais aussi de STMicroelectronics juste à
côté, informés par tract des enjeux d’une filière dans laquelle le gouvernement
« injecte des millions d’euros sans aucun contrôle stratégique ».
Bon. Le sujet dépasse, de loin, le cadre des collectivités locales. Il ne figure
pas davantage en tête de gondole des municipales. Et la réforme des retraites
monopolise les débats dans l’hexagone. Alors ? « La Métropole, la
communauté de communes du Grésivaudan, attribuent beaucoup d’aides dans la
filière en recherche et développement, et il y a des élus qui siègent et se
battent là-dessus, explique Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF
Isère. Pour nous, c’est un levier. »
Le message, lui, était relayé par
Fabrice Lallement, délégué syndical CGT et secrétaire du CSE à Soitec :
« On ne se contente pas de défendre les intérêts des salariés mais de
poser la question de la filière, des moyens alloués et des applications.
L’économie doit être au service des populations et non pas générer des produits
à tout va. Nous, nous nous situons au niveau de la fabrication des composants
(à Soitec, les plaquettes, à ST les puces). Entre ce que l’entreprise touche
(via le crédit impôt recherche et les subventions) et le poids de l’État dans
le conseil d’administration, il faut que l’État puisse intervenir pour créer
les coopérations entre les acteurs du numérique en France et même en
Europe. »
Que craint-il à moyen et long
termes ? La délocalisation, mais pas seulement. « Au niveau mondial,
la recherche européenne pèse 20 % ; au niveau de la production, c’est
moins de 5 %. Il y a donc un déséquilibre entre la R & D et la
production. À terme, nous allons moins produire, et certainement pas les
dernières générations de composants. S’il n’y a pas un lien direct entre les
chercheurs et la production, symbolisé par un centre de recherche, celle-ci se
fera ailleurs. »
Et le syndicaliste met en garde :
« On aura beau avoir les meilleurs logiciels du monde, si on ne maîtrise
pas le composant, si demain on le fait en Asie ou aux États-Unis, on fragilise
la sécurité des données, celles de l’armée, de la défense, mais aussi de tous
les citoyens car nous sommes tous connectés. Il y a donc un vrai enjeu. »
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