Il s’est passé ce qu’il se passe pour toutes les finales : les gens qui n’avaient pas pu rentrer dans la salle se sont regroupés devant les postes de télé pour suivre la retransmission en direct des échanges. Des négociateurs de tous pays, des ONG, des journalistes, qui avaient tiré des chaises dans les allées du Bella Center pour regarder les leaders internationaux défiler à l’écran. Il était midi pile. Concluant deux années de négociations, la 15e Conférence des parties (COP15) s’apprêtait à accoucher de quelque chose concernant le climat. De quoi ? Personne ne le savait encore. Mais on le présentait : ce serait faible, quand tout convergeait pour dire qu’il s’agirait d’un accord politique non contraignant.
Vingt-six États s’étaient réunis dans la nuit de jeudi à vendredi, jusqu’à 2 heures du matin, pour élaborer un projet à soumettre au sommet des 120 chefs d’État et de gouvernement afin qu’ils l’amendent. Son contenu approximatif commençait à filtrer au matin. Il apparaissait que le projet retenait le principe de limiter le réchauffement climatique à + 2 °C et qu’il actait celui d’une aide de 100 milliards de dollars par an versée aux pays les plus vulnérables par les pays industrialisés. Le projet, en revanche, ne précisait pas quelle pourrait être la part d’argent public et d’argent privé, pas plus qu’il ne se prononçait sur la façon d’alimenter les fonds. Selon une source française, l’idée d’une taxe sur les transactions financières aurait été avancée durant les discussions, de même que celle d’une taxe sur l’aviation et les transports maritimes internationaux. Le texte évoquait quant à lui la création d’un « panel de haut niveau », chapeauté par l’ONU et chargé de réfléchir aux sources de financement, « y compris alternatives ».
Il n’y était pas précisé non plus si ces aides seraient additionnelles – s’ajoutant alors aux autres engagements pris pour les pays en développement. Ou si elles engloberaient les sommes promises, par exemple, dans le cadre des objectifs du millénaire, par lesquels les pays industrialisés s’étaient engagés à consacrer 0,7 % de leur PIB à l’aide au développement, promesse que la plupart n’ont jamais respectée.
Quant à la nature même du texte, les commentaires variaient. Certains estimaient qu’il ne s’agirait que d’un texte de politique générale, d’autre d’un accord porté par la COP, certes non contraignant mais plus engageant pour les pays industriels – à commencer par les États-Unis, seuls à ne pas avoir ratifié le protocole de Kyoto en 1997. À condition, toutefois, que des objectifs différenciés soient précisés pour chacun, ce qui ne semblait pas devoir être le cas. Deux espaces étaient laissés en blanc dans ce projet de texte, l’un concernant les objectifs globaux de réduction au regard de 1990, l’autre au regard de 2005. Les chefs d’État discutaient encorede tous ces points, hier après-midi. Personne n’attendait plus d’accord avant le début de soirée, voire avant samedi matin.
Mais alors que l’établissement de cadres juridiques contraignants devait, quoi qu’il en soit, être reporté à plus tard – 2010 était évoqué le matin, mais plus dans l’après-midi –, les délégués des pays en développement ne cachaient pas leur amertume. « Nous étions venus négocier un accord contraignant, notait ainsi Cheik Koité, de la délégation malienne. L’accord final ne remplira pas cet objectif. Pour nous, ce sera, quoi qu’il advienne, un mauvais accord. »
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