À croire que c’est la seule urgence du pays. Rien – ou si peu – sur le pouvoir d’achat, la santé publique, la crise du logement ou les suppressions de classes. Rien sur ces préoccupations qui hantent le quotidien de millions de Français.
Ce mardi, la majorité sénatoriale a voté pour étendre la comparution immédiate aux adolescents dès 15 ans, certains allant jusqu’à proposer de juger des enfants de 13 ans comme des adultes. Un concours d’outrance entre élus en campagne, qui confondent le Parlement avec un plateau de CNews.
Dans le même temps, 180 postes demeurent vacants à la Protection judiciaire de la jeunesse, qui alerte depuis des mois sur la carence de moyens dont elle dispose.
Ce populisme législatif ne cherche pas à résoudre des problèmes, il fabrique des coupables, agite les peurs, détourne l’attention. Pour flatter l’imaginaire d’un “ensauvagement” qui ne résiste pas aux faits : la délinquance des mineurs est en baisse. À ce rythme, ce ne sont bientôt plus les juges qui rendront la justice, mais les éditorialistes des chaînes d’info en continu. Ce qui explose, c’est la gravité de certains actes, immédiatement montés en épingle pour légitimer une réponse toujours plus répressive. Mais la gravité d’un fait divers ne doit pas dicter la loi.
Ce populisme législatif, nourri d’effets d’annonce et d’exagérations médiatiques, menace les principes mêmes sur lesquels repose la justice des mineurs depuis l’ordonnance de 1945. Il ne fait qu’aggraver une crise de sens, où l’on renonce à comprendre pour mieux condamner, où l’on prétend restaurer l’autorité en abîmant l’État de droit.
Du cynisme parlementaire pur jus qui permet de masquer l’urgence véritable : la justice sociale et le pouvoir d’achat.
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