sur
un an, toutes catégories confondues, la hausse est plus nette, de
1,5/%, le nombre de chômeurs passant de 6 143 400 à 6 238 400. photo
Marta NASCIMENTO/REA
Marta NASCIMENTO/REA
Si
le gouvernement se félicite de voir diminuer le nombre de demandeurs
d’emploi en catégorie A, une première depuis 2008, les syndicats
alertent sur l’explosion de la précarité et dénoncent l’échec de la
politique du gouvernement.
«C’est
la satisfaction du travail engagé », a lancé lundi François Hollande en
réaction à la publication des chiffres du chômage du mois de novembre,
l’œil rivé comme toujours sur la seule catégorie A (celle regroupant les
personnes n’ayant eu aucune activité durant le mois). Celle-ci a connu
un nouveau recul pour le troisième mois d’affilée. Une première depuis
2008. Une bonne nouvelle que Manuel Valls n’a pas manqué de souligner,
vingt minutes seulement après la publication des chiffres. « Depuis
janvier 2016, il y a 135 000 demandeurs d’emploi en moins. Le chômage
baisse durablement dans notre pays. Continuons ! » Or, si le nombre des
personnes inscrites dans cette catégorie s’est établi à 3,45 millions en
novembre, en recul de 31 800 par rapport à octobre, en revanche, toutes
catégories confondues, les demandeurs d’emploi ont augmenté de 23 500
(+ 0,4 %). Sur un an, la hausse est plus nette, de 1,5 %, le nombre de
chômeurs passant de 6 143 400 à 6 238 400. « Un chômage qui reste à des
niveaux très élevés », souligne l’économiste du groupe de protection
sociale Humanis, Stéphanie Villers. D’autant que l’amélioration vantée
par le président de la République n’est due qu’à un accroissement de la
précarité.
Faire passer cette baisse en trompe-l’œil
Ainsi, les catégories B et C, qui regroupent les personnes
sous contrats précaires, ont bondi de 8 %, passant de 1 878 100 à
2 028 800, relève la CGT dans son communiqué. « Si nous conjuguons ces
chiffres avec la diminution de l’indemnisation, nous ne pouvons pas voir
là une embellie mais bel et bien une explosion de la précarité », a
également affirmé la CGT. Un constat partagé par Force ouvrière qui de
son côté voit dans ces chiffres « un enracinement de la précarisation
des demandeurs d’emploi » qui « fait la démonstration, s’il le fallait,
de la nécessité de la mise en place d’un système de bonus/malus sur les
contrats de travail de courte durée ». Le syndicat de Jean-Claude Mailly
a également alerté sur la situation « catastrophique » des plus de
50 ans qui ne « sont pas concernés par les reprises d’emploi, même
précaires ».
Mais peu importe pour le gouvernement, même si le prix à
payer est d’avoir plus de travailleurs pauvres, de précaires et un
accroissement des inégalités, l’essentiel étant de faire passer cette
baisse en trompe-l’œil comme le fruit de sa politique. En commençant par
mettre en avant les formations dont bénéficient les demandeurs d’emploi
dans le cadre du plan 500 000 formations supplémentaires. En novembre,
14 100 demandeurs d’emploi supplémentaires ont ainsi basculé en
catégorie D (+ 4,3 % en un mois, mais aussi + 4 % sur les trois derniers
et, surtout, + 21,9 % sur un an). Une bonne chose, estime Stéphanie
Villers, « car on sait que ceux qui subissent le plus le chômage sont
les jeunes sans formation », mais encore « faut-il que ces formations
soient en phase avec le besoin des entreprises », ajoute-t-elle. Qui,
selon de nombreux analystes, sont plutôt utiles pour « maquiller les
chiffres ».
Une tendance qui pourrait bien s’inverser
Idem pour le crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice),
les 40 milliards d’euros par an octroyés aux entreprises sans condition.
Soit l’équivalent de 300 000 euros par emploi créé en 2016… « C’est
quelque chose de considérable et qui, à ce stade, est arrivé à un
maximum qui n’a pas de raison d’être poursuivi (à cette) ampleur
importante », a affirmé la socialiste Karine Berger, soutien du candidat
à la primaire socialiste Vincent Peillon. D’autant que la tendance
pourrait bien s’inverser, comme l’a d’ailleurs reconnu le président de
la République : « Il faut faire attention parce que, le mois prochain,
il y aura peut-être une augmentation. (…) Rien n’est joué. » Jusqu’ici
François Hollande a bénéficié d’une croissance plus forte en emplois.
Puisque, « avec 1,2 % de croissance ; on crée 1 % d’emplois en plus,
expliquait, lors du dernier point de conjoncture, le chef de la division
synthèse conjoncturelle de l’Insee, Dorian Roucher. Dans les années
2000, il fallait 3 % de croissance pour augmenter l’emploi de 1,5 % »,
avait-il ajouté. Or, les prévisions de croissance ne cessent d’être
révisées à la baisse. En attendant, le taux de chômage devrait se
stabiliser, les créations étant tout juste suffisantes pour absorber
l’accroissement de la population active, et passer sous la barre des 10
%, en atteignant 9,8 % mi-2017. Sans toutefois retrouver, d’ici à la fin
du quinquennat de François Hollande, son niveau du début de mandat.
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