Déclaration du Comité exécutif national du PCF
Les
résultats du premier tour de l’élection territoriale en Corse sont très
inquiétants pour la Corse elle-même. Ils mettent en évidence une crise
politique dont l’abstention est révélatrice.
Un électeur sur deux ne s’est pas rendu aux urnes
et c’est encore plus marquant dans les bureaux de vote des quartiers
populaires des grandes villes de Bastia et d’Ajaccio, où l’abstention
dépasse souvent les 60 %.
La
réforme institutionnelle de la Collectivité, imposée aux Corses sans
consultation par référendum reçoit en ce sens un cinglant désaveu.
A
ce déni de démocratie, s’ajoute, pour ce troisième scrutin de l’année,
le sentiment que les difficultés de la vie quotidienne, auxquelles une
grande majorité d’entre eux est confrontée, ne font que s’accentuer.
La
cherté de la vie, la pénurie de logements sociaux, les bas salaires, le
chômage, la pauvreté et la précarité ont été évacués de cette campagne
électorale. De même, il n’a jamais été question des compétences qui
seront exercées prochainement par les élus de cette nouvelle
collectivité dotée d’importantes compétences et concentrant tous les
pouvoirs non régaliens.
En
revanche, il est déjà question, côté nationaliste, d’engager avec le
gouvernement une négociation en vue d’une nouvelle étape
institutionnelle pour, cette fois-ci, changer radicalement le rapport de
la Corse à la République.
Cela
interpelle d’autant plus que la référence au fédéralisme européen,
voire à l’autodétermination dans les dix ans est régulièrement avancée
sans se soucier de la concurrence exacerbée entre les territoires que
cette option suppose dans un cadre toujours plus libéral.
Or,
il est évident que pour la Corse, région métropolitaine la plus pauvre,
cette fuite en avant, tout en affaiblissant l’expression de la
solidarité nationale dont elle a besoin, sera désastreuse.
Dans ce contexte, il n’y aura plus aucun élu pour porter dans cet hémicycle de la Collectivité unique de Corse une alternative de gauche,
antilibérale et écologique, malgré une belle campagne menée par les
militantes et les militants de la Corse Insoumise, du Parti communiste
français, de la Manca Alternativa et d’Ensemble.
En
rassemblant 6788 suffrages, 660 de moins qu’en 2015 pour la liste
PCF-FdG, cette liste, la seule de gauche (FI, PS, PRG, EELV ayant jeté
l'éponge avant de mener le combat) n’est pas parvenue avec 5,7 % à
franchir la barre des 7 %, indispensable pour qu’elle puisse être
maintenue.
Aussi
surprenant que cela puisse paraître, plusieurs voix sur le continent se
sont félicitées de cette disparition, dont des responsables politiques
de gauche qui ne présentaient pas de candidat.
C’est une analyse à courte vue, dont le patronat local pourra se
satisfaire tant il est vrai que sa domination économique et sociale
n’était contestée jusqu’ici que par les élus régionaux communistes.
Ce
deuxième tour pourrait donc voir se réaliser une fusion des listes de
droite, "macroniste" incluse, sans que cela ne vienne contrarier la
victoire, non moins libérale, des listes nationalistes impatientes
d’engager un bras de fer avec Paris au bénéfice de leurs résultats pour
obtenir un nouveau statut.
Dans
ces conditions, ce scrutin ne pouvant être considéré comme un
blanc-seing, il faudra en préalable à toute discussion de ce type donner
la parole aux Corses.
Le
Parti communiste français apporte, toute sa solidarité aux corses et
renouvelle toute son amitié aux colistier.e.s et militant.e.s de la
liste
« l’Avenir, la Corse en commun, l’Avvene, a Corsica in cumunu »,
soutenue par la Corse insoumise, le Parti communiste français, Manca
alternativa/Ensemble.
Paris le 4 décembre 2017
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