mercredi 4 décembre 2024

mardi 3 décembre 2024

Auchan et Leroy Merlin en difficulté, les Mulliez s’abattent sur Decathlon et ponctionnent 1 milliard d’euros en dividendes


 Les syndicats de la chaîne de magasins de sport ont appris vendredi 29 novembre lors des négociations sur les salaires que l’association familiale Mulliez allait puiser dans les caisses, alors que la direction ne propose pas d’augmentation collective aux salariés.

Dans la famille Mulliez, on ne connaît pas la crise. Auchan et Leroy Merlin, les deux vaisseaux amiraux de leur galaxie d’enseignes (dont Kiabi, Flunch, Boulanger ou Norauto), ont beau traverser de sérieuses difficultés, l’association familiale Mulliez (AFM) sait toujours où se tourner pour ponctionner les dividendes nécessaires à leur train de vie.

Les syndicats de Decathlon ont ainsi découvert, vendredi 29 novembre, lors d’une séance de négociations annuelles obligatoires sur les salaires, que leur chaîne de magasins de sport allait verser un milliard d’euros de dividendes au titre de l’exercice 2024. « Pas d’argent pour les négociations seniors, la mutuelle ou les NAO », déplore sur sa page Facebook la CFTC, premier syndicat du groupe. En revanche, « les actionnaires familiaux ponctionnent un milliard d’euros de dividendes », dévoile l’organisation au sigle bleu.

« La CFDT Decathlon est sous le choc de l’annonce de ce matin en comité de groupe Décathlon : un milliard d’euros de dividendes seront versés dès lundi aux actionnaires de l’association familiale Mulliez (AFM) au titre de l’année 2024 », s’indigne de son côté la CFDT.

« Gestion équilibrée de l’entreprise »

Une source proche de la direction a indiqué à l’AFP que ce montant correspondait « à une distribution des réserves accumulées au sein de l’entreprise au fil du temps par les actionnaires ». « Elle est distribuée à l’ensemble des actionnaires dont les plus de 60 000 collaborateurs de l’entreprise », pondère cette source. L’AFM n’a pas souhaité faire de commentaire.

La direction de Decathlon assure quant à elle que cette décision « s’inscrit dans une gestion équilibrée de l’entreprise », dans une réaction transmise à l’AFP. « Notre solide base financière nous permet de remonter une partie de nos réserves vers tous nos actionnaires tout en continuant à investir dans des initiatives stratégiques de croissance au bénéfice
de nos collaborateurs, de nos clients et de nos partenaires.
 »

La nouvelle relance la demande de la CFDT aux parlementaires de créer une commission d’enquête « afin de pouvoir réellement comprendre à quoi l’argent public a été utilisé » par les différentes enseignes de l’AFM, selon un courrier consulté par l’AFP.

Cette ponction survient alors qu’un plan social prévoit la fermeture d’une dizaine de super et hypermarchés Auchan, ainsi que trois entrepôts, supprimant 2 400 postes. La direction de Leroy Merlin a aussi procédé à une rupture conventionnelle collective ces derniers mois dans son siège de Lezennes, dans la banlieue lilloise, entraînant le départ de 130 salariés. Quant aux NAO, l’enseigne n’a proposé qu’une augmentation collective de 1,1 %, provoquant la colère des syndicats et des salariés.

lundi 2 décembre 2024

COP 29 : on veut des milliers de milliards !


 La COP29 qui s’est tenue à Bakou en Azerbaïdjan s’est conclue avec un constat d’échec dans ce qui constitue le nerf de la guerre du défi climatique : le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique pour respecter l’Accord de Paris. Alors que l’ensemble des délégations et de la société civile scandaient sur place « Trillions not billions » (des milliers de milliards, pas des milliards »), en référence à la somme de 1300 milliards de dollars nécessaires selon des experts de l’ONU, pour mener à bien ces politiques, c’est à peine 300 milliards par an, soit 4 fois moins, qui ont été proposés par les pays riches d’ici à 2035.

C’est un scandale pour la diplomatie climatique car elle sape la confiance entre les pays pauvres et les pays riches, avec cette injonction contradictoire qui est faite aux premiers en leur intimant d’engager des dépenses massives pour le climat, sans leurs en donner les moyens !

Rappelons que d’ici à 2035, compte tenu de l’inflation et de la progression du PIB par habitant·e, il ne s’agit nullement d’un triplement de l’aide actuel (100 milliards atteints depuis 2022) mais d’une hausse d’à peine 7% ! Ce n’est donc décidément pas à la hauteur !

Le PCF, en cohérence avec le chiffrage de l’ONU, réitère qu’il faut tout faire pour atteindre plus de mille milliards de dollars d’aide. Le niveau du montant est important, mais la nature de ceux-ci aussi : cette somme doit être majoritairement fait de dons et non de prêts comme c’est encore trop le cas actuellement. Et si prêts il y a, ils doivent se faire à des taux nuls. Cela demande, au-delà de l’enjeu des COP, de transformer radicalement le système financier international : la banque mondiale, le FMI, de les libérer de l’emprise du dollar et des monnaies dominantes des pays riches, pour tendre vers une monnaie commune mondiale. C'est avec un tel niveau d’ambition dans la transformation du système financier que ces sommes pourront être mobilisées afin de satisfaire les grands objectifs de développement et le défi climatique.

Il est également inquiétant que le financement de l’adaptation au réchauffement climatique ait été le grand absent des débats. A lui seul, le montant des dépenses est estimé à près de 400 milliards de dollars par an (montant estimé par le programme des nations unies pour le développement) pour les pays pauvres, c’est dire à quel point la somme de 300 milliards - incluant rappelons-le l’atténuation et l’adaptation - est ridicule. En 2022, sur les 100 milliards d’aides alloués, 35 milliards étaient consacrés à l’adaptation, soit 10 fois moins que ce qu’il faudrait !

Aussi le PCF regrette qu’il ait été plus facile dès le début de la COP de trouver un accord pour mettre en place un marché du carbone qu’un accord ambitieux solidaire de financement direct. Ce marché carbone, permettant à des pays et des entreprises de s’affranchir de baisser ses propres émissions en finançant des actions favorisant du stockage de carbone à l’étranger (plantations de forêts, restauration de mangroves, etc.) est une fuite en avant vers la marchandisation de notre bien commun qu’est le climat. Ce marché est un droit à polluer, à continuer d’émettre des gaz à effet de serre, en contrepartie d’argent, qui ne dit pas son nom. Au delà du principe contestable, les nombreux scandales ont montré que ce dispositif était largement contourné et perverti par des doubles comptage, l’absence de garanties et de contrôle. Il faut revenir à l’esprit de l’accord de Paris, qui stipule que chaque pays doit baisser en volume physique leurs émissions sur leurs territoires respectifs, et non contourner ce principe par un dispositif de marchandisation. De fait, l’accord de Paris est menacé par ce marché car de nombreux pays pourront inclure dans leurs engagements de baisse d’émission, des investissements fait hors de leur territoire, avec toutes les incertitudes et les problèmes de comptages que cela générera.

Enfin, cette COP marque un recul en renonçant à confirmer son engagement vers une sortie des énergies fossiles comme cela a été durement acquis lors de la dernière COP. Le jeu des grandes puissances fortement consommatrices de pétrole, ainsi que des pays producteurs de pétrole ont grandement contribué à cet échec.

Pour le PCF, la France doit prendre sa part dans la solidarité internationale contrairement à la décision du gouvernement de baisser d’un tiers l’aide au développement. Elle doit aussi agir dans la baisse de ses propres émissions territoriales mais aussi plus largement dans son empreinte carbone en incluant des objectifs de baisse d’émissions importées, ce qui passera par une réindustrialisation de nos territoires.

Pour ce faire, le Plan Climat élaboré par le PCF, Empreintes2050 (téléchargeable ici) constitue un document unique en son genre dans le paysage politique : il détaille année après année jusqu’en 2050, dans tous les secteurs, les objectifs de baisse des émissions, et les moyens alloués afin à la fois de sauver le climat et assurer les jours heureux.

Paris, le 28 novembre 2024

Parti communiste français

Clap de fin pour Hidalgo : quel héritage ?

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Dans un entretien au MondeAnne Hidalgo annonce qu’elle ne sera pas candidate à sa réélection en 2026. À 65 ans, la première femme maire de Paris se retire après seulement deux mandats. C’est assez rare pour être souligné et salué.

Au-delà des petites polémiques, le bilan d’Anne Hidalgo est contrasté. Elle s’est engagée sans faiblir sur les enjeux écologiques. Le plan climat adopté par le conseil municipal fourmille d’idées novatrices. La volonté d’anticiper le réchauffement climatique dans une ville toujours très minérale, dont les toits en zinc font l’identité est nécessaire et salutaire. La mise en avant de concepts comme « la ville du quart d’heure », promettant les services du quotidien à moins de 15 minutes à pied était anticipateur. La proposition de « ville résiliente » est riche de l’affirmation que les ressources existent pour faire face aux crises. Son combat pour donner place aux vélos, aux promenades et qualité à la Seine feront également parti de son bilan.


À côté de ces éléments assurément positifs, on ne peut que souligner que la ville s’est embourgeoisée à un point qui confine à l’écœurement. Le centre de Paris est dévolu aux hôtels hors catégories, musées, fondations et tourisme international. Les salariés ont de plus en plus de mal à se loger malgré des efforts colossaux pour la réalisation de logements abordables alors même que s’alimente une logique de valorisation immobilière. Ainsi, la muséification de la ville, la politique de réduction de la place de la voiture sont des éléments d’une stratégie pour attirer une upper class soucieuse de son bien-être. Résultat : habiter Paris est de plus en plus hors de prix et la capitale devient une ville d’étudiants, d’ultra riches, de super pauvres, souvent immigrés, et de touristes.

Dans ce même entretien, Anne Hidalgo affirme vouloir la renaissance d’une social-démocratie dont elle charge Raphaël Glucksmann d’être le leader. Elle montre dans sa gestion de la ville qu’elle adhère toujours aux préceptes du hollandisme – quand celui-ci avait Emmanuel Macron comme conseiller puis ministre. L’édile croit encore que la richesse ruisselle, que le marché innove et fait mieux que le public. La vérité est autre. En dehors du très mauvais goût imposé par LVMH à tous les coins de rue, Paris est l’emblème d’une ville ségréguée, en son sein et vis-à-vis de son environnement, la banlieue.

Anne Hidalgo a voulu promouvoir sa conception de la société lors de la campagne présidentielle 2022. Elle a ramassé 1,75% de suffrages. Elle persiste sur cette ligne social-libérale, qui mobilise l’écologie au service de l’attractivité internationale de la ville.

La question de sa succession s’ouvre. Au Parti socialiste, elle s’incarne dans deux candidatures : l’une souhaitée par Anne Hidalgo pour poursuivre la stratégie mise en œuvre depuis 2001, le sénateur Rémi Féraud ; l’autre est portée par l’ancien premier adjoint, Emmanuel Grégoire, proche d’Olivier Faure. Ian Brossat, sénateur communiste, a lui aussi annoncé sa candidature. On attend celle des écologistes : Yannick Jadot ou David Belliard ? Le débat fera-t-il émerger une autre idée de la ville, de l’écologie et du social ? On y reviendra.

dimanche 1 décembre 2024

Le gouvernement ressort la théorie du genre du caniveau

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La droite parle à la droite : la théorie du genre n’existe pas, selon la ministre de l’éducation Anne Genetet, et c’est pour ça qu’elle ne laissera pas cette idéologie infiltrer l’école.

En septembre, lorsque Michel Barnier a mis sur pied son gouvernement, nous titrions « Pire tu meurs », notamment à cause de la présence au sein de son équipe, de plusieurs membres de la team Manif pour tous. Il fallait bien que ce choix de profils ait un jour des conséquences politiques. Ce jour est arrivé.

On savait Alexandre Portier, ministre LR délégué à la réussite scolaire, grand défenseur de l’école privé. Le voilà pourfendeur de la « théorie du genre » – vous savez, le truc qui n’existe pas mais qui fait peur aux gens de droite. Interrogé au Sénat dans le cadre des questions au gouvernement, ce mercredi 28 novembre, à propos des « programmes d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle de la maternelle au lycée », le ministre se veut rassurant pour la droite : « Toute référence à l’identité de genre et au wokisme sera retirée […] Je m’engagerai personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles. […] Le militantisme n’a pas sa place à l’école : je veux un encadrement strict de tous les intervenants ». Mais qui a dit le contraire ? Car dans le texte, non définitif, il n’en est pas question

Faut-il comprendre que, selon Alexandre Potier, les « programmes d’éducation » du gouvernement Barnier comporteraient des pages wokistes sur la théories du genre ? Ce n’est pas franchement le style du premier ministre… Les associations, telles le Planning familial ou la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) dénoncent des « informations mensongères » et « dangereuses ». Même dans le camp macroniste, on s’indigne. Ainsi tweete Aurore Bergé : « Un ministre ne devrait pas diffuser de fausses informations en agitant des peurs et des fantasmes pour espérer se faire connaître des Français. Il n’est nullement question de « théorie du genre » dans l’éducation à la vie affective. Il suffit de lire (vraiment) le programme prévu ».

Problème : Anne Genetet, la ministre de l’éducation, est allé dans le sens de son camarade de gouvernement, martelant que « la théorie du genre ne trouve pas sa place à l’école » – tout en affirmant plus tard que « la théorie du genre n’existe pas ».

En revanche, il est question du concept « d’identité de genre », et c’est bien ça que la ministre de l’éducation entend effacer. Or, ce concept est l’un des motifs de discriminations inscrit dans le code pénal. Créer une confusion entre militantisme et juridique, c’est pas beau. D’autant plus moche que le gouvernement ne fait que répondre et attiser les peurs de l’extrême droite, au nom d’un texte que la ministre qualifie de « très progressif ».

Comme au bon vieux temps des débats du mariage pour tous, les faits sont sans importance pour la droite. Seule l’idéologie et la diabolisation comptent.

Pont-de-Claix. Fabien Roussel aux côtés des salariés en grève de Vencorex

 

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Fabien Roussel a discuté avec les salariés de Vencorex, en grève depuis 35 jours, le 26 novembre.
En déplacement dans l'agglomération grenobloise ce mardi 26 novembre, Fabien Roussel s'est rendu sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix. Le secrétaire national du PCF est venu soutenir les salariés de Vencorex, en grève illimitée depuis le 23 octobre, et échanger avec eux sur la suite du mouvement.

« Je suis venu pour comprendre », a-t-il lancé d’emblée aux salariés de Vencorex, alors en grève depuis 35 jours. Après Échirolles et Saint-Martin-d’Hères, et avant Fontaine le soir, Fabien Roussel a poursuivi son déplacement isérois par une visite sur le piquet de grève de la plateforme chimique de Pont-de-Claix, ce mardi 26 novembre.

Fabien Roussel s’est rendu à Pont-de-Claix aux côtés de plusieurs élus, notamment communistes.

Studieux, le secrétaire national du PCF a d’abord écouté attentivement les représentants syndicaux lui présenter le contexte. Séverine Dejoux, élue CGT au CSE, a ainsi expliqué l’interdépendance des entreprises présentes sur les deux sites de Pont-de-Claix et Jarrie, le risque d’un arrêt de la fabrication du chlore sur place – qui obligerait à le faire venir par camion-citerne – ou encore « l’impact en cascade », non seulement pour les plateformes chimiques du sud grenoblois mais également pour celle de Roussillon.

« On est à l’aube d’une catastrophe industrielle et sociale », a déploré la syndicaliste, évoquant les quelque 5 000 emplois (directs et indirects) menacés. Une situation qui touche en outre « la souveraineté de notre pays dans plusieurs filières stratégiques, comme l’espace et les centrales nucléaires », a réagi Fabien Roussel.

« Un gouvernement de défaitistes, de lâches, de traîtres »

Le dirigeant communiste a salué la mobilisation des salariés de Vencorex : « C’est parce que vous avez fait le choix de ne pas vous laisser faire qu’on entend parler de vous à Paris et ailleurs ! » Une lutte qui intervient dans une année 2024 marquée par une « accélération des plans de licenciements dans les industries », a-t-il constaté. « On a perdu plus d’un million d’emplois industriels en quinze ans. »

Fabien Roussel a échangé avec les représentants syndicaux et les salariés sur la situation de la chimie du sud grenoblois.

Pourtant, « on a les outils législatifs pour empêcher les actionnaires de faire ça », a souligné Fabien Roussel. Lequel a défendu la nationalisation, au moins temporaire, à l’instar de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet ou du porte-parole du NPA Philippe Poutou, tous deux de passage sur le piquet de grève de Vencorex ces dernières semaines.

S’il juge indispensable une intervention gouvernementale, le secrétaire national du PCF a néanmoins eu des mots très durs envers l’exécutif, fustigeant « un gouvernement de défaitistes, de lâches, de traîtres ». « L’argent public, c’est notre argent ; il y a un devoir de contrôle », a-t-il ajouté. « Quand une commune demande de l’argent, quand une association sollicite une subvention, elles doivent rendre des comptes… Ce n’est plus acceptable ! »

Le piquet de grève installé depuis le 23 octobre devant l’entrée de la plateforme chimique de Pont-de-Claix.

Fabien Roussel a en tout cas promis aux salariés de « se battre. Car il y a des solutions », a-t-il insisté, appelant l’ensemble des élus et de la populations à soutenir le combat de Vencorex. Et de conclure : « C’est une bataille qu’on doit mener tous ensemble ! »