Là où ses prédécesseurs, Jean Paul II et Benoît XVI, avaient fustigé les partisans de la théologie de la Libération, nommé des évêques conservateurs, mis au pas les communautés de base, François l’Argentin mise sur les mouvements populaires capables de proposer des « alternatives créatives » à « l’ambition sans retenue de l’argent qui commande ».
L’originalité de sa démarche ne tient pas à la condamnation des méfaits du capitalisme dénoncés par l’Église catholique depuis Rerum Novarum (1891) mais au fait qu’un pape quitte la sphère des considérations générales (« Personne n’aime une idée, un concept ») et rompe avec le surplomb condescendant de ceux qui se penchent sur les pauvres avec sympathie, mais de haut. En effet, affirme François, cette attitude verse dans « un excès de diagnostic qui nous conduit parfois à nous complaire dans le négatif » et suscite une « indignation élégante ». Tout autre est la démarche qu’il propose : « Vous les humbles, les pauvres, les exclus, vous pouvez et faites beaucoup. […] Ne vous sous-estimez pas ! Vous êtes des semeurs de changements », indique le pape aux membres des mouvements populaires en soulignant : « Quand nous regardons le visage de ceux qui souffrent, nous avons vu et entendu non pas la statistique froide mais les blessures de l’humanité souffrante. […] Cela nous émeut. […] Cette émotion, faite action, a un supplément de sens que seuls comprennent les peuples et qui donne aux vrais mouvements populaires leur mystique particulière. »
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