L’État
vient de commencer le démantèlement du camp de migrants de Calais dont
le développement au fil des ans traduisait l’échec de la politique
européenne d’accueil – ici, en l’occurrence, française et britannique –
de ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant la guerre, la
misère ou l’oppression.
Ce camp
n’était pas un modèle du genre, et le PCF n'a cessé, de demander la mise
en place de structures d’hébergements, d’accueil et d'accompagnement,
dignes de la France, 6e puissance économique mondiale. A proximité du
Port de Calais, et du Tunnel sous la Manche, l'installation toujours
plus importante de migrants bloqués à leur passage vers la
Grande-Bretagne dans des conditions indignes, et abandonnés des pouvoirs
publics, pesait sur ce territoire frappé par un des plus forts taux de
chômage de notre pays.
C'est moins le
démantèlement de la « jungle » en soi que ses conditions d'évacuation
qui sont discutables et ne devraient en aucun cas aboutir à « une
opération sécuritaire ». Des migrants qui veulent absolument rejoindre
la Grande-Bretagne ont commencé à se disperser dans le Calaisis, le
Dunkerquois et sur le littoral belge. A la veille de l’hiver, c’est le
retour à la « clandestinité », dans des mini jungles, avec le risque de
voir s’organiser une véritable « traque aux migrants » et un risque de
criminalisation des militants de la solidarité avec les migrants par des
forces de l’ordre dont les effectifs resteront très élevés.
Il était possible, et souhaitable, de faire autrement :
-
Le départ vers les CADA (centres d'accueil pour demandeurs d'asile) et
les CAO (centres d'accueil et d'orientation) aurait pu et dû être étalé
sur quelques semaines ; le démantèlement se faire de façon progressive,
non traumatisante, dans le respect de la dignité des personnes, avec
l’aide des associations qui ont la confiance des migrants ;
-
La négociation avec la Grande-Bretagne pour organiser le rapprochement
familial des mineurs isolés se devait d'être menée à son terme. Les 200
mineurs isolés accueillis par la Grande-Bretagne, sur le millier qui
vivent dans la « jungle », ne fait pas le compte. Faut-il rappeler qu’à
l’occasion de la fermeture du camp de Sangatte, la Grande-Bretagne avait
accepté d’accueillir 1 100 femmes et enfants ? N'avons-nous pas les
moyens de rappeler le gouvernement britannique à son devoir d’humanité
et de respect de ses engagements ? N'est-il pas grand temps de dénoncer
les accords bilatéraux du Touquet pour les remplacer par des accords
respectueux du droit et des conventions internationales ?
-
La réflexion sur le déplacement du Centre Jules Ferry, qui accueille
les femmes et les enfants, devait elle aussi être conduite à terme en y
intégrant la préoccupation d'un devenir assuré pour les personnels de LA
VIE ACTIVE et de BIRO.
Quoiqu'il en
soit nous souhaitons que l'accueil dans les CAO réussisse et permette
une intégration rapide des personnes qui vont y être accueillies.
Le
travail d’accueil devra continuer aussi dans le Calaisis. Cela pose la
question de la localisation d’un centre d’accueil, hors zone économique,
et plus fondamentalement, celle des relations entre la France et la
Grande-Bretagne pour construire les voies légales de passage des
réfugiés et migrants en application de la Convention de Genève de 1951
et celle des politiques migratoires françaises et européenne dont la
refonte est une nécessité en commençant par l'abrogation des directives
européennes de Dublin.
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