Par Philippe Marlière
Le désormais ex-ministre des Finances grec a traversé le ciel européen comme un météore. Mais en bousculant les hypocrisies, en portant une parole intransigeante et en préférant les intérêts de son pays aux siens, il y aura laissé une trace durable.
On se souviendra peut-être de Yanis Varoufakis comme le James Dean de la gauche européenne : un homme politique par accident qui aura brièvement illuminé le ciel obscur de la politique européenne. On saisira alors la pleine mesure du personnage romantique, un pragmatique aux multiples centres d’intérêt qui a fait ce qu’aucun professionnel de la politique (fût-il issu de la gauche radicale) ne fera jamais : promouvoir des idées pour le bien commun plutôt que pour favoriser une carrière personnelle. C’est la clé de son départ du gouvernement grec, après la magnifique victoire du "non" au référendum.
Contrairement aux commentaires revanchards des médias dominants, Varoufakis n’a pas été viré par Alexis Tsipras : il est parti de son plein gré, conscient que commence une autre phase politique à laquelle il ne souhaitait pas être associé. Le professeur d’économie sait mieux que quiconque que le gouvernement grec va devoir faire des concessions importantes afin de tenter d’arracher l’essentiel : la restructuration de la dette, condition sine qua non pour sortir la Grèce de l’endettement et de l’austérité ad vitam aeternam.
Écarter la menace d’un coup de force
Dès l’annonce des résultats du référendum dimanche soir, les membres de l’Eurogroupe, secondés par les chefs de gouvernements, ont accueilli avec leur habituelle morgue le "non" grec. En substance, ils estiment qu’il n’y aura pas d’accord avec le gouvernement Tsipras tant qu’il ne soumettra pas le pays à un nouveau programme d’austérité. On s’y attendait. La question qui se pose est de savoir dans quelle mesure Tsipras acceptera les politiques préconisées dans le dernier document négocié la semaine dernière (privatisations, hausse du taux de TVA, recul du départ à la retraite). Quelles concessions Tsipras est-il prêt à consentir et en échange de quoi ?
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