Pour un renouveau de l'industrie automobile française
relevant les défis de la mobilité, de l'emploi et de l'écologie
L’industrie automobile, en France et dans le monde, a un avenir.
Après la grave crise du
secteur, les ventes n'ont cessé de progresser. La relance de la filière
pour répondre au besoin de transport routier et de mobilité, en synergie
avec des réseaux denses et efficients de transport collectif, est
pénalisée par la destruction de 50.000 emplois ces dernières années
ainsi que des centaines de PME/PMI, en France.
L’enjeu est de concevoir,
de fabriquer des véhicules de nouvelle génération, propres, respectueux
de l'environnement et sûrs, à des prix accessibles. Cette révolution
touchera tous les domaines : matériaux, moteurs, composants, conception,
fabrication, utilisation et recyclage, mais aussi financement,
gouvernance et critères de gestion des entreprises.
Mener la bataille de la recherche, de la formation, de l’emploi et des salaires.
L’émergence accélérée de
véhicules connectés, autonomes implique de nouvelles coopérations
industrielles entre constructeurs, équipementiers et acteurs du
numérique. Il est urgent que notre pays ait, sur le long terme, une
stratégie nationale et européenne de filière investissant massivement et
prioritairement dans la recherche & développement, la formation, la
modernisation des sites de production, les services d’entretiens et de
maintenances.
Plutôt que fermer des
centres de production, il faut se saisir du savoir-faire des salariés de
la filière automobile, leur permettre d’en acquérir de nouveaux,
rapprocher conception et production, développer la qualification, la
formation et l’embauche en CDI de jeunes. Le fait que l'immense majorité
des jeunes en apprentissage ne soient pas embauchés est un grave
problème. Le renouvellement continue de l'emploi par un recours massif à
l'intérim handicape également la transmission de savoir-faire.
Nous demandons des comptes
aux patronats de la branche sur l’utilisation des 51 milliards d’euros,
versés par l’État au nom du Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et
l'Emploi (CICE) et du pacte de "responsabilité" comme sur les accords de
compétitivité qui se sont souvent traduits par de nouveaux reculs de
l'emploi et une dégradation des conditions de travail. En effet, en
2015, 722 millions d’euros de dividendes ont été distribués aux
actionnaires soit une augmentation de 35% sur 2014. Dans le même temps,
les salaires stagnent voire régressent comme sur le site de production
des Smart où le chantage à l’emploi conduit les salariés à travailler 39
heures payées 37.
L'augmentation des
salaires est nécessaire, notamment pour rendre attractive une filière
qui nécessite toujours plus de technicité et devra recruter, compte-tenu
de sa pyramide des âges. La baisse du temps de travail, la formation et
la qualification, à tous les niveaux et particulièrement pour la
conception et la R&D, sont indispensables pour que cette industrie
relève les défis de l’automobile du futur.
La stratégie de filière
que nous portons doit développer de véritables relations de solidarité
et de coopération entre donneurs d’ordres et sous-traitants, grâce à une
charte contractuelle de cotraitance liant donneurs d’ordres et
sous-traitants, les donneurs d’ordres devenant garants, auprès des
banques, de prêts à faible taux pour leurs sous-traitants, en
contrepartie du développement des salaires, des qualifications et des
droits sociaux.
Une intervention publique pour développer le potentiel et l’efficacité de la filière
Un pôle public de
financement et de pilotage de la filière automobile doit être créé, à
partir des banques publiques existantes et du programme «
investissements d’avenir ». Syndicats de salariés, représentants
d'usagers, élus locaux doivent y être associés pour contribuer au
pilotage et au financement de l’activité à partir d’autres critères que
ceux des actionnaires privés et des marchés financiers. Il est temps de
désintoxiquer la filière automobile de la recherche exclusive de
rentabilité financière.
Ce pôle public de
financement du transport automobile doit pouvoir être saisi par les
salariés de la filière, à l’appui des propositions qu'ils portent face
aux plans de suppressions d’emploi ou aux projets de rachats à
l’étranger.
L'Etat, actionnaire majeur
de Renault comme de Peugeot, doit poursuivre ces mêmes buts, au lieu
d’accompagner la rentabilité financière maximale, les délocalisations et
de servir de soutien aux profits contre l’emploi et l’activité sur le
site France.
L'automobile propre pour tous
On le voit avec les
nouveaux modèles exposés au Mondial, l’automobile est en en train de
changer d’époque et de modèle. On achète de moins en moins une voiture,
et de plus en plus un service de mobilité, écologiquement et
financièrement soutenable.
Dans ce contexte les
politiques publiques ne peuvent se réduire à sanctionner les
propriétaires de véhicules anciens. Posséder un véhicule pour accéder à
l'emploi est souvent indispensable pour ceux qui ont les plus bas
revenus et vivent hors des grandes métropoles. La lutte contre la
pollution de l’air implique de créer les conditions fiscales et de
crédit permettant aux plus modestes de disposer d'un véhicule et de
services propres, efficaces et sûrs, garantissant leur droit à la
mobilité. Cela nécessite aussi un changement de stratégie de la part des
constructeurs afin que ces besoins soient pris en compte autrement que
par le low-cost, importé.
Une recherche ambitieuse
Sur les moteurs et les
pollutions, la recherche doit être poursuivie. Sur les poids lourds, un
grand plan de recherche doit être lancé dans le sens des nouvelles
technologies, de poids lourds et d’infrastructure, pour le fret du 21è
siècle, articulant relance du fret ferroviaire et nouvelle conception du
transport par camion, en coopération avec le fret ferroviaire.
Le Parti communiste
français considère que la raison d’être de l’industrie automobile
française n’est pas d’accumuler les profits en s’enfermant dans des
stratégies de niche, de croissance externes ou de tout à l’exportation,
mais de relever les défis d’une mobilité écologique, populaire,
individuelle comme familiale, dans les cadres urbains, péri-urbains et
ruraux de notre siècle, ainsi que ceux du fret écologique du 21è siècle.
C'est le sens de la visite
de Pierre Laurent, secrétaire national et d'une délégation du PCF au
Mondial de l'automobile, le 11 octobre 2016.
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