Chers camarades,
chers amis, chers invités et conférenciers,
chers amis, chers invités et conférenciers,
J’espère que pour vous toutes et tous les travaux de notre université d’été ont bien commencé.
Je
veux d’abord vous remercier pour la belle fraternité de ce
rassemblement. Nous sommes heureux de coupler cette année notre forum
estival avec le campus des élus. Je leur adresse également mon salut.
Nous sommes plus de mille au total et nos échanges s’annoncent d’une
grande richesse. Quel beau moment d’éducation populaire! La politique
pour nous n’est pas une profession, c’est l’exercice du partage
démocratique, c’est l’apprentissage du pouvoir citoyen, c’est un
terrain de conquête pour l’émancipation.
Voilà pourquoi chaque année l’utilité de notre université est un cinglant démenti aux fossoyeurs des partis.
Ici,
nous nous éduquons librement, sans tutelle. Et c’est cette conquête
politique de la liberté de pensée, d’analyse, d’organisation et
d’action, qui nécessite l’appropriation de savoirs, que les puissants
voudraient s’arroger pour eux seuls. Au peuple, ils voudraient réserver
la vulgate et le martelage de leurs schémas idéologiques.
Nous, nous voulons notre autonomie, nous prenons parti pour être libres et agir en citoyens éclairés sur les enjeux du monde.
Notre
université d’été, c’est aussi le premier acte de notre rentrée
politique. Je dis bien le premier, surtout cette année, car en ce mois
de septembre les rendez-vous de lutte ne manqueront pas, et notre
rentrée connaîtra comme chaque année son point d’orgue à la Fête de
l’Humanité les 15, 16 et 17 septembre. La Fête de l’Humanité demeure,
et de loin, le plus grand rassemblement populaire, culturel et politique
de notre pays. C’est là aussi un beau et grand moment de culture et
d’émancipation. La Fête, c’est le rendez-vous de tous les combats, de
tous les débats, de toutes les cultures, de toutes les fraternités, c’est
la fête du journal de Jaurès, le seul quotidien national qui, avec son
magazine l’Humanité Dimanche, continue de tenir tête, en toute
indépendance, aux puissances d’argent.
La
Fête, c’est le rendez-vous de la jeunesse, de l’engagement
désintéressé, du bénévolat militant, de la solidarité internationale.
Dans les trois semaines qui viennent, la préparation de la Fête devra
être notre priorité à tous, en lien direct avec l’effervescence sociale
qui s’annonce et à laquelle la Fête va donner une immense caisse de
résonance quelques jours après la journée de mobilisation syndicale du
12 septembre. Je vous appelle à consacrer toute votre énergie à sa
réussite.
Chers camarades, j’espère que vous avez refait le plein d’énergie. Car j’irai droit au but.
La rentrée à laquelle je vous appelle est une rentrée sur les chapeaux
de roue, une rentrée de combat et de riposte, une rentrée de créativité
politique pour notre parti, une rentrée de construction et de
rassemblement pour l’alternative au pouvoir Macron.
Oui, une rentrée de combat,
car le pouvoir Macron n’a pas tardé à frapper. Il paraît qu’il ne
devait être « ni de droite, ni de gauche », ce pouvoir. Mais il ne
frappe en tous cas que d’une seule main, la droite !
26.000 euros de frais de maquillage n’auront pas suffi à masquer très longtemps le vrai visage du nouveau pouvoir.
Les
coups pleuvent et d’abord sur les plus fragiles : la baisse de
l’APL, du jamais vu, cinq euros dont beaucoup ne semble même pas mesurer
la valeur ; la suppression de 293.000 emplois aidés, un vrai massacre
social et associatif ; les ordonnances pour précariser tous les
contrats de travail ; la hausse de la CSG qui, n’en déplaise aux
additions truquées du gouvernement, va entamer le pouvoir d’achat des
salariés et plus durement encore des retraités ; l’austérité inégalée
programmée pour les communes et les services publics… Et tout çà pour quoi ?
Pour
baisser l’ISF, pour sacrifier les budgets publics au remboursement de
la dette aux créanciers de la finance, pour protéger les taux de profit
des plus gros actionnaires, des plus grands groupes… Pas une seule
mesure envisagée pour rétablir la justice fiscale, pour taxer les
revenus financiers, pour combattre l’évasion fiscale illégale comme
légale quand elle est baptisée optimisation, pour réorienter l’usage des
profits, du crédit bancaire et de la création monétaire.
La proposition des frères Bocquet d’une COP fiscale mondiale,
adoptée par une résolution de l’Assemblée nationale à la toute fin du
quinquennat Hollande, est restée lettre morte et absente des dossiers
présidentiels lors de tous les sommets et rencontres internationales
pourtant multipliés par le Président depuis son élection.
Le
pouvoir Macron a beau user et abuser de communication sur le thème du
renouveau et de la moralisation, le masque est tombé dès cet été. Le
livre que publie André Chassaigne en cette rentrée décrypte à point
nommé le projet présidentiel pour en dire la vérité. C’est un pouvoir
libéral au service des mêmes logiques, des mêmes intérêts financiers,
c’est le pouvoir des 1 % contre les 99 %, un pouvoir qui croit tout
savoir mieux que tout le monde, un pouvoir cynique, immoral, enclin au
passage en force. Et qu’on ne vienne pas nous bassiner avec la
transparence du statut de la première dame. Ce statut n’est pas un
progrès mais un signal monarchique de plus, qui révèle la tentation
permanente créée par ce régime ultraprésidentialisé pour tous les
attributs du pouvoir personnel.
Nous ne voulons ni de première dame, ni de premier homme. La royauté a pour nous toujours la tête coupée. Nous voulons la démocratie, un peuple souverain et un Parlement de plein droit élu à la proportionnelle !
Le
Président vient d’ailleurs de récidiver, comme il l’avait fait déjà à
plusieurs reprises, en affichant son mépris pour l’intelligence
populaire. « La France ne veut pas... » « La France ne comprend pas
...».
Ces
gens là, comme chantait Brel, n’aiment les Français que le temps d’une
élection. Et bien, ce sont les Français qui risquent de n’avoir aimé
Macron que le temps d’une élection !
* * *
Oui,
si nous le laissons faire, c’est un pouvoir libéral à force tendance
autoritaire qui va chercher à nous imposer sa loi. Le Parlement a été
abaissé en acceptant de voter le blanc-seing que constitue la loi
d’habilitation des ordonnances, avant même la fin des discussions avec
les syndicats. A quelques jours de la publication du texte des
ordonnances, les syndicats n’en connaissent toujours pas la teneur
détaillée et précise. A quelques jours de la publication du texte, et
après soi disant des semaines de concertation, ils en sont réduits,
comme l’a raconté Philippe Martinez chez Bourdin hier matin, a essayer
de lire à l’envers le texte que la ministre a sous les yeux quand elle
les rencontre. L’opération enfumage continue.
Mais
les députés macronistes, de droite et du centre, eux, ont déjà accepté
dès juillet de dessaisir la représentation nationale. C’est un déni de
souveraineté inacceptable sur un sujet aussi majeur.
Le
diable se cache dans les détails et il faudra suivre de près le texte
final du gouvernement. Mais tout ce que nous en connaissons annonce
clairement la couleur : la loi perd sa valeur première et un principe
de défaveur permettra dans bien des cas d’imposer dans l’entreprise des
normes sociales et des contrats de travail dégradés ; les facilitations
aux licenciements sont multipliées ; le recours à de nouveaux contrats
précaires est étendu pour contourner définitivement le CDI ; les
instances représentatives du personnel sont taillées ; des referendums
bidons du type « travailler plus ou c’est la porte » vont légaliser
le chantage patronal.
Je veux saluer le travail remarquable des parlementaires communistes tout au long de la session de juillet.
A
l’Assemblée nationale, notre groupe, rajeuni et renouvelé, a montré sa
combativité et une belle force de propositions. Avec les députés du
groupe de la France Insoumise, nos députés ont été les seuls à s’opposer
avec clarté à ce texte, défendant chaque fois qu’ils ont pu les
propositions issues de notre projet de loi de sécurisation de l’emploi
et de la formation. Car c’est de logique qu’il faut changer.
Le
capital veut la précarisation à outrance, même à haut niveau de
qualification. Et il n’aura pas de limites si nous les laissons faire. Nous, nous voulons une révolution du travail et de l’emploi, la construction d’un service public de l’emploi qui
assure à chacun tout au long de sa vie la continuité du droit à
l’emploi et à la formation, l’évolution nécessaire des métiers en ces
temps de révolution numérique, le libre choix de son orientation
professionnelle pour l’épanouissement au travail.
Le capital veut des pions de la mondialisation.
Nous, nous voulons pour chacun un travail épanouissant, utile à soi et à la société.
Nous
voulons prolonger par de nouvelles conquêtes historiques l’ambition
qu’affichait Ambroise Croizat, et qui allait déjà bien au-delà de la
seule Sécurité sociale : « le problème qui se pose à ceux qui veulent
apporter une solution durable au problème social, déclarait-il, est de
faire disparaître l’insécurité qui pèse sur tous ceux qui vivent de leur
travail. Il est de garantir à tous qu’en toutes circonstances ils
jouiront de revenus suffisants pour assurer leur subsistance familiale.
C’est ainsi seulement, en libérant les travailleurs de l’obsession
permanente de la misère, qu’on permettra à tous les hommes et à toutes
les femmes de développer pleinement leurs possibilités, leur
personnalité... ».
Le
temps est venu de donner une nouvelle réponse à cette ambition de
civilisation, de la même manière qu’il est devenu indissociable de
penser développement humain et protection de la planète. Oui, c’est un
enjeu de civilisation, a fortiori à l’heure de la révolution numérique.
Au
Sénat, notre groupe a relayé avec tout autant de combativité cette
bataille. Je veux souligner qu’au Sénat, nous sommes désormais les
seuls, comme groupe, à porter la voix de millions de travailleurs. Ce
sera d’ailleurs l’enjeu essentiel des élections sénatoriales du 24
septembre.
Y-aura
-t-il dans le futur Sénat un groupe pour porter la voix de l’opposition
au pouvoir Macron et des propositions sociales, écologiques et
démocratiques de progrès. Ce groupe, nous sommes les seuls capables d’en
garantir la constitution. Sans ce groupe, le Sénat ne serait plus
qu’une chambre de négociations entre la droite et les macronistes,
ouvrant la voie à de nouvelles régressions, rendant même possibles des
réformes constitutionnelles contournant la consultation des Français par
référendum. Dans les départements concernés, les communistes ont quatre
semaines pour relever ce défi en cherchant à faire converger le maximum
de grands électeurs progressistes concernés.
Et ce défi, j’en suis certain, nous allons le relever !
A la Fête de l’Humanité, je
prononcerai le discours du meeting le dimanche après-midi entouré de
tous nos parlementaires, député(e)s, sénatrices, sénateurs et chefs de
file à ces élections, et je dirai avec force ce jour là la
révolution démocratique à laquelle nous appelons notre pays, face aux
dérives autoritaires qui rongent notre démocratie, et qui se répandent
avec danger sur la planète toute entière.
D’ici là, et pour les semaines qui suivront, nous préparerons la Fête de l’Humanité dans l’action,
en proposant la venue à La Courneuve à toutes celles et ceux qui
veulent agir et donner de la force à leurs mobilisations. Et nos
parlementaires, les dirigeants de notre parti, les artisans de la
rédaction de notre projet de loi pour la sécurisation de l’emploi sont à
la disposition du pays pour animer partout où vous les solliciterez le
débat public sur les ordonnances.
Le
12 septembre, nous serons mobilisés dans tout le pays à l’appel des
organisations syndicales pour le premier grand rendez-vous national de
mobilisation contre les ordonnances Macron, cette loi travail XXL. Le
texte du projet sera alors normalement connu et le travail de révélation
de ces dangers devra être partout amplifié. Une carte-pétition et une
adresse nationale de nos parlementaires nous aideront à mener ce travail
de contact avec le maximum de salariés.
Nous porterons dans chaque circonstance nos propositions pour un Code du travail rénové. Réussir ce premier rendez-vous est capital pour enclencher un mouvement d’ampleur.
Il
faudra d’autres rendez-vous. La Fête de l’Humanité sera le premier.
Elle peut mettre la jeunesse dans le coup et il y a beaucoup de
convergences à construire. Nous devrons alors veiller pour la suite à
respecter les responsabilités des organisations syndicales, en
répondant présents aux rendez-vous qu’elles fixeront, et en encourageant
tous les processus unitaires à même de porter le plus loin la
nécessaire levée en masse, seule capable d’empêcher la ratification des
ordonnances et leur mise en œuvre. Nous mettrons tous les espaces de la
Fête de l’Humanité au service de cette mobilisation, en y invitant
massivement au débat syndicalistes et travailleurs concernés.
* * *
J’ai parlé de convergences. C’est essentiel.
L’annonce du gouvernement sur la suppression de près de
300 000 emplois aidés est irresponsable.
300 000 emplois aidés est irresponsable.
Pour
les familles, pour les collectivités locales, pour les écoles, pour les
associations, qui bénéficient de ces missions, c’est un terrible coup
dur. Ce qui devrait être entrepris, c’est l’inverse : sortir ces
emplois de leur précarité actuelle pour aller vers leur sécurisation et
leur qualification. Ça, ce serait utile à la lutte contre le chômage. Je vous propose de créer des collectifs de riposte concrets partout où
le cas se présente pour engager la bataille de la défense de ces
emplois, de leur transformation pérenne. Et avec nos élus et
parlementaires, je propose de rencontrer tous les acteurs concernés pour
envisager les mobilisations nationales nécessaires.
Je
crois que nous devrions procéder ainsi sur tous les fronts , en
organisant concrètement les ripostes : pour les moyens de nos communes
et les budgets de nos services publics, pour l’inscription des
étudiants à l’université, pour la rentrée scolaire, où les effets
d’annonce sur les 12 élèves par classe ont fait long feu pour laisser
place à un discours du nouveau ministre Jean-Michel Blanquer ouvrant de
plus en plus clairement à la privatisation des missions publiques
d’éducation.
Notre présence nationale devant les établissements scolaires la semaine de la rentrée doit être partout organisée.
Enfin,
permettez-moi de dire un dernier mot, mais il y aurait tant à dire sur
tant de sujets, sur le logement. La politique qui se profile est
scandaleuse : à la baisse de l’APL s’ajoute déjà la décision
d’assouplir le dispositif de la loi SRU. C’est une démission en règle
devant les exigences du marché qui s’annonce, alors même que le logement
devrait être une priorité nationale en brisant justement les reins
d’une spéculation qui organise la pénurie de logements abordables et de
qualité pour le plus grand nombre. Je le dis aux élus, aux associations,
aux locataires, aux demandeurs de logement, aux architectes et
urbanistes de ce pays qui s’alarment de la privatisation grandissante de
nos villes, le Parti communiste est disponible pour construire une
riposte nationale d’ampleur à ces attaques et une mobilisation nationale
pour une grande politique progressiste du logement dans notre pays.
Voilà
là encore, un magnifique sujet de créations de centaines de milliers
d’emplois, en lien avec une véritable ambition sociale et écologique
pour le pays !
Je
le dis solennellement : sur tous ces terrains, nous combattrons la
politique gouvernementale avec la ferme volonté de lui imposer des
reculs et de promouvoir dans l’action et la conscience de millions de
nos concitoyens des propositions alternatives efficaces et crédibles.
Nous n’allons pas jouer les pleureuses en attendant cinq ans la
prochaine élection présidentielle.
Nous voulons battre ces choix et en imposer d’autres chaque fois que ce sera possible, partout où cela sera possible.
* * *
Je vous ai dit rentrée de combat et de riposte, mais au cœur de l’action, je vous propose aussi une rentrée de créativité politique.
Oui,
il nous faut plus que jamais de l’audace. Le monde que nous vivons est
rempli de paradoxes. Dans la crise mondiale et nationale que nous
traversons, se confrontent sans cesse l’émergence et la recherche du
nouveau, comme les dangers de la régression et de la guerre.
Chaque
jour nous voyons la misère se répandre, les difficultés de vie se
développer, le capital inventer de nouvelles manières d’exploiter, Trump
affoler la planète avec ses délires racistes, nationalistes et
guerriers, le terrorisme frapper, nous constatons les ravages et les
aberrations de ce monde capitaliste qui ne vit que pour l’argent, qui ne
sait plus respecter le travail, la dignité humaine, la planète.
Mais
chaque jour aussi, nous voyons des femmes et des hommes chercher à
mieux vivre, à mieux travailler, à mieux coopérer, inventer de nouvelles
manières de s’associer, de produire, d’échanger.
Nous
voyons la solidarité s’exprimer, l’Amérique anti-Trump se mobiliser,
Barcelone, sa maire Ada Colau et ses habitants tenir bon comme Paris
après Charlie.
Ce
monde est chaque jour à la croisée des chemins, chaque jour en
équilibre entre le chaos capitaliste et l’espoir d’une autre mondialité
de paix et de solidarité. Chaque question du quotidien devient un choix
de société : faut-il accueillir des migrants, et c’est notre
rapport au monde qui est questionné ? Faut-il accepter le pistolet sur
la tempe de travailler le dimanche, et c’est le sens du travail qui est
sur la sellette ? Faut-il continuer à payer un loyer inabordable pour se
loger et laisser Rn’B privatiser nos villes ? Faut-il manger aux
conditions de géants transnationaux de l’agro-business sans scrupules ?
Nous
sommes, nous, nos concitoyens, des millions à nous poser chaque jour
ces questions et à osciller entre l’espoir d’une autre monde possible,
et tellement nécessaire, et la difficulté de lui ouvrir un chemin, voire
le sentiment de son impossibilité.
Oui, l’état du monde nous inquiète
parce que nous voyons bien que la crise profonde, majeure, durable,
structurelle, et probablement civilisationnelle du mode de production
capitaliste à l’échelle mondialisée fait courir à la planète des dangers
inégalés.
Mais,
nous voyons aussi que cette situation pose au monde des questions
sociales, écologiques, éthiques, culturelles, et finalement elles aussi
civilisationnelles inédites. La question du changement, du changement profond de société, de modèle, de paradigme est concrètement posée à notre monde.
Elle est à l’ordre du jour comme jamais.
L’hypothèse
géniale de Marx et d’Engels, qui reposait déjà sur tant de travail,
d’études et d’analyses, si bien contée dans le film « Le jeune Karl
Marx » qu’est venu nous présenter Raoul Peck, devient aujourd’hui un
chemin crédible de dépassement des aliénations capitalistes. Oui, le XXIème siècle peut être celui du dépassement progressif du système capitaliste, de ses logiques prédatrices, inégalitaires et surannées.
Jamais,
notre communisme, celui du dépassement progressif et concret de ces
logiques pour de nouvelles logiques du commun, de la coopération, de la
liberté contre les dominations, n’ a trouvé autant d’actualité. Mais ce
chemin est un chemin de luttes de classes intenses et durables, un
chemin de constructions progressives, concrètes, sans cesse renouvelées.
Il doit être un chemin de démocratie sans cesse approfondi pour faire
reculer les coûts et les gâchis du capital, pour donner toujours
davantage d’espaces et de pouvoirs aux citoyens, pour partager toujours
davantage de savoirs pour conquérir toujours plus d’autonomie, pour
créer une société d’individus libres, solidaires et associés, où la
coopération prime sur la compétition.
Cette
création continue, dans le mouvement concret de la lutte des classes,
des luttes pour l’émancipation humaine, c’est notre communisme, notre
communisme du quotidien, appelé à faire grandir dans les plaies de la
crise un monde nouveau qui pousse à la porte.
Nous
sommes des résistants, et il n’ y a pas meilleurs résistants que nous
quand il faut faire face dans le combat. Mais notre projet communiste
n’est pas la résistance, notre projet, c’est la conquête citoyenne,
c’est la libération concrète et progressive de la société des entraves
et des gâchis capitalistes.
Voilà
pourquoi je ne crois pas à la nécessité d’une parenthèse « populiste »
fut-elle baptisée de gauche, qui, face à la crise démocratique, à
l’impuissance construite du politique, substituerait, comme un sas de
transition obligé vers une future renaissance démocratique, la logique
de l’identification, où chacun accepte de délaisser une part de sa libre
initiative, en lieu et place de la construction d’une intervention
populaire large, diversifiée, autonome. Non, le PCF et notre projet de transformation sociale concrète ne sont pas solubles dans le populisme de gauche.
Je ne dis pas cela pour créer je ne sais quelle polémique. Je dis cela
pour souligner l’atout que représente le Parti communiste et
l’originalité de sa démarche.
* * *
Vous le savez, je pense que l’heure est venue de notre propre révolution politique, de notre réinvention en quelque sorte.
Réinvention, ce ne veut évidemment pas dire que nous partirions d’une
feuille blanche. Se réinventer pour moi, c’est changer tout ce qui doit
l’être sans tabou pour pouvoir jouer à nouveau pleinement notre rôle, à
la hauteur des enjeux de la période. Une réinvention résolument offensive et conquérante, parce que notre audace doit être le contraire d’un renoncement.
Parce que notre force, avec son originalité culturelle, d’idées, de
projet, de pratiques, reste indispensable à la reconstruction d’un
projet majoritaire de transformation sociale.
Il
rêve, ce Pierre Laurent, diront certains après une année politique si
trouble, si paradoxale, si chaotique, si incertaine, si dure à vivre.
Oui,
c’est vrai, dans la tornade politique que nous venons de vivre, rien
n’a été simple. Nous avons marqué des points et subi des revers.
Certes,
nous n’avons pas, cette fois encore, su déjouer le piège présidentiel,
qui s’est refermé sur le pays avec ce second tour Macron-Le Pen. Nous
avons contribué au score remarquable de Jean-Luc Mélenchon, nous avons
élu un groupe à l’Assemblée nationale, une gageure dans cette tornade
politique, aux côtés d’un groupe de la France Insoumise. Mais dans
notre score législatif, nous avons payé cher le prix de la
présidentialisation comme celui de la ringardisation des partis
orchestrée par tous les candidats à la présidentielle, y compris celui que nous soutenions. De tout cela, nous avons à tirer leçons et bilan.
Et nous allons le faire, en prenant le temps d’un débat approfondi.
Mais
dans cette situation aussi difficile que passionnante et inédite,
concentrons nous sur l’essentiel : les immenses espaces qui continuent
d’exister pour transformer l’aspiration au changement, l’envie d’un
nouveau mode de vie en projet politique progressiste et en conquêtes
démocratiques.
C’est
la recherche de la nouveauté qui a fait gagner Macron. Mais si Macron a
capté le besoin de renouveau au profit d’une recomposition unissant
libéraux de droite et socio-libéraux, la majorité de la société n’a pas
adopté sa doctrine libérale. C’est bien plus compliqué que cela. La
société a cherché à débloquer un système politique verrouillé qui se
reproduit sur lui-même et tourne en boucle autour des mêmes recettes.
Voilà d’ailleurs pourquoi les contradictions du macronisme exploseront
elles aussi à leur tour. La société n’en restera pas là.
Quelles
que soient les difficultés, les contradictions, ne perdons jamais de
vue la recherche de neuf, de progrès nouveaux, d’un nouveau mode de vie
et de développement qui travaillent en profondeur la société française,
comme une bonne partie de la planète. Et ayons l’ambition d’être en toutes circonstances les bâtisseurs du commun. Oui, les bâtisseurs du commun !
Nous
savons faire beaucoup de choses, mais qui sait que tout cela forme en
réalité notre projet, une visée cohérente ? Bien trop peu.
40.000
personnes privées de vacances viennent à nouveau cet été, grâce aux
élus et militants communistes, de partir une journée à la mer. Ils
étaient encore quatre mille sur les plages de Malo-les- Bains grâce aux
communistes du Nord la veille de l’ouverture de notre université d’été.
Nos journées solidaires de vente de fruits et légumes connaissent un
succès grandissant d’année en année. En ce moment, les communistes de
Grigny organisent la collecte de vêtements et tous biens de première
nécessité pour 250 familles qui ont tout perdu dans un terrible incendie
dans cette ville. A Paris, Ivry, dans la vallée de la Roya dans les
Alpes Maritimes, dans le Pas de Calais, les communistes sont dans
l’action concrète aux côtés des migrants pour un accueil digne des
valeurs humaines. La solidarité est pour nous un projet, une vision
politique de la société et du monde.
Les
SCOP-TI, les ex-Fralib, sont parmi nous à cette université d’été. Ils
ont besoin de notre engagement. Nous sommes là, à nouveau. Parce que
leur combat n’est pas seulement une lutte, c’est un projet humain, un
projet de vie et de travail, un projet politique coopératif qui nous
intéresse.
Nous
portons en toutes circonstances l’exigence d’une autre utilisation de
l’argent et d’un autre rôle pour les banques, de l’exigence d’une COP
fiscale mondiale au financement des PME, de la création d’un pôle public
bancaire à la création d’un fonds européen pour le développement social
et écologique, parce que nous voulons faire grandir la conscience que
monnaie et crédit doivent redevenir des biens communs utiles au
développement de tous.
Nous
voulons mettre en commun toutes les forces disponibles pour se mêler
du dossier de la nationalisation des chantiers de Saint-Nazaire. Parce
que nous voulons un projet d’intérêt national pour la navale française,
pas seulement un rafistolage capitalistique à court terme , où les fonds
publics ne sont que les béquilles du capital.
Nous
sommes fiers de l’action de nos élus, qui fourmillent
d’expérimentations sociales, écologiques, urbaines, culturelles, qui
ouvrent les pistes de ce que pourrait être une société nouvelle, au
point que c’est souvent dans ces communes, pourtant loin d’être les
mieux dotées, que s’invente le plus pour la société toute entière.
Nous
organisons chaque année des rencontres politiques novatrices sur la
révolution numérique. Il est temps que nous passions aux travaux
pratiques pour inventer les nouveaux usages sociaux militants et
collaboratifs correspondant à ces novations.
C’est vrai pour notre propre Parti.
Nous
devrions porter plus fort encore chaque projet coopératif, social,
écologique, démocratique qui émerge en devenant des partenaires actifs
de toutes les innovations qui fourmillent dans la société, en cherchant
toujours à tirer vers le haut ces expériences de transformation.
Nous sommes des internationalistes
plus que jamais convaincus de la nécessité de construire nos luttes de
transformation à l’échelle européenne et mondiale. Nous sommes
pleinement engagés , comme parti hôte de cet événement, dans la
préparation du forum européen qui se prépare pour les 10 et 11 novembre à Marseille. Et nous lancerons dès cette année notre bataille en vue des élections européennes de 2019.
Nous avons l’ambition de redéployer notre activité pour la paix et nous serons une nouvelle fois partie prenante des marches pour la paix du 23 septembre,
un combat aujourd’hui consubstantiel à celui du développement humain,
du droit des peuples à disposer d’eux mêmes, des Palestiniens, des
Kurdes et de tant d’autres, de la lutte mondiale contre le réchauffement
climatique et pour les enjeux écologiques.
Nous
comptons redonner toute sa place à la lutte contre tous les racismes,
dans nos quartiers comme dans le monde à l’heure des délires de Trump (
allez voir "I am not your negro") ou des poussées xénophobes des
extrêmes-droites européennes.
Nous
soutenons la candidature des JO Paris en 2024 parce que nous voulons y
porter les enjeux d’un sport citoyen et populaire, désintoxiqué de la
finance, et que pour nous la joie d’un jeune gamin sur un stade, dans
une piscine ou dans un stade , ou la beauté d’un dribble de Neymar ne se
confond pas avec l’hystérie spéculative qui cherche à tout
marchandiser.
* * *
Oui,
être en toutes circonstances des bâtisseurs du commun, le parti de
toutes les causes communes pour l’émancipation , voilà qui dans la
situation confuse et troublée que nous connaissons redonnera du sens et
de la clarté à notre combat.
Nous
en avons les forces, je le pense, mais reconnaissons-le, dans un monde
et un rapport à la politique qui se bouleversent, nous n’avons pas
toujours la cohérence, l’efficacité, l’organisation, la communication,
l’ouverture, la facilité d’accès qui permettent de les déployer.
A
nous de repenser notre nouvelle organisation communiste, nos pratiques,
un nouvel âge de notre communication qui nous permettront de pousser
jusqu’au bout l’ambition d’ être le parti de toutes ces transformations
concrètes . Un siècle après notre fondation, sachons saisir la chance de notre propre révolution.
Je crois sincèrement que les conditions sont réunies pour un bon
qualitatif de nos transformations, que nos adhérents y sont prêts et que
des centaines de milliers de ceux qui nous entourent, nous côtoient,
nous apprécient, nous attendent, trouveraient alors dans ce mouvement de
fortes raisons d’espérer .
Nous
tiendrons notre congrès dès 2018, un an avant la date prévue, pour
prendre la mesure de la situation nouvelle , des responsabilités
qu’elle nous impose et des transformations que cela implique. Toutes
les questions seront mises entre les mains des communistes. Les
chantiers de travail de ce congrès seront précisément décidés lors d’une
assemblée nationale des animateurs des sections locales du Parti.
Le Conseil national réuni hier travaille sur un document de consultation des communistes
qui sera disponible dès la Fête de l’Humanité pour préparer cette
assemblée. A chaque étape, les communistes seront consultés et maîtres
des décisions. C’est ensemble et unis que nous conduiront le changement.
Ce
nouveau rôle, cette relance, ce nouveau Parti communiste qu’il nous
faut promouvoir tous ensemble est indispensable à la reconstruction
d’une gauche nouvelle, d’une majorité politique et populaire pouvant
demain constituer une alternative au pouvoir Macron. Communistes,
insoumis, écologistes, hamonistes, socialistes de gauche, citoyens
progressistes de tous horizons, cette majorité, nous devons commencer à
la construire ensemble.
Tous
nos efforts, toutes nos luttes, tous nos espoirs ne doivent pas demain
pouvoir à nouveau être confisqués. Nous ne voulons pas revivre le second
tour Macron-Le Pen. Il faut donc construire , sérieusement, patiemment.
Il faudra des alliances. Mais, aujourd’hui, elles doivent être
reconstruites et repensées. Il se fera beaucoup dans les luttes te les
mouvements citoyens.
Il
faudra le déploiement plus audacieux de notre propre initiative. Mais,
d’ores et déjà, nous tendons la main à tous. Nous voulons le dialogue,
la coopération, le respect. Les chemins du Front populaire et citoyen
que nous appelons plus que jamais de nos vœux ne sont pas écrits
d’avance. Le travail sur un pacte d’humanité, que nous avions entamé
avec plusieurs personnalités, doit être poursuivi.
Nous
sommes prêts à défricher tous ces chemins avec l’ensemble des forces,
personnalités, citoyens disponibles. Là encore, il ne faudra pas
craindre d’expérimenter.
Et
je veux lancer pour terminer une invitation à tous : rendez-vous à la
Fête de l’Humanité. Cette agora géante, où souvent se sont inventées ou
ont été amorcées des promesses nouvelles, est la vôtre. La Fête de
l’Humanité est une terre d’accueil, de débats, où la parole populaire
s’entend en direct. Cette année, elle sera le premier grand forum à ciel
ouvert de riposte à Macron et de reconstruction. Nous vous y attendons.
N’oubliez pas l’adage. Les absents ont toujours tort. Alors aux 15,16
et 17 septembre à La Courneuve !
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