L'école maternelle, spécificité française très appréciée des familles qui louent son rôle dans l'épanouissement de l'enfant et la réussite scolaire, est particulièrement touchée en cette rentrée par les restrictions budgétaires.
Les suppressions de postes dans l’Education nationale entraînent en effet un effondrement de la scolarisation des enfants de deux ans, dont la part est passée de 34,5% en 2000 à 12,6% à la rentrée 2010 en moyenne nationale, avec de fortes disparités géographiques. Sur les 16.000 suppressions d’effectifs prévues à la rentrée, près de 9.000 sont des postes d’enseignants dans les écoles publiques, qui accueilleront simultanément 4.900 élèves de plus. L’enseignement privé catholique sous contrat est également touché.
« Un tiers » des 1.500 classes supprimées « concerne les maternelles et ce sont les élèves de moins de trois ans qui servent en priorité de variable d’ajustement », a dit à l’AFP Sébastien Sihr, du SNUipp FSU, principal syndicat du primaire.
« La scolarisation des enfants de deux ans devient un luxe et on voit bien qu’ici ou là, des tentatives sur la scolarisation des enfants de trois ans commencent à montrer le bout du nez », affirme Christian Chevalier, du SE-Unsa, deuxième organisation du primaire.
Il dénonce en outre « la formation initiale inexistante aujourd’hui » des futurs enseignants des maternelles. « L’expertise que nous avons en France est en train de disparaître à petit feu ».
Obligatoire – Le ministère réfute les critiques de démantèlement de l’école maternelle et rappelle que la scolarisation précoce s’est toujours faite dans la limite des places disponibles.
L’école maternelle n’est pas obligatoire mais la quasi-totalité des enfants la fréquente. Pour « acter une situation de fait », syndicats, parents d’élèves et le PS, dans son programme électoral pour 2012, réclament de « rendre obligatoire » la scolarité dès trois ans et de « garantir un droit » dès deux ans.
L’« assiduité est forte », soulignent les syndicats, car les familles y voient une « chance pour leur enfant », en termes de socialisation et d’acquisition du langage. C’est là aussi que « l’on peut commencer de réduire les effets des inégalités sociales », explique M. Sihr.
Les initiatives se multiplient - « Ce sont les enfants issus des milieux défavorisés qui trinquent en priorité des effets de la non scolarisation: en Seine-Saint-Denis, seuls 0,8% des moins de trois ans sont scolarisés », ajoute-t-il. « Les économies réalisées sur le dos des élèves les plus fragiles sont coûteuses à long terme: elles amènent plus de redoublements, des décrochages et du chômage ».
Les suppressions de postes ont aussi pour effet d’augmenter les effectifs par classe, regrette Valérie Marty, présidente de la Peep, deuxième fédération de parents. « On est à 30 élèves par classe, c’est dramatique pour le développement de l’enfant ».
Des initiatives se multiplient pour pallier les coupes : un village rural des Hautes-Alpes prêt à payer son instituteur, des écoles privées hors contrat dans le Pas-de-Calais.
« L’Education nationale devrait donner à tous le droit d’une école laïque, gratuite et obligatoire », estime auprès la maire PS d’Outreau (Pas-de-Calais), Thérèse Guilbert.
Dans sa ville, une forte mobilisation au printemps a permis de sauver une classe de maternelle, sur les deux qui devaient fermer.
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