Par Patrick Le Hyaric
Au cœur de la Seine-Saint-Denis existe un parc, tout à la fois pépite de verdure, vivier original de l’écosystème et lieu de détente. Il porte le nom du premier président du Conseil général, Georges Valbon*. Avec ses équipes et un architecte paysager de génie, ils imaginèrent de transformer d’anciens lieux de cultures maraîchères et des bidonvilles en un lieu de sociabilité. Les efforts qu’ils durent déployés furent considérables pour contrecarrer les ambitions marchandes que suscitaient déjà cet espace.
Ils imposèrent les 450 hectares de verdure, de lacs, de taillis et de forêt, de pistes cyclables et de course à pied, de jeux pour les enfants, une flore et une faune qui s’enrichit depuis une cinquantaine d’années. Bref, un grand bol d’air à La Courneuve, au cœur de la Seine-Saint-Denis pour offrir à sa population ouvrière « le meilleur » comme aimait à le répéter Georges Valbon.
C’est ce « meilleur » que le gouvernement veut saccager en y construisant, au minimum, 24 000 logements. Il se garde bien de consulter les élus pas plus que les milliers de personnes qui fréquentent ce lieu de vie, devenu bien commun et fierté des populations de la Seine-Saint-Denis. Sans doute le pouvoir a-t-il conscience de la difficulté qu’il aurait à convaincre les uns et les autres qu’il n’y a rien de plus urgent et de meilleur que de construire une ville de près de 100 000 habitants, encerclant le parc de l’intérieur, qui dès lors n’en aurait plus que le nom. De convaincre qu’il n y’aurait rien de plus moderne et écologique que de le faire à quelques encablures du lieu où va se tenir, dans quelques mois, la Conférence climat COP21 !
Les logements seraient destinés à celles et ceux qui travaillent dans les nouveaux sièges sociaux des entreprises de la Plaine Saint-Denis, de l’aéroport d’affaires du Bourget ou du futur complexe d’affaires et de loisirs. Chassés de la capitale par la spéculation, ils seraient invités à s’installer ici dans ce que les promoteurs leur auront présenté, contre espèces sonnantes et trébuchantes, comme un havre de verdure, échappant à la fréquentation des usagers habituel du Parc.
Des professeurs en « politique du peuplement » n’arrivent pas à comprendre que faire vivre des classes populaires aux côtés de classes plus aisées, dans une ville équipée de commerces, d’hôtels ou de restaurants ne produit pas forcément de la mixité sociale ; bien au contraire. On peut vivre côte à côte sans se mélanger, sans partager, sans échanger. Ces mêmes professeurs vont jusqu’à affirmer que le projet vise à apporter la « civilisation » en Seine-Saint-Denis. Quel mépris de ces prétendues « élites » intellectuelles et politiques !
Ce dont a besoin la Seine-Saint-Denis, c’est que le gouvernement écoute les demandes des parents et des enseignants, des personnels de santé, des acteurs culturels, de celles et ceux qui refusent qu’on ferme des caisses d’assurance maladie ; qu’il aide à la construction ou à la rénovation de logements à des prix accessibles ; qu’il cesse de réduire les crédits aux collectivités, d’un plan audacieux pour la formation et le travail pour les jeunes. Et tout cela dans un espace qui donne tous ses droits à la nature et à l’écologie.
Nous refusons de livrer le parc Georges Valbon aux promoteurs. Contre la valorisation foncière et financière, nous opposons la valorisation sociale, culturelle, écologique et populaire.
C’est le sens de la manifestation citoyenne* qui aura lieu dimanche au cœur du parc paysager.
* Georges Valbon a été maire de Bobigny, président du Conseil général, président des Charbonnages, membre du comité national du Parti communiste français
* Dimanche à 12 heures près de la maison du parc, située à l’intérieur de celui-ci
http://patrick-le-hyaric.fr/la-seine-saint-denis-na-pas-besoin-dun-central-park/
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