Comme il était prévisible, les troupes de Bachar Al-Assad ont fini
par reprendre Alep-Est, que tenaient les rebelles depuis 2012. En fait,
les troupes au sol du régime de Damas, aidées par des milices iraniennes
et les Libanais du Hezbollah, n’ont fait que parachever un succès
militaire préparé par plus d’un an d’intenses bombardements des
aviations russe et syrienne. Des bombardements qui, dans les derniers
temps, ont ciblé systématiquement les hôpitaux et les centres de soin,
selon la stratégie du "tapis de bombes" que Vladimir Poutine avait déjà
appliquée à Grozny, en 1999 et 2000. Près de 400 civils ont péri au
cours des quinze jours qui ont précédé l’offensive finale, tandis que
80 000 personnes tentaient de rejoindre la partie occidentale de la
ville tenue par le régime et donc épargnée par les raids aériens. Sur le
plan diplomatique - si l’on peut encore employer ce mot -, huit
résolutions des Nations unies se sont heurtées au veto russe. La
dernière en date, également rejetée par la Chine, appelait à une trêve
humanitaire. Bachar Al-Assad et Poutine, dont l’objectif est d’anéantir
toute résistance, redoutaient que ce répit ne permette aux rebelles de
reconstituer leurs forces.
Mais qu’appelle-t-on "rebelles" ? La question fait
débat jusqu’au sein de la gauche française. L’extrême violence de la
répression s’appuie sur un discours qui est celui de Bachar Al-Assad
depuis le début du soulèvement, en mars 2011, pour qui chaque opposant
est un "terroriste". Selon une terminologie à peine plus subtile, la
propagande russo-syrienne s’applique également à confondre "djihadistes"
et "combattants". Si à Alep-Est, les premiers ne sont en réalité que
deux ou trois cents, les combattants, pour la plupart des civils entrés
dans l’Armée syrienne libre, sont eux sans doute encore plusieurs
milliers. Il s’agit pour Damas de nier le caractère populaire du
soulèvement. Faute de la moindre légitimité démocratique, le régime
tente de s’appuyer sur la peur que suscite le djihadisme. Il n’a
d’ailleurs pas hésité a donné parfois un coup de pouce aux djihadistes
de Daech. On se souvient notamment qu’en décembre 2013, l’aviation
syrienne avait frappé les positions des rebelles tandis que ceux-ci
tentaient de repousser une offensive de Daech sur Alep.
Malgré le succès militaire de ces derniers jours, et
en dépit de l’écho de sa propagande, on imagine mal que Bachar
Al-Assad, après 300 000 morts et des attaques au gaz contre la
population, puisse se maintenir au pouvoir. Cela dépendra beaucoup de
Moscou quand reviendra le temps de la recherche d’une solution
politique. Après le massacre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire