mercredi 5 juin 2019

ÉCOLOGIE. JADOT VEUT VERDIR LE CAPITALISME PLUTÔT QUE S’Y ATTAQUER

La tête de liste EELV aux européennes veut incarner une troisième voix qui cache mal le choix libéral assumé de celui qui abandonne de plus en plus les rives de la gauche.
«Cohérence verte » n’est pas incompatible avec capitalisme vert. En assénant que lui et sa liste sont les plus cohérents sur l’écologie, Yannick Jadot donne l’impression qu’il veut se convaincre de quelque chose. Qu’un parti comme Europe Écologie-les Verts (EELV) se targue d’être harmonieux sur les questions d’écologie, quoi de plus logique. Ses élus à Bruxelles ont d’ailleurs contribué à infléchir substantiellement certaines politiques européennes. Reste que la troisième voix, que la tête de liste entend incarner dans le scrutin européen, a de quoi interroger.

Un plan d’action pour l’Europe aux contours flous

Après s’être retiré de la course à la présidentielle pour soutenir le candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon (6,36 %), ce proche de Daniel Cohn-Bendit a revu son positionnement politique. En fait de troisième voix, celui qui s’était prononcé pour le oui lors du référendum pour le traité européen en 2005 n’invente rien, puisqu’il a balisé le territoire de sa campagne en prévenant, dès le début du printemps, dans plusieurs médias, qu’il était « pour « l’économie de marché, la libre entreprise, l’innovation ». Ce faisant, il achève de rendre publique la mue sociale-libérale du parti écologiste, qui n’a jamais prétendu affronter clairement le capitalisme. S’il est intervenu au Parlement européen de manière forte contre le Ceta (traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada) et les autres traités commerciaux, il a également déclaré dans le Point, en début d’année, qu’il serait prêt à soutenir la candidature de Michel Barnier, le vice-président du Parti populaire européen (PPE, droite), pour prendre la tête de la Commission européenne. Ce dernier ayant annoncé depuis qu’il y renonçait.
Le programme du candidat, qui a fait ses armes chez Greenpeace, laisse également planer le doute sur sa volonté d’attaquer les sources originelles du dérèglement climatique et de la chute de la biodiversité, louant le rôle des entreprises dans la transition écologique. En outre, le « plan d’action des écologistes pour l’Europe » reste assez flou sur la place de l’intervention de l’État et des citoyens, notamment dans la production d’énergie. Service public ? Délégation au privé ? Rien n’est clairement énoncé. Là où Yannick Jadot est plus précis, c’est sur le sort qu’il réserve aux fonctionnaires. Lors de l’émission Dimanche en politique, diffusée le 12 mai sur France 3, il a notamment émis le souhait d’un grand débat où la question du « rapprochement du statut de la fonction publique et de celui des salariés du privé » serait mise sur la table.
Pour financer la transition énergétique qu’il propose, le candidat EELV prévoit de mettre en place un grand plan d’investissement via la Banque européenne du climat et de la biodiversité. Une proposition qui apparaissait déjà dans le programme de Benoît Hamon à l’élection présidentielle, mais qui figure aussi dans les mesures qu’Emmanuel Macron proposait de mettre en place dans sa lettre aux Européens, diffusée le 4 mars dernier. Déboussolés, des adhérents et des sympathisants d’EELV ont mis en ligne une pétition, rassemblant déjà plusieurs milliers de signatures, qui interroge vivement la capacité de la liste à lutter contre « les lobbies de Monsanto, de Total ou d’EDF », ou à « combattre le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité (…) et toutes les inégalités sociales ».

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