« Ce n’est pas rendre service aux plus pauvres de les loger dans le 7e ». Rachida Dati, maire de ce très chic arrondissement de Paris, s’est lancée dans une digression cynique sur la question du logement social lors d’une convention sur le surtourisme à Paris organisée avec son groupe, mercredi 11 décembre au soir, selon des propos rapportés par le Parisien. Des déclarations qui prônent une « politique d’apartheid pure », a réagi sur X Ian Brossat, conseiller à la Ville de Paris et sénateur PCF.
https://twitter.com/IanBrossat/status/1867184977797910880
2,3 % de logements sociaux dans le 7e
« Ils disent, la majorité à l’Hôtel de Ville, que ça va me faire les pieds de me mettre les plus défavorisés dans mon quartier », a ajouté la ministre de la Culture démissionnaire, lors de cette soirée aux allures de préparatifs à la campagne des municipales de 2026.
D’une bonne leçon en la matière, le 7e arrondissement en a pourtant bien besoin : il est le plus mauvais élève de la ville avec à peine 2,3 % de logements sociaux en 2023, soit 652, loin derrière les 13e (43,3 %), 19e (45,2 %) et 20e (41,6 %) arrondissements qui en accueillent chacun plus de 38 000.
Si Rachida Dati assure régulièrement ne pas être contre la construction de logements sociaux dans son arrondissement sur le principe, elle met en avant la problématique du foncier tout en prônant sa préférence pour des logements intermédiaires. Mercredi, elle a d’ailleurs poursuivi son propos après sa sortie sur « les plus pauvres » : « Mais moi je suis pour la mixité, pas pour les ghettos où ils concentrent les difficultés au même endroit ».
Pourtant, l’élue s’est opposée au projet de l’îlot saint-germain en 2017. Un ensemble de 254 logements sociaux installé à quelques pas de l’Assemblée nationale et qui a permis de doubler le nombre de logements sociaux dans le 7e arrondissement. Inauguré en 2023, le projet avait été lourdement critiqué par Rachida Dati qui disait « craindre de devoir faire la police » et d’ajouter « lorsque des propriétaires ont acheté leur logement 10 000, 15 000 ou 20 000 euros le mètre carré et qu’un habitant en face jette des choses par-dessus le balcon, ou que les parties communes ne sont pas respectées, les habitants se sentent lésés (…) », dans les colonnes du Parisien pendant les municipales de 2020.
C’est bien un séparatisme entre les plus riches et les plus défavorisés dans un contexte de crise du logement abordable et alors que l’objectif de la Ville est d’atteindre « 40 % de logements publics, dont 30 % de logements locatifs sociaux » d’ici 2025. « Ça ne les gêne pas de voir leurs nounous, les éboueurs et cafetiers aller dans le 7e pour les servir… mais qu’ils y vivent, sacrilège », s’est ainsi indigné Ian Brossat, candidat déclaré aux prochaines municipales.
Lors de cette soirée, mercredi, la ministre de la Culture démissionnaire a d’ailleurs fait part de son ambition de remporter les élections parisiennes de 2026. Avec comme slogan l’objectif de rendre la capitale « plus facile à vivre ». Sauf pour les pauvres.
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