mercredi 17 avril 2019

L’ACCÈS À L’ÉLECTRICITÉ RENDU PLUS CHER PAR LA CONCURRENCE

Alors que les membres du gouvernement en font des tonnes sur la réduction de la pression fiscale à la suite de la sortie du grand débat, le même gouvernement augmente la pression fiscale sur la production d’électricité. Pour les ménages elle atteint désormais 36 % du prix facturé. La hausse de 5,9 %, prévue d’ici à l’été, va encore accentuer cette pression fiscale que dénonce la commission énergie du PCF dans une note d’analyse.
Les têtes de liste des partis politiques font campagne pour avoir des députés au Parlement européen ces cinq prochaines années. Mais combien seront-ils, au cours de cette campagne, à se demander ce qui ne va pas dans l’Europe de l’énergie avec la mise en concurrence de tous contre tous ? D’autant qu’il s’agit d’un secteur dont le bon fonctionnement appelle au contraire de la régulation et une vision de long terme. Cette question mérite d’être débattue pour de nombreuses raisons. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié le 4 avril une étude qui nous dit qu’en France, « entre 1960 et 2016, la dépense des ménages en électricité a progressé beaucoup plus rapidement que leur consommation totale… ». Les prix « ont nettement augmenté depuis le début des années 2010, mais, en 2016, ils demeurent inférieurs de 20 % à la moyenne européenne », précise l’Insee. Mais on nous annonce une hausse de 5,9 % d’ici au début de l’été.
De ces informations, il convient de tirer deux conclusions. Grâce à la place prise dans la production électrique par les centrales nucléaires et par les barrages, nous payons encore l’électricité un peu moins cher que nous voisins européens. L’Insee le dit en ces termes : « En standard de pouvoir d’achat, un ménage français en moyenne paie son électricité un cinquième moins cher que dans l’ensemble de l’Union européenne et pratiquement moitié moins qu’un ménage allemand. Ces prix bas sont dus à la spécificité du mix énergétique français (…). La production d’électricité d’origine nucléaire est donc prépondérante dans son mix électrique : en 2016, malgré une baisse de 4,2 % par rapport à 2015, elle représente 72 % de la production totale d’électricité. Par ailleurs, la production électrique d’origine renouvelable représente 18 % du mix énergétique français. »

Ne pas sortir du nucléaire comme on sort de sa douche

Mieux vaut donc avoir ces éléments en tête avant d’aller voter pour des listes comme celle de Yannick Jadot, de Benoît Hamon, ou de Manon Aubry pour la France insoumise, qui proposent aux Français de sortir du nucléaire comme on sort de sa douche. Il ne faut pas davantage faire confiance à la liste LaREM, conduite par Nathalie Loiseau, pas plus qu’à celles de la droite et de l’extrême droite, quand le gouvernement d’Édouard Philippe et d’Emmanuel Macron veut privatiser les barrages pour enrichir des capitalistes. Or, ces barrages, gérés par EDF, produisent le courant le meilleur marché dans notre pays. Sur l’énergie électrique comme sur beaucoup d’autres sujets, le vote le plus cohérent sera celui en faveur de la liste conduite par le communiste Ian Brossat.
Toujours à propos de l’électricité, la note de l’Insee indique qu’elle est montée en 2016 à 28 milliards d’euros pour l’ensemble des ménages français, soit une dépense moyenne annuelle de 960 euros par ménage. L’Institut ajoute que, « depuis 1960, la dépense des ménages en électricité a progressé en valeur de 9 % en moyenne par an, contre 7,3 % pour l’ensemble de leur consommation ». Cette note nous indique aussi que « la hausse de prix se répercute davantage sur les personnes âgées de 70 ans, ou plus, que sur l’ensemble de la population ». Pour des raisons toutes simples mises en exergue dans cette note en ces termes : « Elles passent plus de temps dans leur logement, ce qui tend à augmenter leur consommation d’électricité. »

L’ouverture à la concurrence est un facteur d’inflation

La semaine dernière, la commission énergie du Parti communiste français a publié une note sur le sujet. Elle montre que « l’ouverture à la concurrence » ne se traduit pas par une baisse des prix pour les usagers. Elle nous indique que le prix payé par les ménages a augmenté de 27 % entre 2010 et 2016. Sans l’augmentation des taxes, la hausse n’aurait été que de 11 % durant ces années-là. La loi Nome, obéissant à une directive de la Commission européenne, oblige EDF à fournir le quart de sa production électrique d’origine nucléaire aux nouvelles entreprises concurrentes – qui souvent ne produisent rien – au prix de 42 euros le MWh.
Il faut ici se souvenir que le projet de François Hollande visant à ramener la place du nucléaire à 50 % de notre mix énergétique en 2025 résultait en 2011-2012 d’un accord politicien passé avec les dirigeants d’Europe Écologie-les Verts. La condition était que ces derniers investissent par leur vote militant la candidature d’Eva Joly au détriment de Nicolas Hulot. Ce choix devait permettre à Hollande de faire un meilleur score au premier tour. Ce qui fut fait, avec Yannick Jadot à la manœuvre avec Cécile Duflot. En échange, les Verts eurent droit à une soixantaine de circonscriptions sans candidat socialiste aux législatives de juin 2012. Mais ce n’est pas ainsi que l’on met en place une politique énergétique durable et faiblement émettrice de CO 2.C’est tellement vrai que le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot fut amené à dire avant de démissionner que l’engagement pris par Hollande de ramener le nucléaire à 50 % de notre mix énergétique en 2025 n’était pas tenable, sauf à augmenter considérablement nos émissions de CO 2. C’est d’ailleurs ce qui se passe en Allemagne depuis que ce pays s’est engagé à fermer toutes ses centrales nucléaires d’ici à 2022.

Une facture alourdie de 36 % par les taxes

La note de la commission énergie du PCF indique que notre facture d’électricité est alourdie de 36 % par les taxes dont plus du tiers au titre de la « contribution au service public de l’électricité ». Cette contribution sert à subventionner les éoliennes et d’autres formes d’énergies renouvelables. Subventionnées par le bas prix auquel l’État oblige EDF à leur vendre de l’électricité, les compagnies privées fonctionnent comme de firmes parasitaires à grand renfort de publicité pour tenter d’enlever des parts marché à l’opérateur public. D’où ce commentaire de la note du PCF : « Cette manne électrique qui spolie EDF a eu pour effet l’émergence d’un grand nombre de fournisseurs alternatifs, qui, en fait, sont des négociants qui spéculent sur le marché de l’électricité, tout cela sur le dos des usagers. »
Voilà pourquoi le PCF s’oppose à « toute ouverture de la concurrence des concessions hydrauliques exigée par Bruxelles ». Plus généralement, le PCF propose de « revenir à une réelle maîtrise publique du secteur de l’énergie par la création d’un pôle public qui permettrait de coordonner et fédérer toutes les entreprises du secteur, permettant, ainsi, la mise en œuvre d’une politique énergétique visant le progrès social et répondant aux défis écologiques posés en ce début de troisième millénaire ». Il demande aussi l’amélioration du dispositif « chèque énergie » et l’arrêt de coupures de courant pour les ménages les plus précaires.

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