Par Patrick Apel-Muller
Un mur est tombé, l’autre se dresse comme un monument
d’injustice et de brutalité. De ses deux côtés, retentissent à nouveau les
clameurs de colère.
Une nouvelle fois, les enfants de Palestine jettent des
pierres face aux casques lourds et aux blindés. Les soubresauts du Moyen-Orient
n’ont pas étouffé l’aspiration d’un peuple écartelé entre l’exil, Gaza et la
Cisjordanie à échapper à l’apartheid de chaque jour, aux spoliations qui lui
arrachent des maisons et des oliviers, à la botte de Netanyahou, qui lui dénie
son indépendance, à la précarité de l’existence. Les affrontements de
l’esplanade des Mosquées, les manifestations sauvagement réprimées par l’armée
israélienne à Hébron, le souvenir d’Arafat brandi comme un étendard confirment
qu’il n’est plus possible d’attendre, que le monde ne peut détourner les yeux,
qu’il est temps – grand temps ! – que la Palestine soit enfin indépendante et
libre, dans des frontières aussi sûres que celles de son voisin d’Israël.
Le gouvernement français porte une lourde responsabilité.
Celle d’avoir encouragé et justifié la guerre contre Gaza par la voix de son
président. Mais il pourrait se réhabiliter en renouant avec le souffle de la
politique historique de la France dans cette région du monde. Il en a la
faculté en reconnaissant officiellement un État palestinien. La Suède l’a fait,
d’autres pays s’y préparent, les parlementaires communistes qui ont déposé une
résolution en ce sens lui en donnent l’occasion. Les élus de toutes les
formations sont mis devant leurs responsabilités : admettront-ils qu’un peuple
soit toujours privé de reconnaissance internationale ? Laisseront-ils le
pouvoir israélien saboter une reprise des négociations en multipliant les
provocations et en suscitant les tensions ? Se tairont-ils quand les boutefeux
veulent transformer un combat pour l’indépendance en guerre de religions ?
Resteront-ils dociles dans les pas des États-Unis ?
Personne ne peut compter sur l’extinction des douleurs
palestiniennes. « Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir »,
écrivait leur poète, Mahmoud Darwich.
http://www.humanite.fr/la-memoire-des-pierres-557342
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