À Pontcharra, le patron de l’entreprise de mécanique CMB annonce aux vingt-cinq salariés leur départ forcé. Sans passer par les procédures.
Une note de service le vendredi 24 juillet : vous êtes licenciés dès aujourd’hui ! Les portes de l’usine cadenassées le lundi 27 juillet, les salariés obligés de rester dehors ! Le PDG de CMB (Constructions mécaniques Bernard) ne s’embarrasse pas des procédures légales pour fermer l’entreprise et mettre à la rue vingt-cinq salariés. Un patron d’ailleurs invisible depuis près d’un mois. L’affaire provoque la stupeur dans la petite ville de Pontcharra (9 000 habitants), dans l’Isère.
Le 21 juillet, le tribunal de commerce avait entamé la liquidation judiciaire de CMB, mais la procédure n’était pas arrivée à son terme. Le chef d’entreprise, Adalberto de Carvalho, a brûlé les étapes, en toute illégalité, n’informant même pas l’inspection du travail de la mise sur le carreau de vingt-cinq personnes. Pourquoi cette brutale décision ? André Dufayard, délégué du personnel CGT, n’a jamais pu obtenir du PDG des informations sur la situation économique de l’entreprise. Tous les salariés avaient constaté une baisse du volume de travail mais le carnet de commandes semblait se remplir de nouveau. Ils eurent aussi connaissance, ces derniers temps, des discrètes tentatives du patron pour vendre CMB, qu’il avait lui-même rachetée en janvier 2000.
La mystérieuse disparition du PDG laisse supposer que sa décision de fermeture était préméditée. De source syndicale, il avait enlevé début juillet son nom de la boîte à lettres. Alberto de Carvalho serait malade et hospitalisé mais les salariés n’ont pu vérifier cette rumeur. À défaut du patron volatilisé, c’est son avocat, Me François Pasquier, qui s’est manifesté : « C’est une maladresse », a-t-il concédé à propos des méthodes du PDG. Mais l’avocat renvoie la balle dans le camp du tribunal de commerce, qui avait engagé la procédure de liquidation judiciaire.
Pour le moment, le personnel est sous le choc. Regroupé lundi devant les portes closes de l’usine, il a déployé une banderole : « 25 familles sacrifiées ». Yvette Tosolini, première adjointe au maire, a rencontré les salariés : « Ce patron n’a aucun respect de l’être humain. La procédure est malhonnête, infâme et illégale ! » La mairie apportera tout son soutien aux employés. Le mandataire, nommé mardi par le tribunal de commerce, a assuré que les salaires de juillet seraient versés. Mais après ?
« C’est un énorme gâchis, accuse André Dufayard. CMB existe depuis un siècle. Elle est spécialisée dans la mécanique de précision et la chaudronnerie fine. » Aujourd’hui, les salariés veulent savoir la situation économique exacte de ce qui est encore leur entreprise, en attendant l’arrivée des lettres de licenciement. « Nous allons tenter de nous battre pour faire reconnaître que le patron nous a roulés dans la farine. Nous lui demandons des comptes. » Les salariés rencontreront le mandataire le 4 août. L’occasion pour eux d’en savoir plus.
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