Par Sophie Chapelle
Avec près de 600 listes validées dans 87 départements, le FN
espère jouer un rôle d’arbitre dans de nombreuses villes. Et surfe sur le «
virage social » du parti. Basta ! s’est donc penché sur les récents votes des
élus frontistes dans les conseils régionaux du Nord-Pas-de-Calais, de
Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Accords commerciaux, gaz de
schiste, agriculture, transports... Autant de sujets sur lesquels les positions
des élus FN contredisent les promesses de Marine Le Pen. Y compris lorsqu’il
s’agit de soutenir des ouvriers en lutte contre la fermeture de leurs
entreprises.
Passer d’un vote « contestataire » à un vote « populaire »
est l’un des objectifs affichés du Front National pour les élections
municipales. Mais dans les conseils régionaux – où le FN totalise 118 élus dans
12 régions [1] – il apparaît toujours comme un parti protestataire. Et
incohérent. C’est ainsi que le 25 février, Marine Le Pen affirme déclarer « la
guerre » au futur accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis
(voir notre analyse). Or, quatre jours plus tôt, le groupe FN au conseil
régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) a agi en totale contradiction
avec cette déclaration. Les élus frontistes ont en effet voté contre une motion
demandant « l’arrêt des négociations sur le partenariat transatlantique de commerce
et d’investissement ».
« Le Front National a toujours exprimé et voté son
opposition formelle au traité transatlantique », assure Frédéric Boccaletti,
conseiller régional de Paca, en réaction aux railleries provoquées par ce vote.
« Ainsi que nous l’avons indiqué en séance plénière, nous souscrivons à une
partie du texte de cette motion, mais pas à son intégralité », précise t-il.
Juste avant de voter contre cette motion proposée par le groupe Front de
Gauche, le conseiller frontiste Hubert de Mesmay a simplement déclaré : « Nous
ne sommes pas d’accord avec certaines des dispositions de ce vœu, notamment sur
les gaz de schiste ». Que dit la motion à ce sujet ? Une seule phrase, sur les
deux pages de motion, y fait référence, précisant que l’accord transatlantique
pourrait permettre d’imposer l’exploitation des gaz de schiste en France [2].
Questions environnementales : le FN face à ses
contradictions
Le Front National ne s’étalera pas davantage sur ce vote.
Que peut-on en conclure ? Une certaine inconstance... Au FN, la position sur
l’exploitation des gaz de schiste varie d’une année à l’autre. En 2011 par
exemple, le FN soutient les mobilisations des opposants aux gaz de schiste.
Mais un an plus tard, Marine Le Pen se fait épingler pour ses propos
contradictoires sur ce sujet. Lors des présidentielles, elle s’affiche
fermement opposée à l’exploration, avant de considérer six mois plus tard que
la refuser revient à « avoir une vision d’âge de pierre » (sic).
Quid de l’opinion « actuelle » de la patronne du FN ? « On
ne peut pas ne pas explorer, mais nous ne sommes pas en position d’exploiter ».
Limpide... Si le projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les
États-Unis est adopté, la réglementation encadrant la fracturation hydraulique,
seule technique utilisée à ce jour pour extraire le gaz et le pétrole de
schiste, pourra être contournée par les multinationales (voir ici).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire