Philippe Champy enquête sur les prises de pouvoir au sein de l’Éducation nationale à partir des manuels scolaires, de l’emprise des neurosciences et des menaces sur la liberté pédagogique.
Absence de dialogue inédite, dénonçait mi-juillet Frédérique Rolet, secrétaire nationale du Snes, en évoquant les relations entre Jean-Michel Blanquer et les organisations syndicales enseignantes. « Il ne répond à aucun message. » Deux mois plus tard, le ministre de l’Éducation défend la revalorisation du métier d’enseignant et prône le dialogue avant tout. Changement de stratégie ? « Pure com’ ! », s’exclame Philippe Champy. Ingénieur à l’Institut national de recherche pédagogique pendant quinze ans, puis directeur des éditions Retz pendant plus de vingt ans, cet « observateur engagé » de l’école, désormais à la retraite, reconnaît en le ministre actuel un « grand communicant ».
Dans son essai Vers une nouvelle guerre scolaire (1), il s’attache à comprendre les luttes et les prises de pouvoir au sein de l’institution. Et son constat est sans appel : ce sont les « technos » qui pilotent l’école, instrumentalisant les neurosciences et le numérique pour la « reformater ». L’évolution du système scolaire est ainsi parfaitement en phase avec celle du régime présidentialiste de la Ve République. Désormais, les principaux responsables sont « façonnés par le néo-libéralisme » et non plus préoccupés par le service public et l’intérêt général.
La « guerre technocratique » qu’ils mènent se caractérise par l’omniprésence de l’évaluation et une défiance marquée à l’égard des enseignants, à qui on laisse entendre qu’ils « n’utilisent pas les bonnes méthodes ». Ce qui justifie le recours à des experts externes comme certains neuroscientifiques et les membres d’Agir pour l’école,
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