mardi 27 septembre 2011

Pierre Laurent : « pour une pratique permanente de mobilisation des citoyens »

Le secrétaire national du PCF présente son ouvrage, Le nouveau pari communiste et revient à cette occasion sur les transformations de son parti : il défend particulièrement l’idée de démocratie militante, nouveau souffle de son organisation.
Regards.fr : Pourquoi ce livre ? A quel besoin répond-il ?
Pierre Laurent : La crise du capitalisme, les mouvements sociaux dans plusieurs continents, la situation sociale et économique française et européenne, etc. Tout cela remet en selle des fondamentaux du Parti et son ambition première de dépassement du système capitalisme. Dans ce contexte, et à quelques mois d’échéances électorales importantes, j’avais envie de dire ce qu’est le Parti communiste aujourd’hui et les intentions qui l’animent. Je ne voulais pas d’un livre qui, une nouvelle fois, raconte les débats qui traversent le Parti depuis des années. Le choix a été fait de le conserver et, aujourd’hui, il s’agit de le transformer profondément et durablement.
Regards.fr : L’année dernière, beaucoup de militants ont encore quitté le Parti communiste, déçus par son incapacité à se transformer. Cette fois-ci, c’est la bonne ?
Pierre Laurent : Je leur ai dit, à l’époque, qu’ils étaient partis trop vite, que j’entendais que des camarades, qui avaient exigé des changements qu’ils n’ont pas vu aboutir, pouvaient avoir été gagnés par le découragement. Je le dis dans le livre : l’un des chantiers devant nous est sûrement de faire revenir ces forces-là et beaucoup d’autres. Si l’on regarde ce qu’était le Parti il y a 30 ans et ce qu’il est aujourd’hui, le changement est très profond. Il s’est fait progressivement, plus que par rupture. Depuis les années 2000, cependant, les chocs politiques de 2002 et de 2007, renforcés par un important renouvellement générationnel, sont venus bouleverser la manière dont les communistes se vivent eux-mêmes et vivent leur rapport à la société.
Regards.fr : Quels changements peut-on déjà constater ?
Pierre Laurent : Une chose a particulièrement changé : c’est notre pratique de la démocratie militante. Les militants n’appliquent plus d’initiatives qui viennent d’en haut. Ils attendent de participer aux prises de décisions. Ce que l’on vient de vivre avec la dernière consultation sur les élections de 2012 en est l’illustration. Et cela a abouti à un choix qui n’allait pas de soi pour les communistes. Ça change la vie du Parti lui-même. Ça nous pousse à approfondir nos processus démocratiques. L’un de nos gros chantiers est l’harmonisation de nos structures avec ces nouvelles pratiques politiques de co-élaboration militante. Cette exigence est présente aussi dans la société. Beaucoup de gens restent à l’écart de la vie politique, non pas parce qu’ils la rejettent en soi, mais parce qu’ils n’y retrouvent pas le respect de leurs opinions. C’est probablement là-dessus que nous avons le plus de travail à faire. Ça veut dire que notre manière de faire de la politique dans la société doit se traduire par une pratique permanente d’association et de mobilisation des citoyens, sans forcément que cette mobilisation ne se traduise par une adhésion.
Regards.fr : Pourquoi la désignation d’un candidat non-communiste a-t-elle été possible en 2011, contrairement à 2007 ?
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