Sous l’effet de l’inflation, le pouvoir d’achat des ménages français aurait reculé de 0,4 % entre juin 2009 et juin 2010. C’est ce que révèle l’indice que 60 millions de consommateurs publie pour la septième année consécutive. Le magazine souligne que la montée des « dépenses contraintes » affecte particulièrement les ménages les plus modestes.
L'évolution du pouvoir d'achat est calculée sur la base du revenu mensuel disponible par ménage en juin, soit 3.228 euros, et tient compte de l'évolution des prix, du nombre de ménages et de leurs dépenses effectives. « La modeste augmentation du revenu des ménages a été effacée par l'inflation », explique Marie-Jeanne Husset, directrice de la rédaction de 60 millions de consommateurs. La hausse de 32 euros du revenu mensuel a été annihilée par l'inflation, que l'INC établit à 47 euros. Concrètement, chaque mois, ils ont 15 € de moins à dépenser qu’il y a un an.
Dans le détail, on retient d’abord l’augmentation des prix de l’énergie : carburants (+12 %), fioul domestique (+24 % !), gaz (la facture augmente de 130 € en moyenne), électricité (+3% ce 15 août),… « A ce rythme, se chauffer deviendra bientôt un luxe », note amèrement le mensuel. Le rayon alimentation n’est pas en reste. La forte hausse du prix des fruits est aussi confirmée (+14 % en un an) ; une enquête de l’association Familles rurales révélait par ailleurs mardi que les fruits et légumes bio sont presque 70% plus chers que les conventionnels. Seuls les prix du lait, des fromages et des œufs baissent un peu (-2 %). Enfin, les ménages modestes subissent la hausse de 3% du prix des pièces détachées au rayon automobile, qui rend la réparation plus couteuse quand le neuf reste pour beaucoup inaccessible.
A première vue, ces conclusions semblent contredire celles de l'institut statistique Insee, qui voit toujours croitre le pouvoir d'achat des ménages. Selon les derniers chiffres de l’Institut publiés en juin et qui concernent l’année 2009, il a progressé de +1.6 % en 2009 (+0.5 % en 2008). Cette évolution s’expliquerait par la baisse du taux d’inflation (prix en baisse de 0.6 % en 2009) engendrée par la crise immobilière et financière internationale. Alors pourquoi ces deux analyses contradictoires ? Il faut en préalable noter que l’INC se base sur les données de l’Insee : mettons donc de côté les suspicions de complots et autres modifications des données fondamentales. Marie-Jeanne Husset avance surtout des différences de méthode : « La différence par rapport aux chiffres que communique l'Insee, c'est que nous calculons le pouvoir d'achat par ménage et non pas pour l'ensemble des ménages ». « La deuxième différence, c'est que nous intégrons l'achat immobilier [prix en hausse cette année selon les notaires, ndlr], alors que l'Insee continue à considérer que l'achat immobilier est un investissement et non un acte de consommation », ajoute-t-elle.
En réalité, les deux indices ne sont pas incompatibles, car ils ne correspondent pas à la même période. Une augmentation du pouvoir d’achat en 2009 puis une forte diminution sur le premier semestre 2010 rend logique une diminution sur la période juin 2009 – juin 2010. Selon l’Insee, l’amélioration du pouvoir d’achat l’année dernière trouvait essentiellement sa source dans le « mouvement de désinflation et la hausse des prestations sociales » qui caractérisaient le premier semestre 2009. D’ailleurs, le pouvoir d’achat a commencé à stagner dès que l’inflation est repartie à la hausse au 4e trimestre, les salaires - quasiment gelés - ne permettant pas de compenser. Aussi l’Insee était-il pessimiste pour 2010 : « au premier semestre, [le pouvoir d’achat] ralentirait sensiblement (+0.5 % en moyenne) », prédisait l’institut. On attend maintenant ses chiffres officiels pour le premier semestre 2010 et la manière dont le gouvernement voudra les faire interpréter.
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