vendredi 26 juillet 2019
Face à un pouvoir en difficulté, le potentiel de mobilisation est considérable
Les temps ont changé. En janvier dernier, un sondage indiquait que deux Français sur trois approuvaient une réforme des retraites « Macron », présentée comme plus
égalitaire et moins complexe, avec « un système par points où
un euro cotisé donnera les mêmes droits ». Le pouvoir insistait
alors sur les thèmes de justice et d’équité, tout en sachant que
l’opinion publique n’est pas satisfaite du système actuel, mis à
mal par les contre-réformes successives des dernières années.
Patatras. Un récent sondage1 montre, d’une manière saisissante, combien le climat s’est modifié. Aujourd’hui, quasiment
la moitié des sondés se dit « opposée » à la réforme voulue par
E. Macron. Les interrogations sur l’âge réel de départ à la retraite et les inquiétudes sur le niveau des pensions sont installées dans le pays. L’irruption du thème « travailler davantage »
a eu un effet de souffle. La défiance s’est installée. Beaucoup de
personnes soupçonnent une arnaque, un piège : « il faudra travailler plus longtemps », « le montant des pensions va diminuer »...
E. Macron et le gouvernement ont donc modifié la méthode et le
calendrier. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme
des retraites, présentera ses recommandations le 18 juillet. Le
calendrier, qui prévoyait une réforme votée à la fin de l’année
ou au début de l’année prochaine, n’est plus d’actualité. Alors
qu’Emmanuel Macron refusait, en janvier 2018, « les approches
comptables qui rognent des droits sans avoir de nouvelles perspectives », le gouvernement prépare une réforme des
paramètres, dès le prochain budget de la Sécurité sociale, pour
faire des économies en accélérant l’allongement de la durée de
cotisations (réforme Touraine de 2014) dès 2020. Il n’y aura donc
pas une mais deux réformes. Ce dispositif va créer de la confusion et faire grandir la défiance. Le potentiel de mobilisation
est très certainement considérable. Les communistes peuvent
y contribuer, dès cet été, par des échanges politiques permettant de dire les dits et les non-dits des réformes Macron. Notre
collectif de travail a produit une première note aidant à un premier décryptage. Un modèle de tract, en réaction aux annonces
de J.-P. Delevoye et aux projets gouvernementaux pour le PLFSS
2020, sera disponible le 20 juillet.
“L’ambition d’une nouvelle innovation sociale et démocratique”
Quoi d’autre que l’arnaque Macron ? Ayons l’ambition d’une nouvelle innovation sociale et démocratique. Parlons d’un enjeu de
société et de civilisation en répondant à un triple défi : l’augmentation de la part des plus de 60 ans dans la population, l’allongement de la durée de vie, l’aspiration à une autre vie. À
l’opposé du système Macron, nous proposons un système de retraites à prestations définies, avec un âge de départ connu,
garantissant la solidarité entre les salariés, notamment en
matière de pénibilité et de durée de carrière. Chacun peut ainsi
connaître les droits dont il disposera à 60 ans, sans vivre dans
la crainte d’une réduction de la valeur du « point retraite ».
Il est donc nécessaire et possible de consacrer plus de richesses
aux pensions versées à un nombre croissant de retraités et aux
dépenses visant à préserver la santé et l’autonomie des personnes âgées quand le pouvoir entend plafonner les dépenses
pour les retraites à l’actuel 14 % du PIB. Or, un prélèvement sur
les revenus financiers des entreprises et des banques, une modulation des cotisations sociales patronales, une modulation de
l’impôt sur les sociétés, une réorientation du crédit bancaire et
de la politique monétaire pourraient permettre de mobiliser
entre 70 et 90 milliards d’euros de ressources à consacrer
chaque année au financement des retraites.
Et pour quelle vie à la retraite ? Alors que E. Macron vise un véritable hold-up sur les plus belles années à la retraite, celles en
bonne santé, nous proposons un nouveau cycle de vie pour décider de sa vie, pour un nouveau développement humain, pour
une nouvelle utilité sociale, non marchande, pour celles et ceux
qui le souhaiteront. C’est aussi la question essentielle de la
garantie de conditions de vie digne avec un véritable service
public de nouveau type, à l’opposé des projets de « silver economy » qui cherchent à élargir l’emprise du marché.
La prochaine Université d’été sera un temps fort sur ces enjeux
avec une séance plénière, un débat avec les forces politiques de
gauche et deux ateliers. D’autres rendez-vous seront proposés
lors de la Fête de l’Humanité. Préparons les conditions d’un front
politique et social le plus large. Le PCF va agir en ce sens. Les
membres du collectif de travail peuvent être sollicités pour animer des débats dans les fédérations et les sections. µ
Olivier Dartigolles
membre du CEN, en charge
de l’animation de la campagne
sur les retraites.
1. Les Français et la réforme des retraites, Elabe, Les É
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