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Près
de 7,2 millions de Français sont mal inscrits sur les listes
électorales, et 3,5 millions non enregistrés. Ces dysfonctionnements,
qui aggravent l’abstention, sont liés à la procédure d’inscription
complètement dépassée, qui exclut de vote de nombreux jeunes et des
habitants de quartiers populaires.
Célia
est bien incapable de dire si elle votera en avril 2017. « Peut-être,
si je descends à Toulouse à cette période-là », confie cette vendeuse
d’une bijouterie du centre commercial Italie 2, à Paris. Elle a
bénéficié de l’inscription automatique sur les listes électorales à
18 ans, mais ne s’est jamais réinscrite à Aubervilliers, commune où elle
habite pourtant depuis plus d’un an et demi. Célia doit faire 700 km
pour aller voter. Elle fait partie des « mal-inscrits », qui
représentent 9,2 millions de Français. Parmi eux, près de 7,2 millions
de citoyens doivent voter hors de leur commune de résidence. Deux autres
millions ne sont pas enregistrés dans le bon quartier. Et si l’on
compte le contingent de non-inscrits, on atteint un total de 13 millions
de Français en âge de voter qui risquent d’être exclus du vote.
Ces anomalies de grande ampleur, qualifiées par le
politiste Jean-Yves Dormagen de « bug démocratique », expliquent, pour
une large part, la hausse de l’abstention constatée ces dernières
années. Parfois autant que le choix politique ou idéologique de ne pas
voter ? « Si les individus étaient affranchis de cette procédure
d’inscription, la plupart d’entre eux voteraient plus régulièrement »,
estime ce chercheur qui travaille depuis dix ans sur le sujet avec sa
consœur Céline Braconnier. En 2011, ils ont mené une expérimentation
pour inscrire des personnes directement à domicile. Résultat, la
participation des mal-inscrits et des non-inscrits suivis a crû de 53 %.
Et « 86 % d’entre eux ont voté au premier tour de l’élection
présidentielle ».
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