Le député PCF du Puy-de-Dôme a officiellement annoncé son intention de représenter les communistes lors du scrutin présidentiel ce vendredi, à l'occasion de l'ouverture de la Fête de l'Humanité. Rencontre avec un député inconnu et atypique.
Qui connaît André Chassaigne ? Pas Thomas, 28 ans, marseillais et sympathisant communiste, ni ses amis. A peine Bernard, 54 ans, qui sait que le député a réalisé le meilleur score du Front de gauche aux dernières régionales. Quant à Caroline, la quarantaine, venue de Bretagne, elle associe le nom "Chassaigne" aux OGM, sans trop savoir pourquoi.
OGM et régionales, les deux grandes victoires d'André Chassaigne depuis son élection, en 2002, comme député du Puy-de-Dôme. OGM parce qu'il a réussi à faire adopter, en 2008, un amendement restreignant la culture de plantes génétiquement modifiées. Régionales parce qu'avec plus de 14 % en Auvergne, André Chassaigne a porté haut les couleurs du Front de gauche en mars dernier.
On oublie pourtant le principal: André Chassaigne est pour le moment le seul élu décidé à porter les couleurs du PCF à la présidentielle de 2012. Le bruit courait depuis quelques semaines, l'intéressé l'a confirmé dans un communiqué au premier jour de la fête de l'Humanité ce vendredi.
Deux heures avant cette annonce, il nous reçoit au stand de l'Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR), dont il est le président. La déclaration de candidature est dans son sac, enfin rédigée : "Je n'ai pas de chargé de communication, j'ai écrit ce texte tout seul, et j'ai pesé le moindre mot. Je suis un artisan qui ciselle", raconte-t-il. Le député travaille "à l'ancienne", en découpant des articles, notant des citations, regroupant le tout dans des pochettes.
Un député ne sait pas tout
Un travail artisanal, qui trouve sa source dans les villages auvergnats de sa circonscription, sur le terrain, dans les lectures et les rencontres. André Chassaigne n'avance que de cette façon, de manière empirique et cherche toujours à savoir ce qu'il ne sait pas pour paraphraser la citation de Confucius qu'il a placé en exergue de son ouvrage Pour une terre commune.
A l'heure où les élus répondent à la chaîne à tous les questions d'actualité qui passent, André Chassaigne défend une autre approche : "un député ne sait pas tout et c'est bien de le dire. Un exemple. A l'Assemblée, on devait aborder la question des zones humides. Pour moi, on allait parler des marais et marécages. Je suis allé voir un copain pêcheur dans ma circonscription. Et c'est en fait sur le terrain avec lui que j'ai compris ce qu'était une zone humide. J'ai raconté cette histoire dans mon livre, et quand ma fille l'a lu cet été, avant sa sortie, elle m'a dit : 'Ne raconte pas cela, on va se moquer de toi, tu devrais le savoir'. Mais non, un député ne sait pas tout."
Aujourd'hui spécialiste des questions écologiques, à son élection, il est pourtant tombé par hasard dans la marmite du développement durable. Il s'est ainsi d'abord intéressé "aux questions coco-productivistes", puis au fil des lectures, des auditions, des visites sur le terrain, il a fini par prendre la mesure du sujet, et porte aujourd'hui une parole écologique crédible au sein du PCF. Du vert chez les rouges. Rien d'étonnant pour lui, qui cite Benoît XVI et Karl Marx sur une même page dans son livre, et veut rassembler au-delà du simple parti communiste, y compris pour 2012.
Mélenchon-Chassaigne, le ticket gagnant ?
Cette décision, il l'a prise une ou deux semaines avant le congrès du PCF en juin dernier. "J'ai senti chez les militants une frustration. Comment un parti avec 12 000 élus ne pouvait-il pas présenté un candidat à la candidature ?" André Chassaigne s'est lancé, et pour l'instant, la direction du parti n'a pas véritablement réagi. Ce vendredi, sur RTL, le patron du PCF, Pierre Laurent a salué les "scores remarquables" réalisés en Auvergne, sans en dire plus.
Dans la même interview, Jean-Michel Apathie ne s'est d'ailleurs pas privé de moquer le manque total de notoriété d'André Chassaigne. C'est évidemment le plus gros défaut du député du Puy-de-Dôme, qui le sait, et qui compte "monter une équipe". Les cadres du parti l'aideront-ils? "Pour le moment, ils ne se mouillent pas. Ils ne souhaitent pas porter un candidat en tant que tel, mais plutôt soutenir la voie du rassemblement", confie André Chassaigne.
Dans les allées de la fête de l'Huma, on murmure qu'un deal a été conclu : à Mélenchon, la présidentielle, aux communistes les cantonales et législatives. Dans cette optique, pas de place pour une candidature PCF en 2012.
Le nouveau prétendant à l'Elysée n'a pourtant aucun problème avec l'union Parti de gauche - PCF : "Je crois beaucoup au Front de gauche. D'ailleurs, Mélenchon et moi, c'est un bon ticket : lui est un habitué des tribunes, moi, je suis proche des gens."
Avant d'en arriver là, André Chassaigne va devoir se faire connaître du grand public. Ça commence ce week-end à la fête de l'Humanité. "J'ai décidé de m'y balader, le thermomètre à la main", sourit André Chassaigne.
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