« Tout prouve que ce procès est politique, pas judiciaire. » Le vidéaste Vincent Verzat, youtubeur de la chaîne « Partager c’est sympa », est convoqué ce 11 septembre, pour « vol en réunion ». Il encourt cinq ans d’emprisonnement et 75000 euros d’amendes. Étrangement, il comparaît devant la 16e chambre du tribunal de Paris, juridiction spécialisée dans les affaires liées au terrorisme, au crime organisé et à la délinquance financière. Mais quel grave délit a donc commis le youtubeur ?
Le 21 février dernier, à la Mairie du 5ème arrondissement de Paris, Vincent Verzat tourne une vidéo durant une action de décrochage du portrait d’Emmanuel Macron par des activistes du mouvement écologiste « Action non violente COP21 » (ANV COP21). Ces actions non violentes intitulées « Décrochons Macron », menées à visage découvert, visent à dénoncer l’inaction du gouvernement face au dérèglement climatique et l’urgence sociale, en laissant symboliquement des murs de mairies vides de portrait présidentiel (notre précédent article).
Vincent Verzat publie sa vidéo sur cette action le jour même (voir ci-dessus), mais c’est seulement un mois plus tard qu’il reçoit une convocation au commissariat pour les faits de « vol en réunion ». « Le procureur a eu un mois pour peser le pour et le contre, et a finalement décidé de me poursuivre en pleine connaissance de mon rôle et de mon métier : vidéaste-activiste, exerçant sa mission d’information pour sa chaîne Youtube », souligne Vincent Verzat. « Juridiquement, je suis journaliste, puisque je recueille des informations, les vérifie et les rend accessibles au public, à titre régulier et rétribué. »
17 procès, 57 convocations, 900 heures cumulées de garde à vue
Ce procès marque ainsi un nouveau cap dans la répression judiciaire, avec la poursuite de youtubeurs et journalistes couvrant ces actions militantes au motif qu’ils en seraient non les témoins, mais des acteurs. Plusieurs autres journalistes ont été convoqués au commissariat dans le cadre de ces actions de décrochage (notre précédent article) [1].
Aux côtés de Vincent Verzat, huit activistes comparaitront également le 11 septembre au tribunal de Paris pour « vol en réunion » (voir l’appel à mobilisation). C’est le quatrième procès d’une longue série à venir. Depuis le 21 février, 128 portraits d’Emmanuel Macron ont été décrochés dans des mairies. Selon ANV COP21, ces actions symboliques ont eu pour conséquence, pour les personnes qui les ont menées, 900 heures cumulées de garde à vue (pour 94 personnes), et 57 convocations dans le cadre de 17 procès ! Deux jugements ont été rendus à ce jour. Les trois citoyens jugés le 26 juin à Strasbourg ont été relaxés, quand ceux jugés en première instance à Bourg-en-Bresse ont été condamnés à des amendes de 250 à 500 euros.
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