L'affaire remonte à quelques jours. Ou plus précisément à quelques années. Mais mardi 30 mars, un nouveau scandale éclatait : l'inspectrice académique de Grenoble a demis deux directeurs isérois de leurs fonctions car ces derniers refusaient, et refusent encore, de renseigner Base élèves, un fichier de renseignements.
Le fichage fait toujours autant de bruit. Le fichier Base élèves est utilisé depuis 2007. Il contient l'identifiant national de l'élève, son état civil (âge, sexe...), son adresse de résidence et sa situation familiale, des renseignements sur sa famille ainsi que son cursus scolaire. En Isère, le scandale avait commencé l'an dernier, à la même époque, lorsque Jean-Yves Le Gall, directeur de l'école de Notre Dame de Vaulx, était menacé de sanction. Menacé de sanction car il refusait de renseigner Base élèves et surtout refuser de céder sous la pression. Le 1er septembre 2009, Jean-Yves Le Gall était démis de ses fonctions de directeur.
Mardi 30 mars, Claude Didier, directeur de l'école La Prunière, et Rémi Riallan, directeur de l'école de Séchilienne, connaissaient la même situation. Monique Lesko, inspectrice d'académie, avait décidé de leur faire subir le même sort. Le 31 mars, parents d'élèves, enseignants et syndicats étaient réunis devant l'inspection académique de Grenoble afin de manifester leur soutien aux deux directeurs. Suite à ce rassemblement, la fédération iséroise du Parti Communiste Français nous faisait parvenir leur réaction. Ainsi, elle "condamne la décision incompréhensible et provocatrice de l'Inspectrice d'Académie de l'Isère de retirer de leur fonction de directeur d'école à Claude Didier et Rémi Riallan au motif qu'ils refusent de renseigner Base élèves 1er degré".
Choquée d'une telle sanction, la Fédération insiste sur le fait que les deux directeurs concernés "viennent d'être reconnus comme défenseurs des droits de l'homme auprès des Nations Unies, conjointement avec le Rapporteur spécial sur le droit à l'éducation et le Rapporteur spécial sur les droits de l'homme des migrants". La lettre se poursuit, dénonçant à la fois l'utilisation abusive des bases de données administratives, leur multiplication, leur interconnexion et la politique de la peur qui se généralise dans le monde du travail, "véritable déshumanisation des relations sociales, visant à soumettre les individus par la pression et les sanctions". Enfin, elle s'interroge : "Que peut signifier le traçage du parcours scolaire, si ce n'est d'enfermer chaque enfant dans son passé ?"
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