jeudi 27 février 2020

« On est là, même si Carrefour ne le veut pas, nous, on est là ! », scandent les manifestants à l’intérieur du magasin Carrefour Market à Froges. En outre, plus de 70 manifestants étaient mobilisés devant l’enseigne, ce lundi matin. Et c’est la convocation d’un délégué syndical CGT par la direction, en vue d’une sanction disciplinaire, qui a mis le feu aux poudres. « J’ai l’impression qu’ils cherchent à me pousser à bout », considère le principal intéressé Jonathan Gonthier. Ce boucher chez Carrefour Market indique d’ailleurs vouloir déposer plainte pour harcèlement.
Ce rassemblement s’inscrit toutefois dans une série de revendications plus larges. Le syndicat pointe du doigt Alexandre Bompard - le PDG du groupe depuis 2017 - à l’initiative de plusieurs plans de restructuration. Depuis, « les conditions de travail se dégradent de jour en jour », estime Patrice Brun, délégué syndical CGT de l’hypermarché Carrefour Meylan.
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Une « constante baisse d’effectif »

Le syndicat met notamment l’accent sur la « constante » baisse d’effectif des magasins. « Sur le plan national, la direction organise des plans de départs volontaires », souligne Patrice Brun. « À Carrefour Meylan, le nombre d’employés a presque diminué de moitié en une vingtaine d’années, passant de plus de 800 à 489 ». Même son de cloche chez le Carrefour Market de Froges : « Quand j’ai commencé en 2014, nous étions environ 70 salariés, aujourd’hui nous ne sommes plus que 43 », atteste Jonathan Gonthier. Conséquences ? « La charge de travail est multipliée par trois », poursuit Patrice Brun. Selon les syndicalistes, ces plans de départ permettraient de « recruter de nouveaux salariés en CDD », moins coûteux pour l’entreprise. « Grâce à un audit, nous savons très bien que le chiffre d’affaires est en pleine croissance mais il sert l’actionnariat, au détriment de la création d’emploi », souligne le syndicaliste. 

Précarisation de l’emploi

La CGT estime de ce fait que les métiers de la grande distribution sont en proie à une forte précarisation. « Et ça s’accélère ces dernières années », commente Patrice Brun. Temps partiels, salaires rémunérés au Smic, multiplication des contrats à durée déterminée : « On sent qu’on n’a plus d’avenir dans la grande distribution », lâche Jonathan Gonthier. Et la revalorisation salariale ne semble pas à la hauteur des espérances. « En 2014, je gagnais 1 750 euros brut par mois. En 2020, je touche 1 820 euros brut, soit 70 euros supplémentaires en six ans », confie Jonathan Gonthier. Quant aux primes, « c’est la dégringolade ! Elles ne permettent plus de compenser les salaires très bas », estime-t-il.

Des « pressions » au travail

Pour la CGT, l’ensemble du service serait dégradé. « À cause du manque de personnel, les clients attendent longtemps en caisse, les employés n’ont même plus le temps de discuter avec eux. Je ne suis pas étonné que la clientèle se tourne vers le commerce de proximité », explique M. Gonthier. L’automatisation de certaines tâches inquiète aussi les travailleurs : « Les caisses automatiques sont en train de nous remplacer ». Enfin, plusieurs salariés évoquent une « importante pression » - voire des « violences morales » au travail. « Dans certains magasins, des employés sont chronométrés », se désole M. Brun. « Tous ces éléments contribuent à donner une mauvaise image de la grande distribution », ajoute-t-il. Contactée par Le Dauphiné Libéré , la direction de Carrefour ne s’est pas encore exprimée sur ce sujet.

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