On ne parle même plus de « rigueur » mais de « sacrifices ». Le mot lâché par François Fillon révèle que le gouvernement ne peut plus cacher l’ampleur « des efforts » que les citoyens devraient consentir si son projet de loi sur les retraites était voté. À la veille de la journée de mobilisation, le premier ministre doit tenter d’expliquer aux salariés pourquoi ils doivent se serrer la ceinture. Il doit aussi convaincre les sceptiques de son propre camp de la nécessité d’accélérer cette réforme, de l’appliquer avant 2012.
François Fillon l’a affirmé sans détours devant les jeunes militants qui étaient réunis mardi en université d’été à Port-Marly (Yvelines) : « Nous aurions pu repousser à plus tard le rendez-vous des retraites. En l’assumant maintenant, nous savons avec le président de la République que nous prenons un risque. » Le chef du gouvernement avoue cependant moins volontiers, en tout cas publiquement, que c’est la crise de rentabilité du capital qui contraint le pouvoir à aller vite, très vite dans les « sacrifices », quitte à hypothéquer l’avenir de Nicolas Sarkozy.
À partir de là, tout semble ouvert du côté de la droite. Au-delà des divergences politiques, les rivalités de personnes s’exacerbent pour une mainmise sur l’UMP, une formation conçue comme une véritable machine de guerre susceptible de mener son premier dirigeant à l’Élysée. C’était le pari qu’avait fait Jacques Chirac, en 1995, face à Édouard Balladur. C’était également le calcul de Nicolas Sarkozy, en 2007. C’est la recette que certains jeunes loups entendent appliquer en vue de la prochaine présidentielle.
La bataille pour l’OPA sur le parti a commencé publiquement à Port-Marly, d’autant que le mandat de secrétaire général de l’UMP, détenu actuellement par Xavier Bertrand, est remis en jeu à l’issue des élections internes de novembre 2010. Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, n’a pas utilisé les chemins de traverse : « Il n’y a qu’un poste qui nous intéresse et il n’est pas au gouvernement. »
Y a-t-il le feu dans la maison UMP ? Déchiré par les affaires, troublé par la politique répressive, miné par les querelles d’ego, confronté à un bras de fer sans précédent avec la gauche sociale et politique, le parti du président de la République est peut-être en train de découvrir, en la personne de François Fillon un homme capable d’éteindre l’incendie.
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