par Patrick Le Hyaric
La crise prend une telle ampleur, les inégalités sont devenues si criantes et si insupportables que quelques représentants des grandes fortunes et du patronat en Europe et aux Etats-Unis se portent volontaires pour verser quelques miettes de leurs exorbitants profits aux budgets nationaux. Chez nous ce sont les mêmes qui ont milité pour l’abaissement de l’impôt sur les sociétés et la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes. Ils espèrent ainsi sans doute se dédouaner de leur écrasante responsabilité dans ce qui a conduit aux désastres actuels en laissant entendre que les sacrifices seraient répartis entre tous. Ils redoutent une colère qu’ils sentent monter un peu partout dans le monde. Ils craignent par dessus tout, peut-être comme jamais, de voir les victimes de leurs choix mettre en cause leur système, le capitalisme. Peut-être considèrent-ils que plus la ficelle est grosse, plus elle peut marcher. Illusion qui conduit le Premier ministre à se fendre d’un long texte pour Le Figaro appelant à l’unité nationale.
Selon lui, pour sortir de la crise, il faut absolument obtenir l’équilibre des comptes publics, oubliant qu’il a fortement contribué à les détériorer avec ses cadeaux aux plus fortunés. Rappelons qu’en 2007, la dette du pays représentait 63,6% de la valeur des richesses produites. Elle dépassera 86% en 2011. Il faudrait inventer un mécanisme dit de « la règle d’or », gravé dans la Constitution. M. Fillon ne fait là que traduire en français les conclusions du pacte d’austérité proposé d’un commun accord par Mme Merkel et M. Sarkozy. Les droites ultras-libérales au service de la haute bourgeoisie ont besoin de trouver les moyens d’accélérer encore la rentabilité du capital au cœur même d’une crise dont tout indique qu’elles ne maîtrisent plus ses évolutions. Il leur faut impérativement tenter d’obtenir un consensus national et européen. En d’autres termes, les salariés, les retraités, les jeunes, tous ceux qui n’ont aucune responsabilité dans la crise qui les fait tant souffrir, devraient se retrouver du même côté que les requins de la finance qui leur imposent d’énormes sacrifices et en réclament sans cesse de nouveaux. « Acceptez la baisse généralisée des salaires, des pensions, un nouveau recul de l’âge de départ à la retraite, la réduction des crédits publics et des services publics, la vente ou l’ouverture du capital d’entreprises publiques ; soyez raisonnables comme le sont ces multimillionnaires disposés à faire un geste », tel est le sens de l’appel du Premier Ministre. Bizarre, il ne demande pas un consensus national pour retrouver les 7,8 milliards perdus avec la suppression de la taxe professionnelle, les près de 3 milliards de TVA sur la restauration, le retour des 2 milliards de l’impôt sur la fortune, de supprimer le cadeau de près de 6 milliards du système dit « Copé » aux grandes entreprises qui revendent leurs filiales.
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