jeudi 12 décembre 2019

Gilets jaunes : les jours du rond-point de Crolles sont-ils comptés ?

Un an après le début du mouvement lancé le 17 novembre 2018, le rond-point du Rafour à Crolles reste un symbole de la lutte en jaune en Isère. Aussi parce que les gilets jaunes de Crolles font partie des derniers des Mohicans. N’est-il pas l’un des derniers ronds-points à être encore debout ? Mais pour combien de temps encore ?
ci, l’Insoumis François Ruffin et le réalisateur Gilles Perret, dans le cadre de leur tour de France des ronds-points, ont garé leur Kangoo, tendu le micro et capté dans un documentaire militant “J’veux du soleil”, la parole brute et la fierté des manifestants aux gilets jaunes.
Ici encore, deux universitaires grenoblois, Bernard Floris et Luc Gwiazdzinski, ont pris le temps de se poser sur ce rond-point pour recueillir leurs témoignages. De cette longue immersion est sorti un ouvrage, “Sur la vague jaune – l’utopie d’un rond-point”.
Ici encore, c’est le début d’un mouvement qui ne se revendique d’aucun parti, qui ne veut surtout pas entendre parler des politiques et qui n’est pas près de suivre un syndicat. Ici toujours, dans l’espoir d’un grand soir, les gilets jaunes de Crolles restent mobilisés. Samedi dernier, l’acte 56, ils l’ont passé sur le Rafour et si on ne les a pas évacués d’ici là, ils y seront encore pour le 57e  !
La pression monte d’un cran sur la libération du rond-point
Mais aujourd’hui, cette présence illégale et indéterminée sur le rond-point dérange et agace le préfet, qui aimerait que cette occupation de l’espace public cesse. Dans un courrier, il demande au maire Philippe Lorimier de faire respecter la loi et donc de faire cesser cette occupation.
Le préfet évoque des problèmes de sécurité, un risque pour les usagers (il n’y a eu aucun accident depuis le début du mouvement, NDLR). Ensuite à la veille des fêtes de fin d’année, il craint un nouvel impact sur l’activité commerciale alentour.
Bien sûr, Philippe Lorimier a répondu au préfet et lui a fait remarquer que depuis un an, il n’a jamais cessé de les rencontrer, de les écouter. Il les a aussi pas mal invités à se questionner et les incite depuis plusieurs mois à faire société : « Ils doivent aujourd’hui entrer dans une logique de droit commun. Le droit c’est la majorité, pas la minorité. Ils ne peuvent pas continuer à rester hors de cette société », explique le maire. Il leur a mis à disposition une salle communale pour qu’ils puissent y tenir leurs assemblées et ateliers populaires.
Mais combien de temps encore cet accord informel va-t-il pouvoir tenir, si le préfet demande de faire respecter la loi ? La Préfecture n’ayant pas encore reçu et pris connaissance du courrier du maire de Crolles, elle n’a pas souhaité le commenter.
Reste donc en suspens, la question de l’évacuation par la force publique. On voit mal les gilets jaunes quitter les lieux de leur plein gré. On voit mal un maire marqué à gauche prendre seul la décision d’appeler les gendarmes alors qu’il continue de penser que ce lieu « à une vraie vocation sociale ». Et on voit mal ce symbole tomber, sans une répercussion pour le coup nationale.

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