Un tribunal d'Istanbul a ordonné ce jeudi la remise en liberté sous
contrôle judiciaire de la romancière turque Asli Erdogan et de la
linguiste Necmiye Alpay, jugées toutes deux pour appartenance à une
"organisation terroriste". En détention préventive depuis plus de quatre
mois, les deux intellectuelles doivent sortir de la prison pour femmes
de Bakirköy vers 19H30.
Asli Erdogan a l’oppression
inscrite dans la chair. Dans son autoportrait que nous publions
aujourd’hui, la romancière turque explique comment les idéaux
d’émancipation ont toujours
valu à sa famille la répression et l’enfermement. Devenue adulte et
brillante physicienne, c’est grâce à l’écriture qu’Asli Erdogan
parviendra à toucher du doigt
la liberté dans un pays où l’armée reste une institution. Aux mains du
sultan Erdogan, la Turquie d’aujourd’hui emprisonne de nouveau tous ceux
qui ont l’égalité chevillée au
corps. Pour avoir dénoncé la guerre au Kurdistan et l’état de siège
dans lequel vit son pays depuis le coup d’État avorté du 15 juillet
dernier dans le journal d’opposition Özgür
Gündem, Asli Erdogan est de nouveau derrière les barreaux. Elle
est aujourd’hui citée à comparaître avec huit autres intellectuels
devant la 23e chambre de la cour d’assises du palais de justice
de Caglayan. Tous risquent la réclusion à perpétuité. Un procès
politique à l’abri des regards, que la romancière annonce « kafkaïen ».
Aux portes du tribunal, et partout
en Europe, la journée sera le point d’orgue d’une mobilisation du
monde intellectuel et de tous ceux qui ont compris que la dictature mise
en marche par le président Erdogan fait courir des risques au-delà des
frontières turques.
Le monde de la culture se mobilise
en faveur de la libération d’Asli Erdogan. En France, des écrivains qui
participent à son comité de soutien appellent à diffuser ses textes.
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