samedi 22 mars 2014

Contre le pacte de responsabilité, rassembler pour une alternative à gauche

En réponse au député européen socialiste Henri Weber, défendant « un compromis social-démocrate du troisième type », Myriam Martin, porte-parole d'Ensemble, membre du Front de gauche, plaide pour « la construction d'outils politiques, nouveaux partis, coalitions susceptibles de porter des perspectives politiques de rupture et de transformation sociale » abandonnées par les sociaux-démocrates.

Le « pacte de responsabilité » proposé par François Hollande au Medef est parfois présenté comme un événement fondateur marquant – enfin ! – le ralliement du PS français à une ligne raisonnable, « social-démocrate ». Pour les hommes et les femmes de gauche, il apparaît surtout comme le dernier reniement en date des socialistes français. En effet, le credo platement libéral des Moscovici, Fabius, Cazeneuve et autres Sapin ne saurait convaincre celles et ceux qui restent attachés à la justice sociale. Il faut donc que les dirigeants socialistes essayent de montrer que la politique actuelle s’inscrit dans l’histoire longue d’une gauche certes réformiste mais attentive au sort des couches populaires. C'est ce qu'essaie de nous faire croire Henri Weber, député socialiste européen, dans une tribune publiée par Libération vendredi 14 mars.
Destinée à défendre surtout  le pacte de responsabilité comme « un compromis social-démocrate du troisième type », Henri Weber revient sur l'histoire de la social-démocratie. Cette dernière, d'après lui, est l'expression à chaque étape de son histoire du compromis adapté aux « rapports de force et conditions objectives ». Une manière très spécieuse de présenter les choses :  la recherche du compromis, attitude responsable par excellence, aurait pour objectif de défendre au mieux les salariés, en tenant compte de la réalité et de ce qu'il est possible de faire dans une période donnée. L'art de revisiter l'histoire ou d'en oublier une partie !
Un retour au XXe siècle de l'histoire de la social-démocratie nous éclairerait sur sa politique du « compromis » : en cette période de commémoration de la guerre de 14-18, il serait opportun de revenir sur la faillite politique et morale de la social-démocratie à cette occasion. Dans les principaux pays européens, à commencer par l’Allemagne et la France, le premier « compromis » des sociaux-démocrates avec leur propre bourgeoisie se traduisit par l'envoi des travailleurs qu’ils étaient censés défendre à la boucherie. Histoire trop vite oubliée !
Mais prenons la période juste après 1945, les fameuses Trente glorieuses et l'amélioration du sort de la classe ouvrière : les conquêtes sociales ne sont pas le fruit de l'acceptation de l'économie de marché et de la légitimité du pouvoir patronal, mais bien avant tout celui d'un rapport de force, favorable aux travailleurs et rendu possible par le poids de la Résistance et du Conseil national de la résistance, par les masses populaires mobilisées à la Libération, par les mouvement sociaux puissants qui, pour la France, vont des grèves insurrectionnelles de 1947… à Mai et Juin 1968.

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