Dans des conditions de travail scandaleuses, des dizaines de travailleurs en situation irrégulière ont aidé à la réhabilitation d’une annexe de l’Assemblée nationale.
Ils sont venus avec leurs badges magnétiques. Dessus : leur nom d’emprunt, une photo d’identité et, à côté du logo Bouygues, écrit en lettres violettes : « Assemblée nationale ». Pendant près de deux ans, des intérimaires sans papiers employés par la société Adec, sous-traitante de Bouygues, ont travaillé à la rénovation d’une annexe de l’Assemblée nationale, dans le 7e arrondissement de Paris.
« On cotise et on n’a le droit à rien »
Depuis le 12 octobre, ils sont soixante-deux à occuper l’ancien hôtel Majestic, près de l’Arc de triomphe, dans le cadre d’un vaste mouvement de grève lancé à l’appel de onze organisations.
Hier, entourés de députés de gauche et de droite et devant de nombreux journalistes, ils ont décrit leurs conditions de travail effroyables : « J’étais sur le marteau- piqueur du matin jusqu’au soir, raconte Sako Bilali, qui travaillait 39 heures par semaine pour 350 euros en moyenne. Quand Khadafi (le président libyen – NDLR) est venu, ils ont renforcé les contrôles de sécurité, on n’a pas pu travailler pendant trois jours. » Doucouré (lire l’Humanité du 31 décembre) a déclaré, d’une voix rendue blanche, par l’émotion : « Nous demandons à ce que les patrons et le gouvernement s’engagent à nous régulariser. On cotise et on n’a le droit à rien. Nous voulons retrouver notre dignité. » « Nous interpellons le président de l’Assemblée mais aussi les questeurs, a déclaré Noël Mamère, député Verts. Comment ont-ils pu ignorer que des travailleurs sans papiers travaillaient dans cette maison ? » Pour le Parti de gauche, Martine Billard a demandé leur régularisation : « Il serait normal que ces travailleurs soient régularisés après tous les services qu’ils ont rendus à la République. »
Le porte-parole des députés communistes, Roland Muzeau, a exigé une circulaire de régularisation des travailleurs sans papiers « égalitaire et qui reconnaisse le travail fait ». Les députés du Modem François Bayrou et Jean-Luc Bennhamias ont envoyé un message pour assurer ces travailleurs de leur soutien. La socialiste Sandrine Mazetier a demandé que ce conflit ne soit pas traité par le ministère de l’Immigration, mais par celui du travail, puisqu’il s’agit « authentiquement d’un conflit du travail » .
Enfin, deux députés UMP avaient aussi fait le déplacement. « S’il s’avère qu’une entreprise a sollicité, de manière délibérée, des travailleurs en situation irrégulière, elle doit être sanctionnée », a assuré Francoise Hostalier, tout en restant prudente sur une possible régularisation, parlant d’un « examen au cas par cas ». Ce à quoi Doucouré a saisi le micro pour déclarer : « Honorables, nous vous demandons de tous nous régulariser. » Affaire à suivre.
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