Le 8 avril un panel
de marxistes des deux rives du "charco" (l’océan), se sont rencontrés
à Paris, à l’initiative conjointe de l’association "Espace Marx" et
de l’ambassade de l’Etat plurinational de Bolivie. Une initiative forte, pertinente
et stimulante, présidée par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Les uns
et les autres étaient appelés à réfléchir ensemble, à s’apostropher, sur
"l’avenir de la gauche européenne" et sur "l’actualité du
marxisme".
La rencontre s’articulait autour d’un "grand
conférencier" bolivien, le vice-président Alvaro Garcia Linera, l’un des
penseurs majeurs de la gauche latino-américaine, connu notamment pour ses
recherches sur "marxisme et indianisme", déclinées sous formes de
travaux pratiques par la révolution bolivienne.
Chacun sait combien en Europe la pensée marxiste est
minorée, voire censurée, stigmatisée, étouffée, quasi bannie des universités.
Mais elle résiste plutôt bien et se renouvelle, se "questionne",
s’enrichit, au nez et à la barbe des nouveaux Inquisiteurs de la pensée unique
et du bipartisme. Michael Lowy, André Tosel, Razmig Keucheyan, Etienne Balibar,
ont exposé des points de vue décapants, et planté au vice-président bolivien de
stimulantes banderilles.
De l’autre côté du "charco"... On assiste en
Amérique latine, depuis une vingtaine d’années, à un retour en force de la
pensée critique, du marxisme et de ses diverses lectures, de la contestation du
capitalisme. Il a précédé les processus de transformation sociale en cours. La
légitimité, l’hégémonie, du néolibéralisme sont largement contestés. Le
marxisme renoue en quelque sorte avec ses sources endogènes continentales. Le
"premier marxisme" des années 1920 et en partie 1930, en Amérique
latine, fut "créole", hétérodoxe, ouvert, fécond. Les pensées du
Cubain Julio Antonio Mella et du Péruvien José Carlos Mariategui, témoignent de
cette fraîcheur, de cette vigueur. Puis vint la prise en main par
l’Internationale communiste, la "soviétisation", la soumission à un
centre, à un modèle exogène...
Alvaro Garcia Linera a mis insistamment l’accent sur la
nécessité des "grands récits", de la reconquête idéologique,
culturelle, en abandonnant, face aux échecs, toute sinistrose, tout "repli
auto-complaisant" ; tout comme l’urgence d’alternatives viables,
d’horizons crédibles. Cet (ces) "horizon d’époque", crédible, est
pour lui le communisme, "qui ne peut être que pluriel et
démocratique".
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