A lors que son taux de popularité a atteint le plus mauvais score d'un président de la cinquième République, Nicolas Sarkozy tentera lundi soir sur France 2 de calmer la tempête de l'affaire Woerth-Bettencourt lors d'une intervention télévisée et de ramener le débat politique sur ses réformes, dont celle cruciale à ses yeux des retraites.
Après une folle semaine d'enquête autour du ministre du Travail Eric Woerth, soupçonné de conflit d'intérêt et de financement politique illégal, le chef de l'Etat veut croire que les accusations le visant personnellement se sont effondrées.
L'Elysée assure que l'idée de participer à une émission est née il y a plusieurs jours et juge naturel que Nicolas Sarkozy s'exprime à la veille de la présentation en conseil des ministres de la réforme des retraites.
Mais pour le président socialiste de la commission des finances, Jérôme Cahuzac, la parole de Nicolas Sarkozy "est usée" face "à une crise de régime".
"Il est allé au bout de ce qu'il peut faire par les mots, les Français attendent des actes", dit-il dans le Journal du dimanche (JDD).
Le président du MoDem François Bayrou, qui appelle à un "sursaut républicain", juge pour sa part "urgent que le président s'exprime sur le sujet "des affaires".
"Les situations sont aussi glauques les unes que les autres. Les Français ne peuvent pas accepter plus longtemps la décomposition qui est en train de se produire", a-t-il dit dimanche sur Europe 1.
Les débats se sont crispés la semaine dernière avec une salve de critiques virulentes portées par des proches de Nicolas Sarkozy contre la presse, en particulier envers le site d'information Mediapart, accusé d'utiliser des "méthodes fascistes."
Pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF : "ses attaques contre la presse sont d’une violence invraisemblable, alimentées d’amalgames honteux".
La majorité compte sur la lassitude des Français envers les "affaires" et le rapport commandé à l'Inspection générale des finances (IGF) est attendu au début de la semaine pour desserrer l'étau autour d'Eric Woerth.
Même s'il s'estime sorti d'affaire, le chef de l'Etat n'en soutient pas moins avec toute sa garde rapprochée Eric Woerth, l'homme chargé de conduire la réforme des retraites et qui a exclu jusqu'à présent de démissionner.
Le gouvernement répète que le ministre du Travail n'est pas fragilisé pour défendre une réforme combattue par la quasi totalité des syndicats.
Mais Eric Woerth, qui a revendiqué samedi un "soutien incroyable" du président de la République, demande dans le JDD à être entendu par la justice "le plus rapidement possible" pour pouvoir démontrer son innocence.
Son audition, ainsi que celle de son épouse Florence, qui travaillait pour le gestionnaire de fortune de l'héritière de l'Oréal Liliane Bettencourt, paraît de toute façon inéluctable dans le fil des enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine).
En outre, syndicats de magistrats, dirigeants de gauche et l'ex-Premier ministre UMP Dominique de Villepin, réclament la désignation d'urgence d'un juge d'instruction, seul à même, à leurs yeux, de garantir l'impartialité de l'enquête. François Bayrou s'est d'ailleurs joint dimanche à cette demande.
Tous mettent en avant les liens supposés entre le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, et Nicolas Sarkozy.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire