Communiqué d’Hubert Wulfranc, Président du groupe des élus
Communistes et Républicains / Front de Gauche au Conseil Départemental
de Seine Maritime, maire de Saint-Etienne-du-Rouvray :
Le groupe La Poste est placé sous les feux des projecteurs
médiatiques depuis plusieurs semaines tant à l’échelle nationale qu’en
Seine Maritime.
Un collectif de cabinets d’expertises agréés indépendant s’est adressé, il y a quelques
jours, au Président du groupe La Poste et au Gouvernement pour leur demander de
réagir au plus vite face à la dégradation des conditions de travail au
sein de l’entreprise qui impactent l’état de santé des agents.
Ces experts pointent du doigt les réorganisations permanentes et les
baisses des effectifs qui ont pour conséquence de confronter les
facteurs à des cadences accélérées, des dépassements d’horaires
importants et une surcharge de travail.
Ainsi, selon le cabinet Cédact « cette dégradation est en cours depuis longtemps.
Les résistances et les capacités en santé des personnes sont
amenuisées depuis un bon moment ». Ces conditions de travail conduisent
selon ces derniers à des situations dramatiques : suicides, détresse
individuelle ou encore conflits entre agents. Ils accusent les
différentes directions de cacher des documents et d’empêcher le bon
déroulement des enquêtes menées par les CHSCT sur les conditions de
travail.
Cette dégradation des conditions de travail impacte également la qualité du service
public rendu à la population. En effet, les facteurs sont amenés à
effectuer des tournées toujours plus importantes avec effectifs moindres
et dans des délais intenables.
Aussi, les retards de distribution des plis deviennent aujourd’hui
monnaie courante. Alors que de nombreux facteurs n’ont déjà plus les
moyens d’effectuer correctement leur mission première, à savoir
distribuer le courrier, la presse quotidienne et les colis, la Poste
veut leur imposer des missions supplémentaires pour générer du chiffre
d’affaire, quitte à brader et à « marchandiser » l’image positive des
postiers auprès de la population.
Alors que les conflits éclatent ici où là, notamment le long conflit
des postiers du Havre –Aéroport, ou encore à Forges-lès-Eaux et à
Gournay, la Poste entend monétiser et facturer des services rendus
jusque là gratuitement par les facteurs, tels que la surveillance des
personnes âgées, au travers de son offre « Veiller sur mes parents » ou
encore, transformer ses facteurs en VRP/installateur de tablette
numérique pour seniors, voir plus farfelus encore, à en faire des
examinateurs du permis de conduire… Une diversification qui pourrait
porter, au mieux, à sourire, si celle-ci ne se faisait pas au détriment
des conditions de travail des personnels et du service public postal.
Obnubilée par la recherche de la rentabilité, en contradiction avec la mission de
service public qui lui a été confiée, la direction du groupe La Poste, relayée par
ses directions régionales, s’est engagée depuis une dizaine d’années dans un
mouvement d’ampleur de fermeture de ses bureaux de poste.
Des missions qui sont soient délaissées, soient externalisées au
profit de commerçants, ou encore assurées au sein d’agences postales
financées par les collectivités locales sur lesquelles on applique un
chantage à la fermeture. C’est ainsi que 90 000 emplois ont été
supprimés dans le groupe lors de la dernière décennie.
Pour imposer ses réorganisations tous azimuts et justifier son
retrait, le groupe argue de difficultés financières liées à la
diminution des trafics courriers. Une baisse de recettes, qui est dans
les faits couverte par les hausses successives des tarifs fixés par
l’ACERP (autorité de régulation des postes), largement supérieurs à
l’inflation, ainsi que par l’accroissement de son activité colis portée
par le développement du commerce en ligne ou encore, par les 300 à 350
millions d’euros versés par l’Etat au titre du CICE.
Ainsi, le groupe La Poste présentait au 30 juin 2016 un résultat
d’exploitation en croissance de 11,2%, hors éléments exceptionnels, loin
des clichés alarmistes développés par la direction de l’entreprise pour
justifier ses restructurations successives.
Aussi, les élus Communistes et Républicains / Front de Gauche de Seine Maritime
réaffirment la nécessité d’un maillage des bureaux de poste assurant un
large panel de services postaux et bancaires répondant aux besoins de la
population et des entreprises et exigent un service performant pour
l’acheminement et la distribution du courrier, des colis et de la presse
quotidienne. Cela implique bien entendu du personnel en nombre
suffisant dans les guichets ainsi que pour effectuer les tournées de
distribution.
Dans ce sens, une partie des sommes du CICE versées aujourd’hui sans
contrepartie à l’entreprise pourrait servir à abonder le fonds de péréquation
national qui doit soutenir la présence postale sur les territoires.
De plus, nous exigeons que tous projets de transformation de bureau de poste
soit soumis à l’accord préalable des conseils municipaux, et non pas au seul
accord des maires concernés, comme souhaite l’imposer la direction de La Poste à
l’Association des Maires de France.
Pour ces raisons, les élus Communistes et Républicains / Front de Gauche de
Seine Maritime souscrivent et invitent à faire signer largement l’appel national
« zéro fermeture de bureaux » impulsé par des usagers, syndicalistes et élus
locaux pour défendre et développer le service public postal dans le cadre de la
négociation du contrat de présence postale territoriale pour 2017 – 2020.
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