SERVICE PUBLIC POSTAL : QUI A PEUR DES ÉLUS ET DES USAGERS ?
La commission départementale de présence postale (*) devait initialement se réunir en mairie de Crolles, le vendredi 9 décembre 2011 à partir de 9 heures.
De nombreux élus, usagers et salariés, excédés par les réductions d’horaires d’ouverture des bureaux de Poste ou de leur transformation en “ agences communales ” ou en “ relais poste commerçant ”, s’étaient donné rendez-vous, devant la mairie, pour manifester leur refus d’un nouveau recul envisagé du service public postal de proximité.
À quelques jours de la tenue de cette réunion, nous apprenons que la réunion de cette Commission ne se tiendra pas à Crolles mais à Grenoble, dans les locaux feutrés de la Préfecture. Qui a pris une telle décision et pour quelle raison ? Qui aurait peur d’être confronté à l’expression des usagers et des élus locaux qui se mobilisent pour avoir un service postal répondant à leurs besoins ?
Nous savons bien que la direction de la Poste refuse de rencontrer les comités de défense locaux. Nous savons aussi que quelques membres de la Commission sont engagés résolument aux côtés de ceux qui luttent pour conserver leurs bureaux de poste, et interviennent pour les soutenir. Mais alors, qui a pris la décision d’empêcher que l’expression populaire ne parvienne jusqu’à cette instance ?
Aujourd’hui, de nombreux bureaux sont concernés par des réductions d’horaires, et menacés de fermeture : Saint Martin le Vinoux, Moirans, Saint Jean de Moirans, Allemont, Saint Victor de Cessieu, La Tronche, Meylan, Saint Pierre d'Entremont, Miribel les Échelles, Entre-Deux-Guiers, Allevard, Saint Pierre d’Allevard, Tencin, Chapareillan, Bernin, Saint Ismier, Froges, La Terrasse, Theys, Lancey, …
La raison essentielle conduisant à ces mesures restrictives envisagées découle de l’objectif de rentabilité - affirmé a priori – et poursuivi par La Poste à la demande de ses deux actionnaires, l’État et la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Pour y parvenir, économies, économies, économies … dont l’application première se traduit par une réduction des effectifs. Ainsi en 2010, près de 12 000 emplois ont été supprimés. Suppressions accompagnées par le transfert aux communes de la charge des bureaux jugés “ insuffisamment rentables ”. La Poste poursuit cette politique : plus de 6 000 emplois ont déjà été supprimés lors des premiers mois de 2011.Tout cela au détriment des usagers, des contribuables locaux, de l’aménagement équilibré des territoires.
Rappelons que La Poste a reversé en 2010, 136 millions d'euros de dividendes à l'État, son actionnaire principal. Quelle part représente le transfert financier supporté par les contribuables locaux pour le fonctionnement des agences communales, lesquelles n’offrent que des prestations au rabais ?
Il appartient à La Poste de maintenir un service public postal et financier de plein exercice, de proximité et de qualité, assuré par des personnels qualifiés en effectif suffisant, dans des bureaux publics ouverts à des horaires adaptés aux besoins de la population.
Les communes et leurs contribuables ne doivent plus se faire complices de cette remise en cause du service postal public en acceptant cette course au profit.
C’est cela que les personnes mobilisées souhaitaient venir exprimer à Crolles : elles en auront été empêchées par une décision inique, qui constitue un véritable déni de démocratie.
Grenoble, le 6 décembre 2011
(*) La Commission départementale de présence postale territoriale (CDPPT), est chargée d’émettre un avis sur les mesures prises par La Poste pour assurer sa mission de service public d’aménagement du territoire et gère le Fonds de péréquation départemental. Dans cette commission, siègent 8 élus : quatre représentants des communes désignés par l’association des maires de l’Isère, deux conseillers généraux et deux conseillers régionaux.
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