Le Président de la République sait faire campagne, personne ni à droite, ni à gauche pour mettre en doute cette capacité de Nicolas Sarkozy.
Depuis quelques jours, et surtout depuis son intervention à Grenoble, les discours de Président de la République qui, selon Le Figaro, « choquent l’opposition », sont encore plus sécuritaires, très violents et ont une odeur de campagne électorale vingt mois avant l’échéance, avec un contenu droitisé à l’extrême.
Cette violence dans le contenu de la politique et de ses applications ne date pas de cet été meurtrier des expulsions ; l’ancien Maire de Neuilly sur Seine a débuté la manœuvre avec l’adhésion forcée de ses amis politiques à sa candidature à la tête d’UMP. Cette action politique agressive, menée avec le concours des grandes fortunes de ce pays, a écrasé les concurrents de son propre camp pour faire de Nicolas Sarkozy le candidat principal de la droite. Elle s’est développée sur les terres de l’extrême droite entre les deux tours puis a atteint son objectif en envoyant l’ancien ministre de l’intérieur et ami des grands capitalistes financiers à l’Elysée.
Depuis l’élection présidentielle, la violence de la campagne s’est transformée en une violence généralisée de l’Etat.
La violence politique s’est caractérisée par la tentation de faire disparaitre l’influence de l’opposition en débauchant certaines personnalités du parti socialiste dont la conviction change selon la géographie et le cercle du pouvoir, ou en déroulant le tapis rouge médiatique pour certains élus locaux qui veulent tout changer dans leur parti, même son nom. Cette violence politique s’est aussi traduite par une ignorance volontaire du rôle des partis politiques, des organisations syndicales et du monde associatif pourtant nécessaire dans une démocratie parlementaire.
La violence économique, elle, soutient les grandes fortunes, souvent des rentiers, au détriment du monde du travail. Le bouclier fiscal n’est que la partie émergée de l’iceberg, de cette politique qui frappe dans les poches des plus démunis pour envoyer des chèques- cadeaux aux possédants des grandes fortunes, il symbolise une politique violente envers le monde du travail et toute au service des amis du « Fouquet’s ».
La violence dans le dialogue social. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, avait espéré que les syndicats auraient, en la personne d'Eric Woerth ministre du Travail, « un ministre, et non des ordinateurs de Bercy, comme interlocuteur ». Ce souhait n’est pas exaucé. Le dialogue social historique français se transforme en une gestion volontariste et unilatérale de l’Etat, les réunions entre syndicats et ministères se résument à l’annonce de décisions déjà prises par le pouvoir. Comme au temps de l’empire russe, on règne par oukase. Cette politique cible certaines catégories de salariés en les faisant passer pour des privilégiés, et vise à dresser les salariés les uns contre les autres.
La violence institutionnelle se traduit par une réduction du rôle de l’assemblée nationale face au pouvoir exécutif grâce à la modification apportée à la Constitution avec l’appui de certains élus de gauche ayant déjà affiché leur soutien à la droite par le passé, et par la reprise en main forcée des collectivités territoriales avec la réforme en cours.
La violence policière se manifeste dans tous les domaines de la société et touche les populations les plus vulnérables. L’ « expulsion particulièrement violente» qui a eu lieu à la Courneuve est l’exemple récent le plus marquant. La vidéo réalisée par l’association Droit Au Logement montre en effet l’évacuation de militants et de squatteurs, couchés ou assis par terre, résistant à l’opération, agrippés les uns aux autres. Une femme enceinte est évacuée de manière musclée. L’image la plus violente montre une femme, portant un bébé dans son dos, traînée parterre par les policiers.
Cette brutalité policière est l’instrument nécessaire et inévitable d’un pouvoir qui a rompu le dialogue avec la société et ses représentants syndicaux, politiques et associatifs, pour imposer une politique que le peuple n’approuve pas.
Cette violence institutionnalisée, dans les domaines politique, économique, social et policier s’est rarement vue depuis la fin de la guerre d’Algérie. La droite, depuis l’enterrement de la Constitution démocratique de la quatrième république en 1958, se conformait plus ou moins à une présidence et une gouvernance républicaine du pays. Avec la présidentialisation « monarchique » du pouvoir exécutif et la réduction du rôle du parlement face à une société appuyée sur une gauche bien organisée, avec le PCF comme premier parti politique, le dialogue social voire même une gouvernance « centriste » du pays s’imposait.
Depuis l’échec de l’UMP aux élections régionales, Nicolas Sarkozy doute de la possibilité d’organiser le centre, très volatil, à sa guise. Pour le candidat probable des élections présidentielles de 2012, il n’est plus question de copier les idées de Front National ou de le doubler. L’objectif principal de l’ancien ministre de l’intérieur est de donner naissance à un « parti républicain » à sa droite et de gouverner avec lui. Marine Le Pen à la tête de Front national pourrait lui faciliter la tâche, en faisant évoluer son parti vers la droite classique.
Dans cette situation complexe, « diviser pour gouverner » reste le mot d’ordre du camp de Nicolas Sarkozy. La (re)lecture du poème « Je n'ai rien dit*» de Martin Niemöller, rendu célèbre par Berthold Brecht, est encore d’une grande utilité.
Où s’arrêtera cette violence d’Etat ? Pour l’instant personne n’est capable de le dire, ni de prévoir quels en seront les développements ou la profondeur… Mais logiquement ces maux dont sont frappés la République ne pourront cesser qu’en mai 2012. En attendant, pour faire barrage à cette politique droitisée à l’extrême, il n’existe d’autre arme que l’unité dans l’action.
« Voila qui commande à tous les démocrates, à tous les républicains, aux associations et forces progressistes de s’unir rapidement dans une large riposte à la mesure des attaques portées contre nos principes et valeurs républicains » écrit Patrick Le Hyaric dans l’éditorial de L’Humanité d’aujourd’hui.
Faisons des deux rendez-vous de la rentrée, les manifestations du 7 septembre et La Fête de l’Humanité la semaine suivante, de magnifiques et vibrants exemples de cette unité d’action du monde de travail.
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