La COP29 qui s’est tenue à Bakou en Azerbaïdjan s’est conclue avec un constat d’échec dans ce qui constitue le nerf de la guerre du défi climatique : le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique pour respecter l’Accord de Paris. Alors que l’ensemble des délégations et de la société civile scandaient sur place « Trillions not billions » (des milliers de milliards, pas des milliards »), en référence à la somme de 1300 milliards de dollars nécessaires selon des experts de l’ONU, pour mener à bien ces politiques, c’est à peine 300 milliards par an, soit 4 fois moins, qui ont été proposés par les pays riches d’ici à 2035.
C’est un scandale pour la diplomatie climatique car elle sape la confiance entre les pays pauvres et les pays riches, avec cette injonction contradictoire qui est faite aux premiers en leur intimant d’engager des dépenses massives pour le climat, sans leurs en donner les moyens !
Rappelons que d’ici à 2035, compte tenu de l’inflation et de la progression du PIB par habitant·e, il ne s’agit nullement d’un triplement de l’aide actuel (100 milliards atteints depuis 2022) mais d’une hausse d’à peine 7% ! Ce n’est donc décidément pas à la hauteur !
Le PCF, en cohérence avec le chiffrage de l’ONU, réitère qu’il faut tout faire pour atteindre plus de mille milliards de dollars d’aide. Le niveau du montant est important, mais la nature de ceux-ci aussi : cette somme doit être majoritairement fait de dons et non de prêts comme c’est encore trop le cas actuellement. Et si prêts il y a, ils doivent se faire à des taux nuls. Cela demande, au-delà de l’enjeu des COP, de transformer radicalement le système financier international : la banque mondiale, le FMI, de les libérer de l’emprise du dollar et des monnaies dominantes des pays riches, pour tendre vers une monnaie commune mondiale. C'est avec un tel niveau d’ambition dans la transformation du système financier que ces sommes pourront être mobilisées afin de satisfaire les grands objectifs de développement et le défi climatique.
Il est également inquiétant que le financement de l’adaptation au réchauffement climatique ait été le grand absent des débats. A lui seul, le montant des dépenses est estimé à près de 400 milliards de dollars par an (montant estimé par le programme des nations unies pour le développement) pour les pays pauvres, c’est dire à quel point la somme de 300 milliards - incluant rappelons-le l’atténuation et l’adaptation - est ridicule. En 2022, sur les 100 milliards d’aides alloués, 35 milliards étaient consacrés à l’adaptation, soit 10 fois moins que ce qu’il faudrait !
Aussi le PCF regrette qu’il ait été plus facile dès le début de la COP de trouver un accord pour mettre en place un marché du carbone qu’un accord ambitieux solidaire de financement direct. Ce marché carbone, permettant à des pays et des entreprises de s’affranchir de baisser ses propres émissions en finançant des actions favorisant du stockage de carbone à l’étranger (plantations de forêts, restauration de mangroves, etc.) est une fuite en avant vers la marchandisation de notre bien commun qu’est le climat. Ce marché est un droit à polluer, à continuer d’émettre des gaz à effet de serre, en contrepartie d’argent, qui ne dit pas son nom. Au delà du principe contestable, les nombreux scandales ont montré que ce dispositif était largement contourné et perverti par des doubles comptage, l’absence de garanties et de contrôle. Il faut revenir à l’esprit de l’accord de Paris, qui stipule que chaque pays doit baisser en volume physique leurs émissions sur leurs territoires respectifs, et non contourner ce principe par un dispositif de marchandisation. De fait, l’accord de Paris est menacé par ce marché car de nombreux pays pourront inclure dans leurs engagements de baisse d’émission, des investissements fait hors de leur territoire, avec toutes les incertitudes et les problèmes de comptages que cela générera.
Enfin, cette COP marque un recul en renonçant à confirmer son engagement vers une sortie des énergies fossiles comme cela a été durement acquis lors de la dernière COP. Le jeu des grandes puissances fortement consommatrices de pétrole, ainsi que des pays producteurs de pétrole ont grandement contribué à cet échec.
Pour le PCF, la France doit prendre sa part dans la solidarité internationale contrairement à la décision du gouvernement de baisser d’un tiers l’aide au développement. Elle doit aussi agir dans la baisse de ses propres émissions territoriales mais aussi plus largement dans son empreinte carbone en incluant des objectifs de baisse d’émissions importées, ce qui passera par une réindustrialisation de nos territoires.
Pour ce faire, le Plan Climat élaboré par le PCF, Empreintes2050 (téléchargeable ici) constitue un document unique en son genre dans le paysage politique : il détaille année après année jusqu’en 2050, dans tous les secteurs, les objectifs de baisse des émissions, et les moyens alloués afin à la fois de sauver le climat et assurer les jours heureux.
Paris, le 28 novembre 2024
Parti communiste français
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