vendredi 11 avril 2025

Livre blanc, pensée noire : l’Europe choisit l’illusion guerrière

Le Livre blanc traduit un aveuglement sur les causes des conflits actuels. Pire, la Commission européenne ne tire pas les leçons du passé.

Le bilan de trente ans d’élargissement de l’Otan vers l’Est tout comme la nécessité d’une évolution des discussions sur notre sécurité collective sont ignorés alors que notre continent s’enfonce dans les tensions avec notre voisin russe.

La plupart des Européens considèrent qu’ils n’ont d’autre choix que la guerre, alors que l’objectif doit être la paix négociée, qui ne soit pas la capitulation de l’Ukraine. La stratégie guerrière laisse derrière elle un bilan dramatique de morts et de sacrifices.

Alors qu’au printemps 2022, à Istanbul, Kiev accepte la neutralité et que Moscou concède le retrait de ses troupes sur les territoires occupés depuis février 2022, les pays occidentaux, plus préoccupés par le cas de Poutine, préfèrent fournir des armes à l’Ukraine plutôt que de répondre aux garanties de sécurité qu’elle demande. Cette stratégie présente un risque : avec un accord de paix ressemblant à une capitulation, ces armes pourraient tomber dans les mains d’un régime ukrainien revanchard souhaitant reconquérir par la force les territoires perdus, au risque de déclencher un nouveau conflit régional.

Le Livre blanc veut avancer sur l’« Europe puissance », mais il contient des contradictions. L’Union européenne souhaite un renforcement des coopérations en accord avec nos valeurs, mais se vautre dans des deals inadmissibles avec la Turquie d’Erdogan ou l’Inde de Modi. Parler de situation fragile à Gaza, c’est méconnaître le génocide qui s’y déroule, reconnu par l’ONU. Ce double standard participe à l’effondrement du droit international. Poutine utilise nos incohérences à son profit, alors qu’il faut détacher la société russe de son emprise.

En réalité, on assiste en Europe au grand retour de l’idéologie atlantiste.

Une étroite collaboration avec l’Otan est nécessaire, selon la Commission européenne, qui ajoute que la course aux armements serait la voie vers une autonomie stratégique budgétaire européenne. Monsieur le ministre, laissez-moi en douter, face à une Allemagne et une Pologne qui souhaitent acheter des armes américaines, au détriment de notre industrie.

Cette référence à l’Otan a surtout pour but d’accorder des Européens divisés en fixant le cap depuis Washington. Pourtant, les États-Unis de Trump et Vance ne sont plus nos alliés.

Même sans les États-Unis, l’Europe surpasse la Russie dans tous les domaines. Les États membres de l’Union européenne dépensent déjà 460 milliards d’euros par an pour la défense, soit quatre fois plus que la Russie. Ces 800 milliards d’euros ne répondent pas à un objectif sécuritaire mais idéologique. Alors que le secteur automobile européen est en difficulté et que l’Allemagne entre en récession pour la troisième année consécutive, l’ère du réarmement d’Ursula von der Leyen apparaît comme la solution miracle. Nous disons non à cette escalade. Perpétuer des rivalités économiques et militaires dans ce contexte n’est pas responsable. Nous appelons à reprendre la voie de la diplomatie, en restaurant ses moyens. Nous ne pouvons donner à notre jeunesse la guerre comme seule perspective.

Quelles dépenses seront sacrifiées sur l’autel de cette politique belliciste ? L’école ? Les hôpitaux ?

Enfin, sur la forme, le Parlement n’a jamais pu se prononcer sur les projets de la Commission européenne, qui n’a aucune légitimité démocratique ni compétence en la matière. Votre chemin n’est pas le nôtre. Si nous voulons la paix, préparons la paix, et un avenir serein pour nos enfants.

 

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