Une enquête exclusive CSA pour l’Humanité indique l’attente combative du monde du travail après le succès de la journée du 23 mars.
La réunion de l’intersyndicale, ce soir, pourrait décider de nouvelles initiatives unitaires en faveur des revendications. Après l’ampleur inattendue de la mobilisation, le 23 mars, qui avait rassemblé, selon la CGT, 800 000 participants dans plus de 180 manifestations, les salariés semblent en redemander.
L’enquête réalisée par CSA pour l’Humanité indique que 63 % de Français souhaitent que les syndicats appellent à poursuivre.
L’intersyndicale se réunit ce soir. Elle devra examiner les suites à donner à cette journée interprofessionnelle d’action dans une situation nouvelle après les élections régionales, qui ont sonné comme un désaveu de la politique de Nicolas Sarkozy, et les annonces gouvernementales refusant toute pause dans les réformes antisociales. Les 5 syndicats signataires de l’appel pour le 23 mars, la CGT, la CFDT, l’Unsa, Solidaires et la FSU, y seront, ainsi que la CGC-CFE. La CFTC, pour sa part, souhaite y participer en simple observateur. « Il est trop tôt, selon nous, pour parler de mobilisation à propos des retraites, explique Gabrielle Simon, qui représente la confédération chrétienne. Le moment venu, s’il faut mobiliser, la CFTC en sera. » Force ouvrière continue à faire cavalier seul et ne sera sans doute pas présente. Le 23 mars, elle avait appelé à une mobilisation, mais de son côté.
L’enquête de CSA constitue, pour l’intersyndicale, à la fois un encouragement à se mettre d’accord sur des perspectives d’action et une obligation de parvenir à dégager des initiatives communes. Il faut noter qu’avec 63 % de personnes qui souhaitent aujourd’hui que les syndicats appellent à poursuivre les mobilisations, on se trouve à un niveau supérieur aux 61 % qui répondaient ainsi à la même question posée au lendemain de la première grande mobilisation unitaire de l’an dernier, le 29 janvier 2009. La décision de l’intersyndicale avait été alors la journée du 19 mars 2009, qui avait mis 3 millions de salariés dans la rue. Si on regarde plus en détail, les salariés sont 68 % à souhaiter une poursuite des mobilisations, 84 % pour ceux du public et 63 % dans le secteur privé. Les ouvriers sont 72 % et les employés 75 % à souhaiter que les syndicats prennent de nouvelles initiatives.
La CGT, dont les adhérents et les sympathisants constituent les gros bataillons de mani-festants, annonce la couleur : elle proposera que l’intersyndicale demande la tenue d’un « sommet social en avril », placé « sous le contrôle des salariés ». Il avait été envisagé sans plus de précision par Nicolas Sarkozy. La CGT proposera à cet effet à ses partenaires une série d’initiatives dès le mois prochain et la perspective d’un « grand 1er Mai unitaire revendicatif ». Sans s’avancer dans des propositions précises avant la réunion, la FSU et Solidaires souhaitent parvenir à des initiatives ambitieuses rapidement.
Pour Marcel Grignard, de la CFDT, « la dynamique enclenchée le 23 mars a remis la crise et ses conséquences sociales à la une de l’actualité ». Comme la CGT, la CFDT demande la tenue du sommet social. Jean Grosset, de l’Unsa, considère que « le gouvernement a dû mesurer l’ampleur de la mobilisation du 23 mars ». Il souhaite que sur les chômeurs en fin de droits, le pouvoir d’achat, l’arrêt du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, le sommet social permette d’avancer. « Sinon, annonce-t-il, il faudra un 1er Mai unitaire pour ces revendications. » CFDT et Unsa mettent plutôt l’accent sur les mesures immédiates contre la crise, tandis que la CGT, la FSU et Solidaires visent prioritairement les dossiers de l’emploi, du pouvoir d’achat et des retraites. Mais sur la base de la plate-forme commune, l’intersyndicale pourrait fixer, dès ce soir, de nouvelles perspectives de mobilisations aux salariés.
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