Dans un entretien au Monde, Anne Hidalgo annonce qu’elle ne sera pas candidate à sa réélection en 2026. À 65 ans, la première femme maire de Paris se retire après seulement deux mandats. C’est assez rare pour être souligné et salué.
Au-delà des petites polémiques, le bilan d’Anne Hidalgo est contrasté. Elle s’est engagée sans faiblir sur les enjeux écologiques. Le plan climat adopté par le conseil municipal fourmille d’idées novatrices. La volonté d’anticiper le réchauffement climatique dans une ville toujours très minérale, dont les toits en zinc font l’identité est nécessaire et salutaire. La mise en avant de concepts comme « la ville du quart d’heure », promettant les services du quotidien à moins de 15 minutes à pied était anticipateur. La proposition de « ville résiliente » est riche de l’affirmation que les ressources existent pour faire face aux crises. Son combat pour donner place aux vélos, aux promenades et qualité à la Seine feront également parti de son bilan.
À côté de ces éléments assurément positifs, on ne peut que souligner que la ville s’est embourgeoisée à un point qui confine à l’écœurement. Le centre de Paris est dévolu aux hôtels hors catégories, musées, fondations et tourisme international. Les salariés ont de plus en plus de mal à se loger malgré des efforts colossaux pour la réalisation de logements abordables alors même que s’alimente une logique de valorisation immobilière. Ainsi, la muséification de la ville, la politique de réduction de la place de la voiture sont des éléments d’une stratégie pour attirer une upper class soucieuse de son bien-être. Résultat : habiter Paris est de plus en plus hors de prix et la capitale devient une ville d’étudiants, d’ultra riches, de super pauvres, souvent immigrés, et de touristes.
Dans ce même entretien, Anne Hidalgo affirme vouloir la renaissance d’une social-démocratie dont elle charge Raphaël Glucksmann d’être le leader. Elle montre dans sa gestion de la ville qu’elle adhère toujours aux préceptes du hollandisme – quand celui-ci avait Emmanuel Macron comme conseiller puis ministre. L’édile croit encore que la richesse ruisselle, que le marché innove et fait mieux que le public. La vérité est autre. En dehors du très mauvais goût imposé par LVMH à tous les coins de rue, Paris est l’emblème d’une ville ségréguée, en son sein et vis-à-vis de son environnement, la banlieue.
Anne Hidalgo a voulu promouvoir sa conception de la société lors de la campagne présidentielle 2022. Elle a ramassé 1,75% de suffrages. Elle persiste sur cette ligne social-libérale, qui mobilise l’écologie au service de l’attractivité internationale de la ville.
La question de sa succession s’ouvre. Au Parti socialiste, elle s’incarne dans deux candidatures : l’une souhaitée par Anne Hidalgo pour poursuivre la stratégie mise en œuvre depuis 2001, le sénateur Rémi Féraud ; l’autre est portée par l’ancien premier adjoint, Emmanuel Grégoire, proche d’Olivier Faure. Ian Brossat, sénateur communiste, a lui aussi annoncé sa candidature. On attend celle des écologistes : Yannick Jadot ou David Belliard ? Le débat fera-t-il émerger une autre idée de la ville, de l’écologie et du social ? On y reviendra.
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