Ces mots qui disent le drame des prolétaires qui
s’entretuent et la nécessité de chacun de résister, de refuser de tuer au nom
du capital.
Ce 11 novembre 2014, devant le Monument aux morts de
Saint-Martin d’Estreaux, au milieu d’autres témoignages et avant que ne
s’élancent les chants de trois chorales engagées de la région, ont été lues les
dernières lignes de la « brochure de Junius », rédigée près de 100 auparavant,
dans sa cellule, par Rosa Luxemburg. Ses mots ont retrouvé en ce jour plus que
symbolique une vie et une force palpables. Ces mots disent le drame des
prolétaires qui s’entretuent et la nécessité de chacun de résister, de refuser
de tuer au nom du capital. Cette lecture est apparue alors comme un hommage à
la fois à ceux qui ont eu le courage d’édifier ce monument unique et à tous
ceux qui ont combattu à l’époque la guerre, minoritaires dans toutes les
composantes des organisations progressistes et minoritaires parmi les
prolétaires de tous les pays. Et ces mots sont apparus pour ce qu’ils doivent
être et rester, un appel à refuser de tuer pour le seul bien du capitalisme.
(Nous remercions tous ceux qui ont rendu cette lecture possible,
les amis et camarade de Saint-Etienne, qui agissent ainsi de fait dans la
continuité de la quinzaine Rosa Luxemburg et ceux qui nous ont donné la parole
devant le monument.)
Les dernières lignes de la « brochure de Junius »
(Dont le titre exact est « La faillite de la
social-démocratie », texte paru sous pseudonyme, car Rosa Luxemburg était
emprisonnée)
La guerre mondiale se révèle être non seulement un crime
grandiose mais aussi un suicide de la classe ouvrière européenne. Ce sont bien
les soldats du socialisme, les prolétaires d’Angleterre, de France,
d’Allemagne, de Russie, de Belgique, qui se massacrent les uns les autres
depuis des mois sur ordre du capital, qui s’enfoncent les uns les autres dans le cœur le fer
glacial du meurtre, qui basculent ensemble dans la tombe en s’enlaçant les uns
les autres d’une étreinte mortelle.
» L’Allemagne,
l’Allemagne par dessus tout! Vive la démocratie! Vive le tsar et le
panslavisme! Dix mille toiles de tentes garanties standard! Cent mille kilos de
lard, d’ersatz de café, livrables immédiatement! » Les dividendes montent et
les prolétaires tombent. Et avec chacun d’eux, c’est un combattant de l’avenir,
un soldat de la révolution, un de ceux qui libéreront l’humanité du joug du
capitalisme qui descend dans la tombe.
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