Par Jean-Emmanuel Ducoin
Hors-sol. Faut-il toujours « se vouer à » pour pouvoir demeurer « dans » ? Nous sommes, nous autres Français, héritiers d’une terre ferme martelée par l’histoire. Nous entretenons même avec les limites de cette terre « une et indivisible » un rapport si émotionnel que le symbolique voisine avec le sacré. Les hommes en ont forgé la matrice. Du traité de Nimègue à l’universalité du Code civil, de Valmy au Conseil national de la Résistance, de Robespierre à Jaurès, de Jean Moulin à de Gaulle, de la Révolution au Front populaire, nous parlons depuis « le sol sacré de la patrie » avec au cœur et à l’âme d’autant plus de vulnérabilités que le consommer-monde a remplacé l’esprit de nos cantons et l’horizon de nos clochers. Ce que nous portons, nous les descendants de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ne peut rester encoffré aux Archives nationales avant mise en dépôt au mont-de-piété. Si le hors-sol nous guette, les no man’s land nous troublent. Quand nous ne savons plus qui nous sommes, ce que nous avons fait pour le devenir, ce que nous voulons faire et ce que nous sommes capables de décider pour notre à-venir, sommes-nous encore ce que nous croyons être et, tout aussi grave, sommes-nous déjà « mal » avec tout le monde ?Nôtres. Ainsi, oser parler encore de souveraineté serait « dangereux » car mécaniquement synonyme de « repli national », voire pire. L’éditocrate libéral – qui lui non plus n’a plus de frontières – l’exige. « Souveraineté nationale » : expression interdite. « Souveraineté(s) populaire(s) » : formule à peu près acceptable, mais à usage limité et seulement au pluriel… Et à votre avis, pourquoi serions-nous soumis à cette restriction de langage ? En raison de la « lepénisation des esprits », pardi. Comme si la question de la patrie et de la nation devait être considérée désormais comme un sujet préempté par les nationalistes…
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