De
sondage en sondage, le passage de Jean-Luc Mélenchon de la cinquième à
la quatrième place se confirme. Hier encore, deux enquêtes, l’une
d’OpinionWay/Orpi, l’autre d’Ipsos Sopra Steria, ont crédité le candidat
de la France insoumise de 15 % des intentions de vote. La troisième
marche, occupée par François Fillon, et plus encore celle du second tour
sont encore hautes mais plus inaccessibles, veulent croire ses
soutiens. « Il y a clairement une dynamique en sa faveur au détriment de
Benoît Hamon. C’est une différence forte avec 2012 où la dynamique
s’était arrêtée sur le mur du vote utile en faveur de François
Hollande », confirme Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.
« Tout est possible, particulièrement dans ces élections
qui ressemblent peu aux précédentes : Jean-Luc Mélenchon peut se
retrouver au second tour comme connaître une décrue. Notre
responsabilité est de faire grandir la vague », relève Clémentine
Autain, porte-parole d’Ensemble, qui soutient le candidat. L’expérience
le montre, les sondages ne se vérifient pas toujours. En 2012, une
enquête CSA créditait, courant avril, Jean-Luc Mélenchon de 17 %,
quelques semaines plus tard, il parviendra à réunir 11,1 %. « Au-delà
des sondages, depuis la semaine dernière, nous avons la confirmation sur
le terrain, dans nos actions militantes de cette percée », assure
Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, qui appelle à voter pour
Jean-Luc Mélenchon.
La cible prioritaire : les indécis et les potentiels abstentionnistes
Pour l’équipe de campagne FI, cette dynamique confirme un
choix stratégique auquel le candidat devrait se tenir. « Il apparaît
comme celui qui est le plus en capacité de donner une issue positive à
toutes les tensions dans notre pays », explique Alexis Corbière, le
porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, qui juge qu’il faut avancer
« inlassablement » sur les piliers du programme. Soit la réponse à
l’urgence démocratique, sociale et écologique. De son côté, le PCF
entend y contribuer, dans le cadre de « sa campagne autonome »,
notamment avec « 10 000 rencontres de proximité ». La cible
prioritaire : les indécis et les potentiels abstentionnistes. « Environ
la moitié des électeurs n’a pas fait son choix, l’objectif des derniers
jours est de nous adresser à eux », ajoute Manuel Bompard, le directeur
de campagne de FI, grâce notamment aux sept « caravanes » lancées en fin
de semaine dans les quartiers populaires. Pour le candidat, le tempo
des meetings sera soutenu avec Marseille ce dimanche, puis Lille et
Toulouse la semaine suivante. « Le parler “cru et dru” qui était un
calcul en 2012 a servi à percer le mur médiatique dans un premier temps.
Mais on ne pouvait pas en rester là, il fallait pouvoir devenir audible
sur le fond et articuler une pensée qui s’adresse à l’intelligence »,
développe Charlotte Girard.
Un changement qui porte ses fruits dans l’opinion. Non
seulement Jean-Luc Mélenchon est, parmi les cinq candidats en tête, jugé
« le plus honnête » (37 % des sondés) et le plus au fait de la vie
quotidienne et des préoccupations des Français (44 %), mais il est aussi
le moins inquiétant, selon un sondage Ifop publié hier par Paris Match.
« Le Mélenchon de 2012 qui disait “je suis le bruit et la fureur, le
tumulte et le fracas” a laissé la place à un candidat rassurant, honnête
et de proximité », estime Frédéric Dabi. Charlotte Girard évoque aussi
l’investissement sur les réseaux sociaux, qui permet de sortir des
caricatures parfois brossées par les médias traditionnels.
S’il incarne le mieux pour les électeurs les idées et les
valeurs de la gauche, le candidat n’entend pas pour autant dévier de sa
ligne stratégique. « Mon défi n’est pas de “rassembler la gauche”,
étiquette devenue bien confuse ; il est de fédérer le peuple »,
répète-il. Rassemblement avec Benoît Hamon ? « Est-ce que les trois
dernières semaines doivent être une polémique permanente avec le
candidat du PS qui ne cesse de dire qu’il est central ? Arrêtons de
tourner en rond et avançons. Dans l’histoire de la Ve République, il y a
toujours eu plusieurs candidatures », argue Alexis Corbière. Mais « le
total des voix de gauche reste historiquement bas », s’inquiète Olivier
Dartigolles, qui plaide pour ne pas évacuer la question d’une future
« majorité de gauche ».
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