La
communication orchestrée par le président de la République ne suffit
plus à séduire les Français, qui réalisent que c’est bien une politique
d’austérité qui est mise en œuvre. Analyse du politologue de l’Ifop,
Jérôme Fourquet, interrogé par l’AFP.
Deux
mois après son arrivée aux affaires, Emmanuel Macron accuse une chute
de popularité quasi inédite sous la Ve République, signe d'un profond
hiatus entre la communication présidentielle et la "politique
d'austérité" conduite par l'exécutif, analyse le politologue Jérôme
Fourquet, de l'Ifop.
Les enquêtes se suivent et se ressemblent, dix points de moins selon l'Ifop, huit selon Harris Interactive, sept selon YouGov...
Jérôme Fourquet - C'est une baisse inégalée lors du premier été d'un mandat présidentiel sous toute la Ve République. A une exception près, celle de Jacques Chirac, élu en 1995 sur la réduction de la fracture sociale et qui avait annoncé un tour de vis sur la Sécu considéré comme un reniement de ses promesses électorales. Emmanuel Macron était à 54% d'opinions favorables en juillet quand François Hollande était à 56% en juillet 2012 et Nicolas Sarkozy à 66% en 2007. La chute de popularité de Hollande était intervenue très rapidement mais avait été plus lente. Quant à Nicolas Sarkozy, il marchait toujours sur l'eau à la même période de son mandat.
Comment expliquer ce soudain dévissage ?
Jérôme Fourquet - C'est la résultante de mécontentements et de griefs divers qui émanent de catégories de la population très différentes. La baisse est particulièrement marquée dans la fonction publique, 18 points contre 10 en moyenne. Elle témoigne ici d'un mécontentement catégoriel et salarial: gel du point d'indice, retour du jour de carence vécu comme une mesure vexatoire, coupes budgétaires... Le deuxième foyer de mécontentement important, ce sont les retraités qui s'inquiètent vivement de la hausse annoncée de la CSG. Les critiques portent aussi sur l'attitude d'Emmanuel Macron à l'égard du général de Villiers. Beaucoup y voient un excès d'autoritarisme conjugué au reniement de la parole donnée sur le budget de la défense. A cela, s'ajoutent, plutôt dans l'électorat de gauche, des critiques sur la réception en grande pompe à Paris de Vladimir Poutine et Donald Trump. D'une manière générale, Emmanuel Macron sort de l'état de grâce pour rentrer dans l'atmosphère et assumer le coût politique de ses arbitrages.
C'est très clair sur un sujet phare de sa campagne, la suppression de la taxe d'habitation. A la suite du discours de politique générale d'Edouard Philippe, le trouble s'est installé parmi les électeurs les plus modestes qui pourraient en bénéficier mais ont compris qu'elle ne serait finalement appliquée que progressivement. Quant aux catégories les plus aisées, elles redoutent d'être une nouvelle fois les dindons de la farce et de payer pour tous les autres.
Un clair avertissement pour l'avenir ?
Jérôme Fourquet - Dans une partie de l'opinion commence à s'installer le sentiment d'avoir affaire à un grand séducteur et un communicant hors pair mais dont la communication hyper hollywoodienne et léchée est un instrument au service d'une politique d'austérité. Précisons que notre sondage a été réalisé avant l'annonce d'une baisse de cinq euros mensuels des APL et le coup de rabot de 300 millions d'euros pour les collectivités locales. Les Français mécontents ont l'impression qu'Emmanuel Macron poursuit exactement la politique antérieure ce qui est d'autant plus paradoxal qu'il n'a de cesse de vouloir se démarquer des erreurs de son prédécesseur et entend incarner une "nouvelle politique". Or c'est dans les premiers mois du mandat présidentiel que se figent l'image et la grille de lecture des Français. Et une fois que le pli est pris, il est très difficile de le défaire. Le risque qui guette aujourd'hui le président, c'est que les Français passent progressivement du "il est brillant et réussit tout ce qu'il entreprend" à "en fait, tout ça, c'est de la com'".
Les enquêtes se suivent et se ressemblent, dix points de moins selon l'Ifop, huit selon Harris Interactive, sept selon YouGov...
Jérôme Fourquet - C'est une baisse inégalée lors du premier été d'un mandat présidentiel sous toute la Ve République. A une exception près, celle de Jacques Chirac, élu en 1995 sur la réduction de la fracture sociale et qui avait annoncé un tour de vis sur la Sécu considéré comme un reniement de ses promesses électorales. Emmanuel Macron était à 54% d'opinions favorables en juillet quand François Hollande était à 56% en juillet 2012 et Nicolas Sarkozy à 66% en 2007. La chute de popularité de Hollande était intervenue très rapidement mais avait été plus lente. Quant à Nicolas Sarkozy, il marchait toujours sur l'eau à la même période de son mandat.
Comment expliquer ce soudain dévissage ?
Jérôme Fourquet - C'est la résultante de mécontentements et de griefs divers qui émanent de catégories de la population très différentes. La baisse est particulièrement marquée dans la fonction publique, 18 points contre 10 en moyenne. Elle témoigne ici d'un mécontentement catégoriel et salarial: gel du point d'indice, retour du jour de carence vécu comme une mesure vexatoire, coupes budgétaires... Le deuxième foyer de mécontentement important, ce sont les retraités qui s'inquiètent vivement de la hausse annoncée de la CSG. Les critiques portent aussi sur l'attitude d'Emmanuel Macron à l'égard du général de Villiers. Beaucoup y voient un excès d'autoritarisme conjugué au reniement de la parole donnée sur le budget de la défense. A cela, s'ajoutent, plutôt dans l'électorat de gauche, des critiques sur la réception en grande pompe à Paris de Vladimir Poutine et Donald Trump. D'une manière générale, Emmanuel Macron sort de l'état de grâce pour rentrer dans l'atmosphère et assumer le coût politique de ses arbitrages.
C'est très clair sur un sujet phare de sa campagne, la suppression de la taxe d'habitation. A la suite du discours de politique générale d'Edouard Philippe, le trouble s'est installé parmi les électeurs les plus modestes qui pourraient en bénéficier mais ont compris qu'elle ne serait finalement appliquée que progressivement. Quant aux catégories les plus aisées, elles redoutent d'être une nouvelle fois les dindons de la farce et de payer pour tous les autres.
Un clair avertissement pour l'avenir ?
Jérôme Fourquet - Dans une partie de l'opinion commence à s'installer le sentiment d'avoir affaire à un grand séducteur et un communicant hors pair mais dont la communication hyper hollywoodienne et léchée est un instrument au service d'une politique d'austérité. Précisons que notre sondage a été réalisé avant l'annonce d'une baisse de cinq euros mensuels des APL et le coup de rabot de 300 millions d'euros pour les collectivités locales. Les Français mécontents ont l'impression qu'Emmanuel Macron poursuit exactement la politique antérieure ce qui est d'autant plus paradoxal qu'il n'a de cesse de vouloir se démarquer des erreurs de son prédécesseur et entend incarner une "nouvelle politique". Or c'est dans les premiers mois du mandat présidentiel que se figent l'image et la grille de lecture des Français. Et une fois que le pli est pris, il est très difficile de le défaire. Le risque qui guette aujourd'hui le président, c'est que les Français passent progressivement du "il est brillant et réussit tout ce qu'il entreprend" à "en fait, tout ça, c'est de la com'".
La
popularité d'Emmanuel Macron est en forte baisse (-7), avec 36%
seulement de jugements positifs sur son action, et le chef de l'État se
voit désormais devancé par Édouard Philippe (-2), selon un sondage
YouGov diffusé jeudi.
Trois mois après son arrivée à l'Élysée, Emmanuel Macron perd notamment 14 points en un mois auprès des sympathisants centristes et 8 auprès de ceux des Républicains. 49% (+13) des personnes interrogées jugent négativement son action.
Le Premier ministre le devance d'un point avec 37% d'avis favorables, malgré une forte baisse de popularité auprès également des proches des centristes (-10) et des Républicains (-10). 42% (+11) portent sur son action un jugement défavorable, selon cette enquête pour le Huffington Post et CNews.
A l'image du couple exécutif, le gouvernement voit sa popularité s'effriter avec 33% d'opinions positives, soit une perte de cinq points.
Près d'un Français interrogés sur deux (49%, -8%) estime toutefois que le gouvernement est "prêt à prendre des décisions impopulaires si elles sont bonnes pour le pays", mais moins d'un sur trois (32%) dit avoir confiance en lui pour moraliser la vie publique.
Le chômage et l'emploi (25%, -2) restent les principales préoccupations des Français, devant l'immigration (15%, +1) et la protection sociale (14%, +1).
Enquête réalisée du 26 au 27 juillet auprès de 1.003 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points.
(AFP)
Trois mois après son arrivée à l'Élysée, Emmanuel Macron perd notamment 14 points en un mois auprès des sympathisants centristes et 8 auprès de ceux des Républicains. 49% (+13) des personnes interrogées jugent négativement son action.
Le Premier ministre le devance d'un point avec 37% d'avis favorables, malgré une forte baisse de popularité auprès également des proches des centristes (-10) et des Républicains (-10). 42% (+11) portent sur son action un jugement défavorable, selon cette enquête pour le Huffington Post et CNews.
A l'image du couple exécutif, le gouvernement voit sa popularité s'effriter avec 33% d'opinions positives, soit une perte de cinq points.
Près d'un Français interrogés sur deux (49%, -8%) estime toutefois que le gouvernement est "prêt à prendre des décisions impopulaires si elles sont bonnes pour le pays", mais moins d'un sur trois (32%) dit avoir confiance en lui pour moraliser la vie publique.
Le chômage et l'emploi (25%, -2) restent les principales préoccupations des Français, devant l'immigration (15%, +1) et la protection sociale (14%, +1).
Enquête réalisée du 26 au 27 juillet auprès de 1.003 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points.
(AFP)
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