Un séisme électoral et politique inédit
La
situation issue des campagnes et élections présidentielles et
législatives 2017 ne constitue pas seulement un nouveau et profond
séisme de la vie politique française, elle en accélère le remodelage de
façon inédite.
Les
deux principales formations politiques qui ont dirigé le pays n'ont pu
accéder au second tour de l'élection présidentielle. Et l'abstention a
atteint, aux élections législatives de juin, un niveau historique
dramatique qu'il faut comprendre comme une forme de rejet des pratiques
et des institutions politiques confisquées et sclérosées. La nature même
du régime est en plein bouleversement, et les libertés et droits
démocratiques, humains et sociaux de notre peuple sont menacés.
Le
président Emmanuel Macron sort conforté d'une majorité absolue à
l'Assemblée nationale pour mettre en œuvre sans plus tarder ses projets
de destruction du modèle social français. Le Parti communiste français,
ses militant-e-s et ses élu-e-s, seront dès cette semaine dans toutes
les luttes et tous les rassemblements pour imposer des reculs au chef de
l'Etat, à son gouvernement, sa majorité et au Medef dont président,
ministres et député-e-s d'En Marche ! protègent les intérêts.
La question de l'avenir de notre combat posée
La
nouvelle situation politique interpelle directement toutes les forces
politiques, et pour ce qui nous concerne, elle pose directement la
question du rôle et de l'avenir de notre parti.
Dans
un contexte de profondes divisions de la gauche de transformation
sociale, divisions que le PCF, malgré ses initiatives, n'a pas été en
mesure de résorber, le Parti communiste essuie un véritable échec
électoral même si l'élection et la réélection de 11 député-e-s
manifestent une réelle capacité de mobilisation, de rassemblement et de
résistance. Notre parti reste confronté aux problèmes institutionnels du
présidentialisme qu'il n'a pas su à ce jour résoudre.
Le
Conseil national du PCF tient à remercier chaleureusement les 524
candidates et candidats, les secrétaires fédéraux qui les ont appuyés
dans leurs campagnes, les milliers de militantes et militants du Parti
qui sont allé-e-s partout à la bataille pour arracher des avancées
électorales, et la victoire dans les 11 circonscriptions de nos
député-e-s.
Le
Conseil national félicite ces derniers pour leur élection ainsi que
toutes celles et ceux élu-e-s au second tour grâce au rassemblement de
la gauche auquel le PCF a contribué.
Nous
saluons également l'entrée au Parlement européen de notre camarade
Marie-Pierre Vieu qui vient renforcer le groupe GUE-NGL dont Patrick Le
Hyaric est vice-président.
Nous
voulons enfin adresser nos amitiés aux député-e-s sortant-e-s du groupe
GDR qui ne se représentaient pas ou n'ont pas été réélu-e-s.
Nos
député-e-s et le groupe qu'elles et ils ont décidé de former avec 4
député-e-s des Outre-Mers seront un point d'appui précieux pour les
luttes qui s'annoncent et les conquêtes à venir du mouvement social et
citoyen de notre pays. Leur volonté de rassemblement reste intacte
puisque les député-e-s communistes proposent la création d'un « comité
de liaison » avec le groupe France insoumise afin de coordonner au mieux
l'activité législative et de faire obstacle efficacement aux mauvais
coups du gouvernement d'Edouard Philippe.
Pour un processus de débats et d'actions vers un congrès extraordinaire en 2018
Le
Parti communiste français est appelé à se réinventer s'il tient à
contribuer dans les mois et années à venir à l'amorce d'un processus de
transformation sociale au service des intérêts populaires de notre pays.
Le
PCF se doit de remettre en chantier une stratégie et des pratiques de
conquêtes et de victoires durables pour la transformation sociale. Cela
exige de notre part de nous réinventer pour être un parti communiste du
XXIe
siècle à la hauteur de cet objectif tout en travaillant à l'émergence
d'une construction politique, à vocation majoritaire, de l'ensemble de
la gauche de transformation sociale.
Le
Conseil national du PCF invite les communistes à ouvrir dès à présent
un processus de débats, d'actions et d'élaboration collective qui
verrait son aboutissement en 2018 par la tenue d'un congrès national
extraordinaire dont les thèmes et questions à trancher seront élaborés
par les adhérents du Parti eux-mêmes.
Pour un bilan approfondi et collectif
Le Conseil national s'accorde sur le fait qu'un bilan poussé et collectif s'impose à présent à notre parti et à ses directions.
Un
bilan qui permette de faire, clairement et lucidement, la part des
problèmes politiques présents et de l'expérience de ces 15 derniers
mois, de celle des problèmes structurels et stratégiques qui sont les
nôtres depuis des années.
Ce
travail, pour aboutir, a besoin de l'intelligence collective des
communistes, et oblige par conséquent les directions à tous les échelons
du Parti à travailler pour réunir les conditions les plus favorables,
sous toutes les formes, à la participation de chaque communiste aux
débats, élaborations, décisions et leurs mises en œuvre.
Une première liste ouverte de questions à traiter
Le
Conseil national a commencé à échanger autour de problématiques que
soulèvent les débats des communistes et qui demanderaient un travail
collectif de conception et d'action :
-
Comment redevenir le parti des classes populaires, au travail, à l'entreprise, dans les quartiers populaires et la ruralité ?
-
Quelle stratégie de transformation concrète de la société, comment devenir un parti de la conquête citoyenne, dans une visée révolutionnaire ?
-
Comment, à partir de nos bonnes pratiques locales et du travail de nos élu-e-s, de toutes nos expérimentations militantes, construire des outils de notre stratégie nationale de transformation sociale ?
-
Quel rassemblement voulons-nous, avec qui, comment ?
-
Quel nouveau modèle d'organisation ?
-
Quelle conception des collectifs de direction ?
-
Comment reconstruire notre communication et notre identification ?
-
Quels moyens humains et financiers pour mettre en œuvre ces politiques ?
Ces
premiers éléments doivent être critiqués et enrichis par les
communistes eux-mêmes au cours de l'été au moyen d'un document
permettant de formuler les questions politiques à traiter au congrès.
Une proposition de calendrier
Nous proposons qu'une première phase de discussions et de prises d'initiatives se déroule d'ici au 14 octobre 2017 avec la tenue d'une assemblée nationale des animatrices et animateurs de section. Celle-ci
tirera le bilan de cette phase de consultation et contribuera à établir
l'ordre du jour du congrès avant validation par le Conseil national.
Le
Conseil national souhaite que ce travail, le plus collectif et commun
possible, soit animé au-delà de lui-même et du Comité exécutif national
par des groupes de travail composés de responsables fédéraux et locaux,
de militant-e-s et d'élu-e-s engagé-e-s concrètement sur les questions à
traiter.
La
date elle-même du Congrès extraordinaire – soit avant l'été 2018, soit à
l'automne 2018 – sera déterminée par les adhérent-e-s lors d'une
consultation nationale.
Le Conseil national se réunira en séminaire de travail le 25 août, à l'Université d'été du PCF, pour préparer l'Assemblée nationale des animatrices et animateurs de section d'octobre 2017.
L'Université
d'été du PCF (Angers, 25-27 août) et la Fête de l'Humanité 2017 (La
Courneuve, 15-17 septembre) constitueront deux rendez-vous nationaux
importants dans ce processus général.
Pour débuter, les travaux de la réunion de juin du Conseil national doivent faire l'objet de comptes-rendus
dans toutes les sections et fédérations du Parti, de journées de
travail locales, et les débats, propositions et demandes des communistes
consignés par écrit et transmis à la présidence du Conseil national
pour une diffusion plus large.
Des mobilisations immédiates à engager
Le
PCF affrontera tous les défis de la nouvelle période – ceux auxquels
notre peuple et notre pays font face, ceux qui le concernent directement
et ceux d'une gauche fracturée et émiettée – dans la lutte et l'action.
Le
PCF appelle à la mobilisation de toutes les forces, individuelles et
collectives, de la transformation sociale, démocratique et citoyenne,
pour relever ensemble tous ces défis.
Le
président Macron et son gouvernement veulent clore leur prétendue
concertation sociale avant de l'ouvrir réellement en faisant adopter par
ordonnances leur projet de flexibilisation maximale du travail.
Le
PCF s'engage dans la bataille contre ces lois d'ordonnances et pour une
loi de sécurisation de l'emploi et de la formation afin de lutter
efficacement contre le chômage. Pour contribuer à la mobilisation
populaire la plus large possible, les communistes organiseront pendant
toute la période estivale, partout en France, des initiatives publiques
de la campagne « L'été n'est pas fait pour casser le Code du travail »,
lancée le 1er juin.
Le
PCF, engagé également dans la bataille pour la démocratisation des
institutions et la défense des libertés publiques, appelle à se
mobiliser pour la mise en place du scrutin proportionnel, et prendra une
part active à toutes les mobilisations contre le projet d'introduction
de l'état d'urgence dans le droit commun.
Le
PCF entend faire de ces trois mois à venir l'été des solidarités et de
la fraternité en organisant notamment avec toutes celles et tous ceux
qui le souhaitent des journées à la mer et des ventes de fruits et
légumes solidaires directes du producteur au consommateur.
Du
4 au 9 septembre, semaine de la rentrée scolaire, les communistes de
tout le pays prendront des initiatives de mobilisation pour un grand
service public de l'école.
La
Fête de l'Humanité 2017, fête de la fraternité, de la liberté et de
l'égalité, fête des solidarités populaires et de la grande paix humaine,
sera en septembre le lieu de centaines de débats politiques sur les
défis du moment et un rendez-vous national de lutte et de riposte. Plus
que jamais à cette heure, elle est la Fête de L'Humain d'abord face « au
chacun pour soi et l'argent pour quelques-uns ».
La
diffusion de sa vignette-bon de soutien sous l'impulsion du collectif
national, animé par Nathalie Simonnet, sera lancée nationalement le 28
juin à 19h lors de l'initiative publique sur le parvis du siège du Parti
avec Patrick Le Hyaric, directeur du journal, Fabien Gay, directeur de
la Fête, Nathalie Simonnet et Pierre Laurent.
Les
élections sénatoriales de septembre constitueront la troisième et
dernière étape du cycle électoral 2017. Leurs enjeux, malgré le type de
scrutin, concernent directement l'avenir de nos communes et territoires
dont la cohésion et le développement exigent des politiques fondées sur
l'ambition d'une République pour tou-te-s. L'élection de nombreuses
sénatrices et nombreux sénateurs communistes et de candidat-e-s
soutenu-e-s par notre parti constituera une force de résistance et
d'alternative offensive au Sénat contre les projets gouvernementaux.
Ouvrir un débat large pour réinventer à gauche
Le
Parti communiste français ne se résout pas à la crise et
l'affaiblissement historique de la gauche dans notre pays, et relève le
défi de la reconstruction de la gauche. Il invite l'ensemble de ses
organisations locales et départementales à s'adresser aux millions de
femmes et d'hommes de notre pays qui veulent redonner à la gauche tout
son sens et qui sont prêt-e-s à réfléchir, débattre et agir avec toutes
les forces engagées au service du mouvement populaire et citoyen dans
cet objectif, tout particulièrement dans le cadre de luttes politiques
et sociales de riposte à la politique d'Emmanuel Macron.
Pour
sa part, le PCF, son secrétaire national Pierre Laurent, invitent à
l'Université d'été du PCF puis à la Fête de l'Humanité, plusieurs
dizaines de personnalités avec lesquelles ce dialogue est en cours et la
volonté d'agir est partagée.
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