Le Smic est régulièrement la cible d’attaque de la part des
économistes néolibéraux. Fin 2012 déjà, un rapport du groupe d’experts chargés
de faire des recommandations au gouvernement sur le sujet proposait une remise
en cause de son indexation actuelle et avançait comme pistes possibles
d’évolution une régionalisation ou la création d’un « Smic jeune »[1]. Un de
ces « experts », Gilbert Cette sort aujourd’hui un livre, « Changer de modèle
», avec deux autres économistes,
Philippe Aghion et Elie Cohen, dans lequel il reprend ce type de préconisation
avec pour argumentation qu’un salaire minimum trop élevé peut nuire à l’emploi.
Mais ce sont les déclarations le 2 avril sur LCP de Pascal Lamy, ex directeur
de l’Organisation mondiale du commerce et adhérent de longue date du Parti
socialiste, qui ont fait le plus sensation. Que nous dit-il ? Qu’à ce « niveau
de chômage, il faut aller vers plus de flexibilité, et vers des boulots qui ne
sont pas forcément payés au Smic (…) un petit boulot, c’est mieux que pas de
boulot ». Certes le nouveau ministre des finances Michel Sapin a déclaré n’être
pas favorable à cette proposition, mais combien de temps cette position
sera-t-elle tenue dans un contexte où le président de la République s’est
totalement converti au dogme de la compétitivité.
Le débat sur le Smic est donc relancé et il faut une fois de
plus reprendre l’argumentation face aux contrevérités qui nous sont
régulièrement assénées[2]. Le Smic remplit trois fonctions : limiter la grande
pauvreté salariale, garantir le pouvoir d’achat et lutter contre les inégalités
salariales. Toute augmentation du Smic permet à la fois une diminution de
l’éventail des salaires et une réduction des inégalités salariales entre les
femmes et les hommes car les femmes sont près de deux fois plus souvent au SMIC
que les hommes. S’attaquer au Smic, c’est donc s’attaquer aux femmes. Alors que
le gouvernement affiche l’ambition de réduire les inégalités salariales entre
les sexes, et alors qu’elles ne diminuent plus depuis le milieu des années
1990, c’est au contraire une nette revalorisation du Smic qui serait
indispensable pour réduire ces inégalités.
Un emploi à bas salaire est défini comme un emploi dont le
salaire inférieur aux 2/3 du salaire médian[3]. L’augmentation relative du Smic
par rapport au salaire médian a incontestablement permis que la proportion de
bas salaires baisse dans les deux dernières décennies.
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